L.A. Confidential

L.A. Confidential
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Dans le Los Angeles des années 50, alors que la ville est sujette à une vague de règlements de comptes après la chute du caïd de la drogue Mickey Cohen, la police criminelle se mobilise toute entière sur l'affaire de "L'Oiseau de nuit", un massacre au cours duquel est tombé un ancien flic. Trois inspecteurs au style radicalement différents vont être amenés à coopérer pour démêler les fils d'une histoire plus compliquée qu'il n'y paraît.

1997 aurait pu être l’année de L.A. Confidential. A chaque nouvelle vision du film de Hanson, l’euphorie d’une cinéphilie comblée fait se poser inlassablement les mêmes questions: pourquoi le film a-t-il reçu si peu d’Oscars, tant il est parfait? Pourquoi Kim Basinger et les scénaristes ont-ils été les seuls récompensés? Parce que Titanic, tout simplement. Cela n’entache en rien l’extraordinaire travail accompli par Curtis Hanson et son équipe pour transposer à l’écran le roman culte de James Ellroy, pourtant réputé inadaptable au cinéma. Imaginez l’impossibilité du défi: décors des années 50, multiplicité des personnages, profusion des intrigues parallèles, résurrection du film noir américain, le tout à condenser en deux heures de film, avec clarté et panache, et sans tête d’affiche. Défi relevé, et de quelle façon! Tout, de la mise en scène à la décoration, est emprunt d’une minutie inhabituelle pour un film hollywoodien, d’une précision du détail qui force l’admiration et précipite l’inconscient du spectateur, dans le Los Angeles mythique et fantasmé de l’après-guerre. Une orfèvrerie de grand standing digne du Chinatown de Roman Polanski, du Sunset Boulevard de Billy Wilder, du Troisième Homme de Carol Reed et de bien d’autres bijoux du genre signés Alfred Hitchcock, John Huston ou encore Howard Hawks. A l’affiche, un casting époustouflant, pourtant à remettre dans le contexte de 97, où Pearce et Crowe n’étaient encore que de sombres inconnus, et où Kim Basinger et Curtis Hanson étaient donnés perdants dans tous les pronostics de réussite.

Pour le grand public, le film souffre néanmoins d’une grande complexité de l’intrigue. Cependant, il ne faut pas confondre scénario complexe et scénario compliqué. Une deuxième vision suffit en effet à rendre compréhensibles les relations entre les personnages et à dévoiler le brillant mécanisme du film. Corruption, traîtrise, enquête policière, suspense, meurtres, prostitution de luxe, tel est l’alléchant menu de L.A. Confidential. Véritable maître à bord, Curtis Hanson met en scène avec punch et efficacité. Son montage est brutal, ses compositions de plans parfaitement travaillées, le tout secondé par une partition exemplaire de Goldsmith. Le cinéaste impose une rigueur au défilement des images, un traitement qui apparaît dans un premier temps classique, voire même académique, pour se révéler après coup terriblement efficace et tout à fait novateur dans sa puissance formelle. Mis à part un final un peu trop hollywoodien (il faut bien contenter les studios), aucun défaut n’est à déplorer, malgré la liste interminable d’obstacles dressés sur son parcours. La grande force du film, outre la perfection de son aspect technique, réside dans la caractérisation des personnages principaux. Que ce soit Jack Vincennes (Kevin Spacey), l’enquêteur dandy attiré par le show-business, Bud White (Russell Crowe), l’officier agressif et renfrogné, ou Ed Hexley (Guy Pearce), le tout jeune détective à l’opportunisme décrié par ses collègues, tous ont un côté sombre et repoussant qui leur confère une réelle existence, une véritable dimension bien au-delà de la simple détermination de personnalité. Chacun se défait peu à peu de sa carapace pour révéler soit un visage terriblement humain (Bud White), soit au contraire une froideur révélatrice (Ed Hexley), et ce en dépit de leur présentation initiale. Un film puissant, surprenant, haletant. Du grand cinéma.

par Yannick Vély

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