Every Thing Will Be Fine
Allemagne, 2015
De Wim Wenders
Avec : Marie-Josée Croze, James Franco, Charlotte Gainsbourg, Rachel McAdams
Durée : 1h58
Sortie : 22/04/2015
Après une dispute avec sa femme Thomas, un jeune écrivain, conduit sa voiture sans but dans la périphérie de la ville. Dans cette nuit d'hiver, en raison de l'épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Thomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route. Après plusieurs années, ce terrible accident résonne encore dans la vie de Thomas. Comment se pardonner quand on a commis l'impardonnable ?
SUPERFICIEL ET LEGER
Wim Wenders était à l’honneur cette année à la Berlinale, à travers un hommage à sa carrière et une rétrospective de ses meilleurs films. Cruelle ironie de le voir présenter en complément ce Every Thing Will Be Fine, qui est peut-être son pire film de fiction. Que s’est-il passé ? Comme pour le film d’Andreas Dresen (As We Were Dreaming l’autre grosse déception allemande de cette Berlinale 2015), l’explication est à chercher du côté du scénario. Ou plutôt du scénariste, car celui-ci n’est pas signé Wenders mais Bjørn Olaf Johannessen, jeune auteur que Wenders avait rencontré (et récompensé) pour un travail ultérieur dans un atelier du festival de Sundance. Qu’est-ce qui a bien pu tant plaire au réalisateur allemand dans ce script pour qu’il tienne absolument à le mettre en image ? Mystère et boule de gomme, car Every Thing Will Be Fine, où chaque scène est un climax de dignité, est une tartine de miel qui tricote les clichés psychologiques et les facilités narratives des romans de gare avec la fadeur et l’artificialité des telenovelas sentimentales.
Every Thing Will Be Fine a tout de même pour particularité d’être un drame… filmé en 3D. Coquetterie inutile ayant pour but de rentrer encore plus profondément dans l’âme des personnages (alors qu’elle ne fait que mettre en valeur leur superficialité), elle réserve néanmoins quelques très beaux détails : plans de miroirs, de reflets dans des vitres ou des flaques. Le ridicule reprend néanmoins toujours le dessus, en partie, il faut bien le dire, à cause de James Franco. Miscast total, Franco n’est ni à sa place ni à son avantage dans ce rôle de mari/père/amant en proie à la culpabilité. Son jeu, probablement voulu comme très subtil, consiste à réagir à n’importe quel événement en fronçant les sourcils, jusqu’à la parodie. Il en aurait fallu du talent pour rendre attachant se personnage d’assassin involontaire qui comprend le sens de la vie en jonglant avec trois femmes et passant de l’une à l’autre. La musique étonnamment niaise et manipulatrice d’Alexandre Desplat plante les derniers clous dans le cercueil du film. Si les actrices s’en tirent mieux dans des rôles pourtant horribles (où là encore tout crie la dignité en carton), Every Thing Will Be Fine est un incompréhensible naufrage dont le monde sort perdant.