Été 85

Été 85
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Été 85
France, 2020
De Francois Ozon
Scénario : Francois Ozon
Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Isabelle Nanty, Melvil Poupaud, Benjamin Voisin
Photo : Hichame Alaouie
Musique : Jean-Benoît Dunckel
Durée : 1h40
Sortie : 14/07/2020
Note FilmDeCulte : *****-
  • Été 85
  • Été 85

L’été de ses 16 ans, Alexis, lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu'un été ?

ROMANCE D'ÉTÉ ET DANSE MACABRE

François Ozon nous avait laissé, avec Grâce à Dieu, son dernier film (et quel film !), un aperçu des désastres du tabou. Il retrouve discrètement cette thématique dans son adaptation du roman La Danse du coucou, d’Aidan Chambers, mais transformant ses deux garçons anglais en deux jeunes français passant l’été 1985 sur la côte Atlantique.

Alexis narre son histoire qui date d’il y a seulement l’été dernier. Il est alors un jeune homme encore adolescent, à la recherche de sa voie. Il rencontre, lors d’un naufrage en bateau, David, à la démarche assurée et au style incontestable. David lui fait rapidement comprendre ses intentions et Alexis se laisse porter par cette douce chaleur du sentiment amoureux, associée au soleil estival.

On peut compter, pour sublimer le tout, sur la photographie d’Hichame Alaouie qui utilise un superbe 35mm - support amplement justifié par ce que raconte le film. Le côté organique de la pellicule ne pouvait pas mieux représenter cette histoire d’Eros et Thanatos, et agit comme écrin du souvenir d’un temps jadis. Eté 85 se pose comme pellicule d’un amour passionnel mais encore adolescent, fauché par le drame et le secret. Le film traite de façon non anecdotique une relation homosexuelle sans ne jamais en filmer frontalement la crainte : les personnages connaissent et assument mutuellement leurs désirs. Ils ne se cachent qu’à peine mais ils restent, pour leur entourage, deux très bons amis. La façon dont le film tourne discrètement autour de la thématique du secret rappelle le principe de la psychanalyse, à l’exception près que l’objet du désir, l’objet de la honte, est connu et pleinement vécu par les protagonistes. http://filmdeculte.com/admin/images/icons/accept.png La principale qualité du long-métrage est l’incarnation de la passion dévorante voire destructrice qui ronge Alexis. Elle agit comme une tornade qui entraîne autant son personnage que les spectateurs. Les interprétations impeccables habitent certainement le tout, avec en tête la performance de Benjamin Voisin qui parvient à ne pas être ridicule en pur objet du désir, transformant une démarche trop stylisée en quelque chose d’absolument naturel. François Ozon brasse, sous le coming of age movie, la passion et la vulnérabilité de la jeunesse. Tout n’est pas parfait, on peut regretter quelques lourdeurs (le personnage de la mère de David par exemple) mais les qualités prennent rapidement le dessus sur ce qui pèche. C’est peut-être parce que le film est pleinement vécu comme un fantasme dont nous sommes le héros : la mise en abyme permet de brouiller les pistes entre la fougue d’Alexis qui a pu, involontairement, enjoliver certains passages de sa romance, et la réalité de son aventure. Il le dit lui-

même, il croyait l’aimer aussi bien qu’il connaissait le sens de ce mot – c’est-à-dire trop peu pour son jeune âge et son inexpérience des relations humaines. Les poncifs du genre et références ne font finalement que s'accorder avec la vision fantasmée qu’a le personnage de sa relation romantique. Ce mi-chemin constant entre l’histoire contée et sa représentation permet finalement d’excuser rapidement les défauts puisqu’ils sont, par la force des choses, attribués à la maladresse de son personnage.

par Manon Franken

Commentaires

Partenaires