Melvil Poupaud

Melvil Poupaud
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Réalisateur, Acteur, Musique
France

Sa silhouette fine et longiligne de héros romantique a fait rêver nombre de jeunes filles en fleur dans les années 90. D’abord acteur, puis essayiste-réalisateur en passant par la case musicien, le jeune homme touche à tout avec pour seul but avoué de se marrer, prendre du plaisir. Melvil Poupaud assume aujourd’hui, enfin, une excitante trentaine avec une maturité gagnée qui le rend intéressant comme jamais. Seul son physique semble encore résister au temps qui passe.

L’AVENIR APPARTIENT A CEUX QUI COMMENCENT TOT

La carrière de cinéaste de Melvil Poupaud a commencé peu après ses premiers pas devant la caméra. Il avait 10 ans. Il se met en scène tout seul dans un polar qu’il a écrit et dans lequel il interprète les deux rôles principaux. Le style est lancé. En effet, le jeune réalisateur est un indépendant. Il n’aime pas demander aux autres et préfère ne pas déranger, faire les choses dans son coin en se nourrissant de ses expériences pour alimenter ses inspirations cinématographiques et laisser parler son imagination, heureusement assez fertile, pour le pousser toujours un peu plus sur le chemin de l’expérimentation. Il ne sait lui-même pas aujourd’hui combien il a tourné de films, le principal étant d’aller de l’avant et de se faire plaisir. Avec les années et l’expérience engrangée devant la caméra des autres réalisateurs, sa technique se peaufine, d’autres personnes partagent la place devant sa caméra alors que les quelques minutes du début se transforment progressivement en moitié d’heure. Cela dit, ce sont toujours de ses peurs, angoisses ou autres états d’âmes que sont imprégnées les images. Melvil Poupaud est un cinéaste de l’intime. Laissant parfois le spectateur un peu sur le côté tant l’accès à certains de ses moments de vie semble être réservé aux initiés. Qu’importe, l’exercice de style est suffisamment stimulant pour avoir envie d’en décoder les appâts lancés. Tout comme l’évolution de son style, qui donne l’impression de faire partie de la famille et de voir le petit dernier devenir un homme. Une vraie histoire de famille en effet, car son frère Yarol, double inséparable, n’est jamais bien loin.

"J’AI DECIDE D’ESSAYER DE PRENDRE MON PIED"

C’est en effet en compagnie de son frère Yarol et de Hopi Lebel que Melvil Poupaud fonde le groupe Mud, dont le premier album sera dans les bacs en 1995. S’il n’a jamais eu la vocation d’être acteur, Melvil Poupaud a toujours eu ce désir de faire de la musique, lui qui a commencé la batterie à… 10 ans! Même si ses débuts sont liés au cinéma, il a toujours exercé les deux activités en parallèle. Il alterne. Les films, les deux albums avec Mud, les films, son album solo. L’aventure Mud étant à l’origine plus une connivence entre amis qu’un sérieux désir de faire un album. Le mot d’ordre était alors de se retrouver tous les trois pour écrire, composer et surtout rigoler. Changement de décor pour Un simple appareil, son album solo paru en 2002. Melvil est cette fois-ci tout seul pour l’écriture des textes et de la musique même si Yarol, promu au grade de producteur, est toujours dans l’ombre pour rajouter sa patte dans les guitares ou pousser la production dans la bonne direction. Cinq ans seront nécessaires pour jeter, conserver ou encore modifier des vieux textes, en écrire de nouveaux. Après les images, c’est par le biais de la musique qu’il invite qui le désire à faire connaissance avec lui à travers des textes directs, qui parlent de lui. Lui qui avoue qu’il n’est pas dans sa nature d’assumer le regard des autres n’hésite pourtant pas à se dévoiler sur scène, acte pourtant beaucoup plus impudique que de se dénuder devant une caméra. On le devine plus à l’aise en première partie d’Aston Villa, où les spectateurs ne sont pas venus pour lui, que dans un concert privé où, avec la famille et les amis, le jugement n’est jamais loin et il a tout à prouver. Envie naturelle de leur faire plaisir et de bien faire, ce qu’il réussit de toute façon avec charisme.

"ACTIVER LE PLAISIR"

Un charisme qui ne laisse aucune caméra indifférente. Surtout pas celle de Raoul Ruiz, avec lequel Melvil a déjà tourné sept films, dont son tout premier, La Ville des pirates. Dès que le réalisateur lui propose un film, il l'accepte, car il se reconnaît dans son univers même, ou peut-être car, il n’en saisit pas toutes les nuances. Il a besoin d’éprouver cette résonance pour faire un film. Le jeune homme est un fidèle qui préfère "ne pas tourner de films plutôt que de tourner avec des nazes". Il semble qu’il ait d’ailleurs réussi à les éviter, à en juger sa filmographie qui, si elle est fortement marquée par les films d’auteur (La Fille de 15 ans, Conte d’été), comporte également des productions destinées à un plus large public (L’Amant ou encore Elisa). Didier Haudepin et Danièle Dubroux se sont intéressés à son côté tourmenté et inquiétant (Le Plus Bel Age, Le Journal du séducteur) alors que sa rencontre avec Graham Guit va lui permettre de s’essayer à un autre registre, plus loin de lui, beaucoup moins posé et cérébral. Il a trouvé très intéressantes les deux excursions dans l’univers du réalisateur (Le Ciel est à nous, Les Kidnappeurs), lui qui ne privilégie pas le personnage dans le choix d’un film mais bien le film lui-même, chose qu’il sait juger à la lecture des trois premières pages du scénario. Il se met aussi bien au service de jeunes réalisatrices (Reines d’un Jour, Les Sentiments) que de réalisateurs confirmés (Le Divorce, Le Temps qui reste), quand il ne se laisse pas tenter par l’expérimentation (Shimkent Hotel).

LE TEMPS EST VENU

Un héros très discret qui, alternant avec constance entre banalisation et marginalisation, s’est plus souvent fondu dans l’écran qu’il ne l’a brisé. Jusqu’à François Ozon. Grâce au rôle du photographe de mode Romain dans Le Temps qui reste, les spectateurs vont avoir le plaisir de voir Melvil Poupaud. Non pas car le réalisateur a choisi de tourner en scope, ce qui autorise des plans très serrés du visage de l’acteur, de rentrer dans son regard, dans l’intimité du drame, mais bien car il impressionne dans le rôle difficile de cet homme qui n’a plus que trois mois à vivre. En proie à un personnage décidant quasi seul - mettant seulement sa grand-mère dans la confidence - de lutter entre le déni et la colère avant d’accepter l’inéluctable, Melvil Poupaud donne une bouleversante interprétation, témoignant à la fois de son implication psychologique et physique. Il revient sur le grand écran avec un nouveau rôle de photographe pour Danielle Arbid dans Un homme perdu, dans lequel son enquête sur le passé d’un amnésique va bouleverser sa propre vie. Il sera ensuite à l’affiche de L’Heure Zéro de Pascal Thomas, avant de faire découvrir l’amour à Parker Posey dans Broken English de Zoe Cassavetes. Melvil ayant aussi trouvé entre temps le temps d’écrire, tourner, interpréter et monter Melvil, présenté à Cannes au marché du film en 2006. Le jeune garçon de Qui es-tu Johnny Mac? est devenu un homme, toutes les promesses annoncées au fil du temps ont été tenues et s’expriment aujourd’hui dans une flamboyante maturité.

par Carine Filloux

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2008 Broken English 2007 L’Heure Zéro 2007 Un homme perdu 2005 Le Temps qui reste 2004 Monde extérieur 2004 Je suis votre homme 2003 Les Sentiments 2003 Le Divorce 2003 Schimkent Hotel 2003 Pronobis 2001 Reines d’un jour 2001 Rémi 2000 La Chambre obscure 2000 La Racine du coeur 1999 Le Temps retrouvé 1999 Quelque chose 1998 Les Kidnappeurs 1997 Le Ciel est à nous 1997 Généalogies d’un crime 1996 Conte d’été 1996 Trois vies et une seule mort 1996 Le Journal du séducteur 1995 Le Plus Bel Age 1995 Fado majeur et mineur 1995 Elisa 1993 Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel 1992 L’Amant 1989 La Fille de 15 ans 1984 La Ville des pirates

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