Entretien avec un vampire

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Entretien avec un vampire
Interview with the vampire
États-Unis, 1993
De Neil Jordan
Scénario : Anne Rice d'après d'après l'oeuvre de Anne Rice
Avec : Antonio Banderas, Tom Cruise, Kirsten Dunst, Brad Pitt, Stephen Rea, Christian Slater
Photo : Philippe Rousselot
Musique : Elliot Goldenthal
Durée : 2h00
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San Francisco, fin du 20e siècle, Daniel, un journaliste, rencontre Louis, qui va lui raconter comment il est devenu, deux cent ans plus tôt, un vampire…

Adapté des romans à succès d'Anne Rice, ce film mêle le romantisme au thème du vampirisme comme on ne l'avait encore jamais vu. Même si l'histoire d'amour gothique du Dracula de Coppola (enfin, de Bram Stoker) était magnifique, elle était assez conventionnelle. Ici, nous voyons naître la relation qui unira pour l'éternité (puisque les vampires sont immortels) Louis à Lestat, son créateur. En effet, bien que Lestat transforme Louis en vampire, celui-ci garde son âme, répugnant à tuer des êtres humains et préférant se nourrir de rats. Leurs rapports vont alors être faits d'amour et de haine, mêlés constamment, amplifiés encore quand Claudia va venir s'immiscer entre eux. Enfant vampire, puis femme prisonnière d'un corps de petite fille, celle-ci entretiendra avec Louis des relations pour le moins ambiguës. La tension sexuelle sera grandissante tout au long du film (dans la première partie du moins) et ne chutera qu'avec la violence qu'elle aura elle-même engendrée.

Pour donner vie (ou mort) à tout cela, trois acteurs remarquables: Brad Pitt incarne lumineusement un Louis amoureux rongé par la souffrance de son état surnaturel, tandis que Tom Cruise, dont le choix fut décrié pendant longtemps (y compris par Anne Rice), nous étonne ici en nous montrant une nouvelle facette de son talent (il faut dire qu'il avait été jusque là cantonné à des rôles faits sur mesure pour midinettes, que ce soit Top Gun, Cocktail ou Jours de tonnerre). Mais la vraie révélation du film, c'est Kirsten Dunst, une petite merveille blonde, aussi forte à l'intérieure qu'elle semble douce à l'extérieur, une femme-enfant aigrie et désespérée, simplement bouleversante.

Ces trois meurtriers attachants vont aller de la Nouvelle-Orléans à Paris sous une lumière magnifique: Philippe Rousselot a fait des merveilles, sachant que les vampires ne peuvent sortir que de nuit, ici il a réussi cependant à recréer une atmosphère chaude et humide (comme les marais), douce mais tendue, ceci dans une reconstitution stylisée. Et la musique originale au clavecin finit de nous emporter. Neil Jordan, quant à lui, reste fidèle à lui-même, en mettant sobrement en scène des personnages, des vrais, qu'il aime, en décrivant leurs passions, comme on avait pu le remarquer déjà dans The Crying Game ou La Fin d'une liaison.

Ainsi, Entretien avec un vampire, doté de toutes ces qualités, figure parmi les incontournables des films dits "de vampires", se démarquant des autres tant par son avant-gardisme que par son érotisme.

par Marlène Weil-Masson

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