importance d'être Constant (L’)
The Importance of being Earnest
, 2002
De Oliver Parker
Scénario : Oliver Parker
Avec : Judi Dench, Rupert Everett, Colin Firth, Frances O'Connor, Reese Witherspoon
Durée : 1h37
Sortie : 30/04/2003
Fin du XIXe siècle à Londres. Deux amis se servent du même pseudonyme ("Constant") pour se glisser dans la peau d'un personnage imaginaire, afin d'échapper quand bon leur semble à leur milieu.
ETRE OU NE PAS ETRE
"Il ne faut regarder ni les choses ni les personnes, il ne faut regarder que dans les miroirs, car les miroirs ne nous montrent que des masques". Ces mots, écrits par Oscar Wilde, résument le principe de L'Importance d'être Constant. Le film possède une légèreté frivole de dandy poseur sous la forme d'un marivaudage agrémenté d'excellents mots, mais derrière la peau du fruit vermeil, le coeur est plus malin qu'il n'y paraît. Le jeu de l'étiquette dans la haute classe de la fin du XIXe est pris au pied de la lettre (avec le nom qui fait l'homme), le récit basculant du même coup dans un joyeux tourbillon absurde. Derrière Parker, Wilde a le dernier mot: en effet, les contemporains de l'auteur britannique désignaient les homosexuels comme "earnest". Il nous est alors donné à voir un spectacle où deux hommes rivalisent de stratagèmes et de déguisements pour séduire deux demoiselles, mais dont la mascarade n'a finalement comme aboutissement que de jouer de leur homosexualité comme d'un masque et, au-delà, de ne concevoir le sexe que comme un jeu perpétuel. Parker s'empare ici de l'ambivalence du masque chez Wilde, considéré comme plus révélateur que le visage lui-même.
L'adaptation manque probablement du piquant et de l'énergie (voire de Julianne Moore?) qui avait fait le succès d'Un Mari idéal, autre transposition de Parker. L'Importance d'être Constant demeure assez savoureux grâce à la volonté apparente de déthéâtraliser le texte pour lui fournir un peu d'air, et surtout grâce à l'excellence de ses interprètes. Reese Witherspoon joue la fade ingénue avec aplomb et humilité, Frances O'Connor cabotine avec charme, tandis que le racé Rupert Everett fait merveille dans un rôle certes totalement taillé pour lui, mais dans lequel il fait part de tout son charisme et sa fantaisie. Au sommet de la troupe trône Judi Dench, dont chacune des apparitions (sous des kilos de meringues et de renards morts), ponctuées de répliques vachardes, font l'événement. De l'art de flirter avec l'inconstance avec un certain panache.