The Wicker Man
Royaume-Uni, 1973
De Robin Hardy
Scénario : Anthony Shaffer
Avec : Diane Cilento, Britt Ekland, Christopher Lee, Edward Woodward
Photo : Harry Waxman
Musique : Paul Giovanni
Durée : 1h39
Le Sergent Howie est envoyé sur une île de la Manche dont la tranquillité est perturbée par des disparitions d’enfants. Les événements étranges vont se succéder.
LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
Au fil des années, The Wicker Man s’est constitué sa petite aura culte. Cet ovni déconcertant est le premier film du Britannique Robin Hardy, pratiquement un one shot pour le jeune réalisateur qui ne se retrouvera derrière une caméra que treize ans plus tard. The Wicker Man, au-delà de son intrigue policière, est surtout un récit où les croyances se confrontent, marmite spirituelle et mystique où un flic, chrétien convaincu, découvre d’étonnants rites celtes qui régissent le quotidien d’un village comme coupé du monde sur son île au temps arrêté. Une bulle spatiale et dévote qui sert de berceau au fantastique, où l’atmosphère d’époque et quelques séquences incongrues (la danse nue de Britt Ekland, doublée le temps de certains plans) nourrissent un vrai sentiment d’inquiétante étrangeté, fait de moments tordus jusque son final aussi enflammé que grandiloquent. L’anti film d’horreur comme le décrit Hardy, conte de jour ignorant le sang, est un jeu de piste minutieusement structuré, auquel Christopher Lee prendra part sans les crocs, participant bénévolement et considérant plus tard le long métrage comme le meilleur de sa carrière.
Son bide en salles puis sa disparition et ses scènes coupées ont construit la légende de ce Wicker Man: celle d’un film de hippie jugé invendable (et présenté en double programme au Royaume-Uni, avec le sublime et tout aussi singulier Ne vous retournez pas de Nicholas Roeg) et dont la bizarrerie faite de masques et de paganisme, de folk psychédélique et d’animalité perverse, exalte le pouvoir fascinant. Hardy y renvoie dos à dos l’intégrisme de l’un contre celui des autres, dans un ambigu retour à la nature où l’on brûle ce qu’on exorcise – un feu auquel, dit-on, toutes les bestioles n’ont pas survécu – homme d’osier aussi fragile qu’imposant dans un monde où Dieu semble mort. Le totem rayonne encore des décennies plus tard, aussi bien revisité musicalement par Siouxsie and the Banshees (Blow the House Down) qu’Isobel Campbell (qui a repris le Milkwhite Sheets d’Ekland), Iron Maiden que Pulp (et leurs Wicker Man respectifs), avant que, passage quasi obligé, le film ne passe l’épreuve du périlleux remake, un désastre signé Neil LaBute et prochainement en salles.
Mis en ligne le 01/10/2007