La Vie rêvée de Walter Mitty
Secret Life of Walter Mitty (The)
États-Unis, 2013
De Ben Stiller
Scénario : Steve Conrad
Avec : Sean Penn, Ben Stiller, Kristen Wiig
Photo : Stuart Dryburgh
Musique : Theodore Shapiro
Durée : 1h54
Sortie : 01/01/2014
Walter Mitty est un homme ordinaire, enfermé dans son quotidien, qui n’ose s’évader qu’à travers des rêves à la fois drôles et extravagants. Mais confronté à une difficulté dans sa vie professionnelle, Walter doit trouver le courage de passer à l'action dans le monde réel. Il embarque alors dans un périple incroyable, pour vivre une aventure bien plus riche que tout ce qu'il aurait pu imaginer jusqu’ici. Et qui devrait changer sa vie à jamais.
MITTYGÉ
Il faut admettre que Ben Stiller témoigne d'une certaine ambition que l'on attend pas forcément d'un acteur comique devenu réalisateur. Passant d'une comédie dramatique générationnelle (Génération 90) à une comédie noire (Disjoncté) à deux comédies plus ou moins débiles (Zoolander, Tonnerre sous les tropiques) pour finir avec ce Walter Mitty difficilement classable et au ton bien éloigné de tout ce qui a précédé, la carrière du metteur en scène a de quoi surprendre. On reste vaguement dans la comédie, forcément, mais l'ensemble témoigne d'un premier degré fragile, limite naïf, qui rend le film assez touchant par moments. Une autre qualité qu'il faut reconnaître au metteur en scène, c'est qu'il n'a vraisemblablement peur de rien. Il n'a pas peur quand il met en scène ces séquences de daydreaming assez variées, entre un combat comic book pour le moins épatant, un segment où l'on retrouve son goût de la parodie, et un dernier rêve éveillé qui s'impose peut-être comme la séquence la plus forte et la plus belle du film ("Space Oddity" y est pour beaucoup). Il n'a pas peur quand il embrasse de plein fouet l'aspect "grand livre d'images" de l'épopée que va vivre enfin "pour de vrai" le protagoniste, avec son Islande de carte postale et ses autres paysages filmés comme dans une pub "Découvrez l'Afghanistan".
Le souci, c'est que jamais ces scènes d'évasion réelle ne provoquent les mêmes sensations que les scènes d'évasion rêvée. Et ces dernières disparaissent passée la première heure, au fur et à mesure que le personnage évolue. La structure maladroite - mollesse entre chaque fantasme au début, aller-retour superflu au deux-tiers - freine un peu l'immersion, là où l'on devrait vivre ces excursions comme les ressent Walter. Pour une œuvre à la démarche aussi emphatique, ça manque d'émotion. Mignon mais sans surprise, à l'instar de sa fin, La Vie rêvée de Walter Mitty est plaisant mais ne convainc pas totalement, en dépit des efforts d'un metteur en scène qui élargit sa palette de film en film.