Vendredi 13

Vendredi 13
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Vendredi 13 (1980)
Friday the 13th
États-Unis, 1980
De Sean S. Cunningham
Scénario : Victor Miller
Avec : Kevin Bacon, Harry Crosby, Adrienne King, Robbi Morgan, Betsy Palmer, Jeannine Taylor
Photo : Barry Abrams
Musique : Harry Manfredini
Durée : 1h30
Sortie : 30/11/1999
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En 1957, un jeune garçon prénommé Jason meurt noyé au camp de Crystal Lake. L'année suivante, les deux personnes responsables du camp sont également tuées. L'endroit ferme mais il est rouvert par un jeune couple en 1980, le jour anniversaire des autres meurtres. Lors de la préparation du camp pour l'été, les adolescents employés par le couple commencent à disparaître un à un.

LES VOIES DU SAIGNEUR SONT IMPENETRABLES

1978. Un certain John Carpenter vient de créer l'événement en réalisant le film le plus rentable de l'histoire du cinéma indépendant et tout ça en enfantant simplement d'un genre (excusez du peu) : le slasher, et de l'incarnation brute du mal sur grand écran : Michael Myers. Dépeceur d'adolescents devant l'éternel, le succès du croquemitaine que l'on nomma très vite "The Shape" allait forcément intriguer et créer tout un tas de fils indignes. Même s'il n'est pas le premier descendant direct d'Halloween, Vendredi 13 est, par contre, le premier vrai fils illégitime à marquer le monde du slasher à la suite du film de Carpenter. Et cela, on le doit au producteur Sean S. Cunningham, qui s'est senti le vent en poupe lorsqu'il décide de passer à la mise en scène. Mais plutôt que de calquer la recette de Carpenter à l'identique, Cunningham et son scénariste Victor Miller appliquent la technique du whodunit à leur histoire et préfèrent cibler l'action de leur film dans un autre décor : celui de la cambrousse et des ses bois (en même temps on a rarement vu un camp de vacances au milieu de lotissements bourgeois). Du coup leur tueur reste inconnu jusqu’au dénouement final et est un peu plus tranquille pour assaisonner ses victimes sans trop alerter le voisinage. Et puisque la date fatale du 31 octobre était désormais indissociable de Myers, une autre date porte-malheur fut choisie. Il ne restait plus qu'au tandem de placer leurs pions sous forme d'un nombre défini de victimes potentielles, d'un fou du village, d'un lieu isolé en proie à un passé glauque, d'autochtones pas vraiment accueillants et surtout de moniteurs en chaleur et fumeurs de joints pour que l'emballage soit des plus propices au carnage. Vous avez demandé la boucherie ? Ne quittez pas!

CAMP CRYSTAL LAKE IS JINXED

Quand on regarde le film, la première chose qui frappe l'œil aguerri du spectateur c'est la mollesse de la mise en scène. Cunningham n'étant pas un cador de la réalisation, il est heureusement muni de tout un tas de bons ingrédients pour que la sauce prenne tout de même un minimum et que le film traverse les époques, restant ainsi une base pour tout amateur de slasher qui se respecte. Mais plus les années passent, moins le film est percutant. Même s'il reste un vrai film d'horreur qui - pour peu que l'on se mette en condition et que l'on en accepte l'époque - continue de passionner les fans du genre, on s’aperçoit très vite que l'intérêt du film réside dans son emballage et certains points fort du script, plutôt que dans son entité complète. Outre le fait qu'il soit le premier volet de la franchise, on peut affirmer que ce qui fonctionne ici est avant tout cette vision du "réel", cette image inspirée à la fois par le côté sec d’un Délivrance de John Boorman et le côté ultra percutant de La Dernière Maison sur la gauche de Wes Craven et dont Cunningham était le producteur. Après, tout semble couler de source : un thème inspiré qui créa même un leitmotiv musical quasiment aussi connu que celui desDents de la mer, une grosse exploitation de la vue subjective de l'assassin afin de préserver le mystère de son identité et placer le spectateur dans "la tête du tueur" comme pour le premier plan fantastique d'Halloween et enfin, ce qui attire encore les foules adolescentes aujourd'hui : du cul et de la drogue (ici quelques malheureux seins et quelques pauvres pétards).

FUMER TUE

Parlons-en justement de la drogue et du cul. Le slasher a posé des codes qui voulaient que l’on fasse la peau à ces jeunes inconscients qui s'adonnaient aux basses pratiques jouissives du plaisir charnel et du trip sensoriel. Du coup, Cunnigham n'hésite pas à utiliser la pratique en en faisant un point quasi crucial de l'intrigue. Car plutôt que de les avoiner au compte-goutte comme si de rien n'était, le réalisateur choisit de placer les jeunes blancs-becs fornicateurs et amateurs de substances illicites en dignes héritiers des beatniks déjà en place quelques années auparavant, ceux-là même qui ont préféré baiser et se défoncer plutôt que d'aller sauver des eaux le petit Jason. Avec la mort de son mutos de fils, maman Voorhees est devenue schizo (quelque part on ne lui en voudra pas) et trouve donc une légitimité à ses actes en décanillant avant tout chaque énergumène qui fume de l'herbe et s'envoie en l'air sur l'ancien lieu du drame (et par extension à toute personne qui s'aventure dans le coin car ça rajoute toujours du cadavre au compteur). C'est quand même bien fait comme scénario. Mais ne rions pas trop non plus de ces artifices grossiers. Avec leur formule du "whodunit", Cunningham et Miller ont surtout réussi à clouer et clouent toujours le bec de ceux qui découvrent le film vierge de tout spoiler (en reste-t-il seulement ?) en plaçant dans la peau du tueur une femme (pari osé pour l’époque) et qui agit par vengeance et non parce qu'elle est simplement folle (enfin un peu quand même mais bon). Toutes les spéculations sur ce beau bébé de Jason qui aurait finalement survécu à la noyade et qui paraderait dans les bois de Crystal Lake en attendant un nouvel arrivage de chair fraîche tombe donc à l'eau et finit d'asseoir la réputation pas toujours flatteuse de ce film bancal mais un brin obsédant.

HEEERE’S JACKY!

Vous l'aurez donc compris, Jason n'est pas présent dans ce premier opus, du moins en tant qu'entité monolithique inexpressive. Non, le bien nommé Jacky (oui, en VF, Jason s'appelle Jacky le temps de ce premier film) n'a pas encore affûté la machette qui l’illustre si bien et c'est donc sa maternelle qui charcute son prochain (comme le rappelle si bien Wes Craven dans le premier Scream), jusqu'à un final franchement effrayant qui voit enfin le petit mongolo sortir de l'eau par surprise et tenter d’achever l'œuvre macabre de sa maman désormais passée ad patres. La légende est donc en marche, cette image choc et traumatisante définissant la suite de la saga en donnant une nouvelle identité au tueur du vendredi et créant par la même occasion un boogeyman culte et inoubliable (surtout lorsqu’il endossera enfin son célèbre masque de hockeyeur dans le 3e opus), membre fondateur et pilier indéfectible du temple du slasher aux côtés du père fouettard Myers et du griffu Freddy, qui rempilera pour neuf séquelles ainsi qu’un crossover. Si chacune des suites sera de qualité variable, certaines arriveront tout de même à dépasser le modèle original, promettant à la franchise de nombreux jours heureux ainsi qu’une pérennité qui continue encore de nos jours. De là à parier que la franchise accouchera encore, il n’y a qu’un pas que seule la réussite et le succès du remake de Marcus Nispel fera franchir à la saga. Une nouvelle jeunesse et encore plus de morts en perspective ? Comment se refuser ce plaisir ?

par Christophe Chenallet

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