Une grande année
A Good year
États-Unis, 2005
De Ridley Scott
Scénario : Mark Klein d'après d'après l'oeuvre de Peter Mayle
Avec : Didier Bourdon, Valeria Bruni-Tedeschi, Abbie Cornish, Marion Cotillard, Russell Crowe, Albert Finney, Freddie Highmore
Photo : Philippe Le Sourd
Musique : Marc Streitenfeld
Durée : 1h58
Sortie : 03/01/2007
Max Skinner, un banquier d'affaires anglais, hérite du vignoble provençal où il passait autrefois ses vacances d'été aux côtés de son oncle. Alors qu'il prend possession de ses terres, Max apprend qu'il est suspendu suite à l'une de ses transactions douteuses. Il se résout à s'installer quelque temps dans la propriété. Sachant qu'un château et un vignoble peuvent valoir plusieurs millions de dollars si le vin est bon, il envisage de vendre. Mais Max commence peu à peu à goûter la douceur de la vie provençale.
LE BONHEUR EST DANS LE PRÉ
De temps à autre, après pléthore de films pharaoniques comme Gladiator (2000), Hannibal (2001), La Chute du faucon noir (2001) ou Kingdom of Heaven (2005), le père Ridley aime se mettre au vert et réaliser des films moins ambitieux, comme Les Associés (2003), mais tout aussi nobles. Et ce n’est pas rabaisser ce projet que dire qu’Une grande année tient plus du modeste cru que du projet démesuré. En décidant de mettre en image l’œuvre de son ancien collègue de travail Peter Mayle (fils de pub reconverti dans l’écriture de romans sur le bonheur de vivre en Provence), on savait que Scott avait juste envie de se faire plaisir en s’offrant du bon temps au soleil, à déguster de bons vins et ainsi obtenir un film à l’atmosphère doucereuse et mélancolique, un peu comme une bonne saison provençale. Et le réalisateur de se plonger à corps perdu dans les clichés mais tout autant hauts symboles du Lubéron: les vignes, les terres fertiles, le soleil inondant des bâtisses ancestrales, les saveurs parfumées régionales et les petites places de villages atypiques où le temps semble tourner au ralenti. On pourrait presque se croire dans la chanson de Nino Ferrer Le Sud. C’est dire si on y est bien. Et pourtant, dans ce havre de paix et de bonheur, une ombre subsiste. Une ombre persistante, annonciatrice d’une semi-réussite (ou semi-échec c’est selon), qui ne fait pas décoller le film outre mesure.
L’HOMME PRESSÉ
En effet le métrage a beau avoir l’odeur, la couleur et l’apparence d’une bonne récolte, il n’en atteint jamais l’ivresse, et ce à cause d’un scénario trop banal et malheureusement éculé. Car cette histoire d’un homme qui a oublié qui il était et qui va peu à peu retrouver sa véritable personnalité grâce aux souvenirs d’un lieu, d’une époque et d’une femme, a déjà été contée (forcément) et en mieux (évidemment). Alors force est de constater qu'Une grande année n’est pas le grand film qu’il aurait pu (du?) être et sera qualifié de mineur dans la filmographie de son réalisateur. Dommage, car il y avait pourtant quelque chose qui semblait neuf dans ce chemin initiatique, grâce notamment à ces paysages provençaux, un décor totalement différent de ceux que l’on est habitué à voir. Mais ici, Scott nous offre plutôt un ersatz de tour opérateur promotionnel pour la région PACA plutôt qu’un univers véritablement vivant et salvateur comme il/on l’aurait souhaité. Et le charme nostalgique des souvenirs d’enfance autour du mentor et de son habitation, lourd de symboles, n’y opère malheureusement pas à sa juste valeur. Alors on se consolera en se disant que c’est sûrement dans cette région que l’on voudra passer ses prochaines vacances d’été et que Scott a bien su aiguiller nos volontés estivales, mais qu’il n’était vraiment pas nécessaire de nous offrir ce film un peu facile et finalement trop anodin.