Twin Peaks, Fire Walk with Me

Twin Peaks, Fire Walk with Me
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Twin Peaks, Fire Walk with Me
Twin Peaks, Fire Walk with me
États-Unis, 1992
De David Lynch
Scénario : Desmond Cates, Michael de Luca
Avec : Moira Kelly, Sheryl Lee, Dean Stanton
Photo : Ronald Victor Garria
Musique : Angelo Badalamenti
Durée : 2h15

Twin Peaks, Fire Walk with Me est sans doute le film de David Lynch le plus incompris, le plus déroutant, le plus absolu aussi. La quintessence de son cinéma livrée sans clef de compréhension, un cauchemar sans fin dans son univers.

A l'origine de ce chef-d'oeuvre une série culte, Twin Peaks, écrite avec Mark Frost, trente épisodes pour une plongée hallucinante dans la vie d'une petite bourgade des Etats-Unis entre fantastique et enquête policière. Un sentiment d'inachevé aussi. David Lynch ne parvient à se défaire de la créature "divine" qu'il a engendrée et de l'univers si particulier, si troublant qu'il a crée. Il décide donc de revenir aux origines de la série, aux racines du mal. Twin Peaks, Fire Walk with Me guide le spectateur sur les pas de Laura Palmer pour suivre les sept derniers jours tourmentés d'une jeune fille modèle, une jeune femme de bonne famille, qui, la nuit venue, laisse apparaître une personnalité bien différente. David Lynch choisit de dérouter le spectateur par une première demi-heure troublante, l'enquête de deux agents du FBI, Desmond et Cooper. Ils autopsient une jeune femme récemment tuée, Teresa Banks et découvrent non loin du meurtre une curieuse bague.

Dès lors tout s'enchaîne dans un maelström d'images parlant aussi bien au conscient qu'à l'inconscient. David Lynch, aidé par la musique sublime d'Angelo Badalamenti, nous hypnotise, nous subjugue. La réalité implose, de multiples personnages apparaissent puis disparaissent (dont David Bowie pour la figuration la plus incompréhensible de l'histoire du cinéma), les évènements semblent n'avoir qu'un lien distant et pourtant la peur, le malaise montent progressivement. David Lynch joue avec les nerfs de spectateur, confond les ambiances - érotique, polar, fantastique, horreur, et pulvérise l'American Way of Life en montrant la face cachée de l'Amérique - sa drogue, ses bordels, sa débauche. Rarement sa réalisation n'a été à ce point maîtrisée. Chaque effet a un sens, un écho profond, telles les terrifiantes apparitions de Bob. Twin Peaks, littéralement "les Cimes Jumelles", c'est la dualité en chaque homme - le bien et le mal, confondu souvent en une seule personne, en un seul acte.

Laura Palmer, mi ange, mi-démon, sera la victime de cette schizophrénie humaine. Elle sera sauvagement assassinée sur le somptueux Requiem de Cherubini lors d'un final époustouflant de virtuosité. Tout le "bestiaire" de David Lynch est présent: homme mutilé, nain, rideau rouge, fumées diverses et si le film fut curieusement boudé à sa sortie et ignoré du jury cannois, il reste l'un des plus impressionnants chefs d'oeuvre du maître.

par Yannick Vély

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