Temps modernes (Les)
Modern Times
États-Unis, 1936
Avec : Henry Bergman, Chester Conklin, Paulette Godard
Photo : Ira Morgan, Roland Totheroh
Durée : 1h27
Charlot travaille à la chaîne dans une grande usine et doit chaque jour resserrer des boulons. Ce travail récurrent lui fait perdre la raison et il se retrouve enfermé dans un hôpital psychiatrique. Sorti de celui-ci, il se fait, bien malgré lui, emprisonné et est libéré par erreur. Il rencontre alors une jeune vagabonde avec laquelle il tente de survivre.
Quatre ans avant Le Dictateur, Charles Chaplin réalise une œuvre très engagée dans laquelle il prend parti de façon plutôt violente contre le monde moderne et son industrialisation. Il met ainsi en avant l’entrée des machines dans le monde du travail et sa peur de l’asservissement de l’homme au travail et au rendement. La scène d’introduction, le parallèle entre un troupeau de moutons allant à l’abattoir et une meute de travailleurs allant à l’usine, en est le meilleur exemple. Contrairement à d’autres de ses œuvres, Les Temps modernes est un film plutôt optimiste et ce malgré le climat ambiant et la situation économique catastrophique (Dépression post 1929). Le personnage de Charlot, toujours aussi attachant, n’est plus en quête de richesse comme c’était le cas dans ses longs métrages précédents. Il aspire simplement à une vie amoureuse tranquille. Chose qu’il pense trouver avec la rencontre de la vagabonde.
Première réalisation de Chaplin après le succès des Lumières de la ville, Les Temps modernes est une des œuvres les plus importantes de sa filmographie. Il est en effet le baroud d’honneur du réalisateur contre le cinéma parlant (vieux de presque dix ans déjà) et aussi la dernière apparition à l’écran de ce petit vagabond moustachu, à la canne et au chapeau. Voulant d’abord réaliser un film parlant, Charles Chaplin décida de couper toutes les scènes présentant des dialogues, les essais n’étant pas à son goût. Il ne mit donc que musique et effets sonores (voix off du patron), et encore une fois se reposa sur son personnage. Car Charlot reste Charlot. Il multiplie les mimiques, acrobaties… afin de faire rire sans enlever l’intensité dramatique.
Le second rôle important du film est tenu par Paulette Godard. La future femme de Chaplin y interprète le rôle d’une jeune vagabonde tentant au mépris du danger de subvenir aux besoins de sa famille. Ce personnage est d’une insouciance telle qu’elle agit sans vraiment réfléchir, ce qui lui donne un caractère attachant qui ne laisse pas le spectateur de marbre. Interdit en Allemagne et en Italie par Hitler et Mussolini, que Chaplin parodia dans son film suivant Le Dictateur, Les Temps modernes fut aussi mis à part par les Américains qui lui trouvaient un penchant pour le communisme. Mais ce chef d’œuvre du septième art trouva tout de même son public. A voir et à revoir, rarement un film n’a gardé autant de force au fils des ans, tant il est encore d’actualité presque 70 ans après sa sortie.