Story of Ricky
Condamné pour avoir tué les responsables de la mort de sa fiancée, Ricky est incarcé dans une prison très spéciale. Rapidement, les chefs de différents gangs veulent sa tête. Ricky utilise alors ses super pouvoirs dans des combats surréalistes afin de sauver sa peau.
RICKY OU LA BELLE VIE
Comme le disait Sartre, « La violence se donne toujours pour une contre-violence, c'est-à-dire pour une riposte à la violence de l'Autre ». Et comme le disaient les 2 Unlimited : « No no, no no no no, no no no no, no no there's no limit! ». L’ami Jean-Paul et le duo de dance néerlandais s’entendraient certainement sur Story of Ricky, faramineux film réalisé en 1991 par Nam Nai Choi. Son principe est simple : Ricky est incarcéré dans une prison remplie de malfrats, dont certains ont des talents de combat cachés. Mais Ricky, lui, est invincible. Ça n’est pas une métaphore : le corps de Ricky arrête les balles tandis que ses poings transpercent l’estomac de ses adversaires sans même avoir besoin d’une arme. L’intrigue est minimale, la mise en scène fonctionnelle. L’intérêt de Story of Ricky est dans son absence de limite, sa violence aussi gorissime que fantaisiste, où la moindre glissade par terre peut s’achever par un arrachage de visage (à coup de rabot).
Rayon baston, Story of Ricky n’a guère besoin de s’acheminer vers un climax de violence : chaque scène est un climax, chaque affrontement niant les limites du corps (on rafistole des tendons comme un lacet craqué, on arrache des bras comme à une poupée Barbie, on s’étrangle avec des intestins), le tout avec une générosité totalement barrée. Ce dont vous rêviez en apercevant des chroniqueurs de Ruquier ou du Grand Journal à la télé (que leur tête explose comme une piñata), Story of Ricky vous l’offre. Et pas qu’une fois. Une violence qui tranche avec la romance blessée insérée en flash-back, où apparaît une demoiselle niaise comme une amoureuse de Christophe Rippert. Dans ce cinéma d’exploitation en prison, Story of Ricky est un peu le pendant masculin du cultissime Reform School Girls. Reform… ruait dans les brancards façon girl power révolutionnaire ou incendie dans un poulailler sexy (où l’on passe beaucoup de temps à se savonner à poil). Story of Ricky, ambiance mecs oblige (on s’y douche d’ailleurs en short), joue la carte du défouloir à violence, jusqu’à un kitsch flirtant néanmoins avec le queer. Ce concours de virilité gym queen, cette scène où un faible exécute une danse de la joie car il a gagné le droit de souffler dans la flûte de son pote, ce malabar qui aveugle le héros en lui lançant des paillettes, ou encore ce méchant androgyne looké Dalida dans l’espace (et qui est d’ailleurs joué… par une femme).
En son temps, Story of Ricky fut l’un des premiers films hongkongais classé dans la Catégorie III (films interdits aux moins de 18 ans). Une interdiction généralement réservée, jusque-là, aux bandes érotiques (comme le merveilleux Crazy Love). Mais ça n’est qu’une limite de plus que ce long métrage ahurissant, d’une gratuité hilarante, franchit, en un coup de pied bien placé.