Society

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Society
États-Unis, 1989
De Brian Yuzna
Scénario : Rick Fry, Woody Keith
Avec : Billy Warlock
Photo : Rick Fichter
Musique : Phil Davies, Mark Ryder
Durée : 1h39
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Le jeune Bill Whitney vit avec ses parents et sa soeur dans les beaux quartiers de Beverly Hills. Mais depuis un certain temps, il suit une thérapie car ses nuits sont peuplées par d'horribles cauchemars poisseux et dérangeants. Paranoïaque, il commence à croire que sa famille n'est pas ce qu'elle semble être...

SOCIÉTÉ SECRÈTE

En 1989, Brian Yuzna, alors connu comme producteur (notamment du formidable Les Poupées) se lance dans le grand bain de la réalisation avec Society. Non sans mal puisque le long métrage ne sera distribué qu'en 1992 aux États-Unis. On comprend, après avoir vu ce premier film hors normes, que le choc a dû être rude pour certains. Film joyeusement fou et malade, Society a depuis gagné ses galons cultes, notamment en Europe où le long métrage a été mieux accueilli qu'outre-Atlantique. La réalisation de Society correspond à deux crépuscules: un âge d'or de l'horreur (les 80's) et la fin de la présidence américaine de Ronald Reagan. Society ressemble d'abord à un teen-movie comme 36 autres dans les années 80. Mais un sale virus s'insinue dans cette machine qu'on croit avoir essayée mille fois. Le héros (Billy Warlock, même visage et même corps que tous les minets bruns du cinéma américain de l'époque) est persuadé qu'il y a un truc qui cloche avec sa famille et son sang, telle Rosemary devenue parano au sujet de son futur poupon. Serait-il adopté ? A quelles étranges pratiques s'adonnent ses proches ? L'horreur de Yuzna est organique, peuplée d'images dérangeantes, comme cette scène de douche où les seins et fesses de la sœurette semblent, à travers la vitre dépolie, être du même côté du corps. Society, par ses incroyables visions monstrueuses (tout le finale, proprement inouï, et qu'on ne peut vous dévoiler ici), est un sommet de body horror, une horreur aux chairs distendues, torturées et visqueuses. Ce qu'on peut retrouver chez certains Cronenberg ou surtout chez un Frank Henenlotter (Basket Case). Mais pourquoi tant de haine ?

Society, et c'est sa force, n'est pas qu'un petit jeu sadico-dégueu. Le film fait le portrait dérangé d'une classe sociale, d'un monde clos, une bourgeoisie de Beverly Hills littéralement consanguine, incestueuse, cannibale, où le matérialisme des années fric ne se limite pas à manger métaphoriquement le concurrent ou le petit personnel. L'allégorie n'est pas forcément subtile, mais Society prend du relief grâce à la folie de cette peinture (inspirée, selon Yuzna, par Dali), son sens du grotesque, grâce notamment aux maquillages délirants signés Screaming Mad George (qui a œuvré sur divers Freddy ou sur Predator). Plus de 20 ans après sa sortie, Society continue à faire écarquiller les yeux. Il y a un curieux pont jeté entre cette horreur bouffonne et celle produite, à l'autre bout du monde, du côté des Japonais de Sushi Typhoon. Une même fièvre et un goût de la bizarrerie. Society est un choc graphique, viscéral et obsédant. Le cauchemar proposé par Brian Yuzna est de ceux qui ne s'oublient pas.

par Nicolas Bardot

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