Le Sauvage
France, 1975
De Jean-Paul Rappeneau
Scénario : Jean-Loup Dabadie, Elisabeth Rappeneau, Jean-Paul Rappeneau
Avec : Catherine Deneuve, Yves Montand
Photo : Pierre Lhomme, Antoine Roch
Musique : Michel Legrand
Durée : 1h43
Las de la vanité parisienne, Martin, créateur de parfums, s'est exilé sur une île d'Amérique latine. Un jour qu'il est de passage à Caracas, sa nuit est troublée par l'irruption de Nelly, volcanique jeune femme fuyant son fiancée. Elle propose à Martin de lui vendre un Toulouse-Lautrec, emprunté à son patron, en guise de salaire s'il l'aide à rentrer en France. Celui-ci accepte. Soulagé, il regagne son île où il a la surprise de retrouver Nelly.
LA BALADE SAUVAGE
Trois ans avant ce Sauvage, Catherine Deneuve tournait, sous la direction de Marco Ferreri, un Liza prémonitoire. Liza racontait l'histoire d'une délicieuse emmerdeuse (comme dans Le Sauvage) débarquant au bout du monde (comme dans Le Sauvage) dans les pattes d'un bourru solitaire (itou), ils vont se détester et s'aimer (idem). Mais à l'iconoclasme de Ferreri (Deneuve devient littéralement une chienne dans Liza) répond le spectacle bon enfant de Jean-Paul Rappeneau qui, de ce Sauvage à Bon voyage en passant par Cyrano de Bergerac, s'est fait une spécialité dans le divertissement populaire et haut de gamme. Il y a une idée d'un spectacle typiquement à la française dans Le Sauvage, avec son utilisation de deux icônes absolues (la Deneuve, le Montand), son thème de Michel Legrand, ses cascades garanties 0% effets numériques par Rémy Julienne ou encore ses gags: lorsqu'on se met sur la gueule (comme très souvent dans le film) ou quand Nelly ne trouve rien d'autre à faire que de défoncer le bateau de Martin à la hache, on se croirait en pleine page d'un épisode d'Astérix à Caracas.
Le Sauvage s'inspire pourtant d'une mécanique de comédie américaine archétypale, avec son couple glamour que tout oppose mais qu'évidemment tout va rassembler. Le long métrage part sur un très haut tempo, montage vif, verbe inépuisable, corps qui s'agitent sans cesse, et force est de constater que 35 ans plus tard, l'énergie du Sauvage reste intacte. Quelque part entre France et Amérique, il y a ce petit paradis que Rappeneau reconstitue aux Bahamas, love shack, jardin écolo, eau fluorescente, Deneuve en sirène et le tumulte au loin. La cavalcade comique se teinte de romanesque jusqu'à un dénouement tout en ellipses. A l'arrivée, le film est un succès en salles et est devenu un tube à la télévision. Restauré sous l'impulsion de Studio Canal et de la Cinémathèque française, avec l’aide du Fonds Culturel Franco-Américain, Le Sauvage a retrouvé une nouvelle jeunesse. Une autre raison de le redécouvrir.