Rocky Horror Picture Show (The)

Rocky Horror Picture Show (The)
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  • Rocky Horror Picture Show (The)
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Il y a 25 ans, presque jour pour jour, sortait dans les salles à grand renfort de publicité ce qui est devenu depuis l'un des gros échecs de l'année 1975, mais aussi l'un des plus grand phénomènes cinématographiques de l'Histoire. Réalisé pour un million de dollars, Le film The Rocky Horror Picture Show rapporte en un an la somme ridicule - même pour l'époque - de 450 000 dollars. Aujourd'hui, le film a rapporté rien que dans les salles américaines près de 150 millions de dollars. Evidemment, il est toujours un peu lourd, voire même vulgaire, de commencer par les chiffres du box-office, même si ces chiffres sont significatifs dans ce cas-là. Alors commençons par le commencement.

IT WAS GREAT WHEN IT ALL BEGINS

En 1973, Richard O'Brien, acteur au chômage estimant qu'on est jamais mieux servi que par soi-même, écrit en quelques jours une comédie musicale intitullée They Came from Denton High. Faisant le tour des producteurs, le jeune scénariste trouve rapidement preneur en la personne de l'Anglais Lou Adler. La pièce se monte, change plusieures fois de titre (The Rocky Hor-roar Show, puis le définitif Rocky Horror Show), et fait un carton dans les petites salles de théâtre anglaises. Bardée de prix en Angleterre (meilleure comédie musicale, meilleur scénario...), la pièce débarque triomphalement aux Etats-Unis, fait un tabac à Los Angeles... Et un four à Broadway - qu'on attribue généralement à une mauvaise publicité et au choix malheureux de la salle. La pièce raconte l'histoire de deux jeunes amoureux, Brad et Janet, qui partent de nuit retrouver leur ancien professeur pour lui annoncer leur futur mariage. Sur la route, sous un orage, un pneu crève. Les deux tourteraux n'ont d'autre solution que celle d'aller chercher de l'aide auprès des occupants du château voisin. A l'intérieur, ils découvrent un monde fait de débauche, dirigé par le Dr. Frank N'Furter, scientifique extraterrestre, travaillant à la construction de la créature parfaite: un beau blond musclé répondant au doux nom de Rocky. Brad et Janet ne pourront résister à l'attrait de la chair, et seront débauchés avant la fin de la nuit... Evidemment, Hollywood ne tarde pas à faire les yeux doux à la petite troupe. Richard O'Brien accepte d'adapter son bébé pour le grand écran, et s'y attelle avec Jim Sharman, australien metteur en scène de la pièce originale. Le texte est retravaillé, les chansons aussi. Les rôles sont redistribués - au casting de la pièce s'ajoutent Susan Sarandon, Meatloaf... Le tournage du Rocky Horror Picture Show débute en 1974 dans un château anglais, Oakley Court, dans lequel De Gaulle a résidé durant la Seconde Guerre mondiale.

HOW STRANGE WAS IT? SO STRANGE THAT THEY MADE A MOVIE ABOUT IT!

Septembre 1975. Le film, très attendu, est projeté à la presse. Le désastre est total. La moitié des spectateurs quittent la salle avant la fin du film. En résumé, on lui reproche de ne pas retrouver l'ambiance délirante de la pièce. On lui reproche également ses trop grandes approximations, ses mauvais effets spéciaux, sa mise en scène inexistante... Les producteurs prennent peur et balancent le film n'importe comment un mois plus tard au public américain. A l'échec critique succède l'échec public. Petit cours d'histoire: les années 1970 étaient une période fabuleuses durant laquelle une mode a éclos, celle des midnight movies. Le principe est simple: rentabiliser un petit film sur plusieurs mois ou années, en ne le projetant qu'une fois par semaine (le samedi à minuit) dans quelques salles du pays. C'est ainsi que quelques films difficiles d'accès ont pu devenir de très grands succès (El Topo, Eraserhead, Pink Flamingos...). Les producteurs du Rocky Horror Picture Show accordent donc à Lou Adler une dernière chance et sortent le film en avril 1976 dans une salle de Greenwich Village à New York. C'est à ce moment que le phénomène commence. Le directeur de la salle où est projeté le film fait état d'un truc bizarre: chaque semaine, il n'y a que vingt spectateurs dans la salle... Mais ces spectateurs sont toujours les mêmes! La Fox flairant le bon coup décide de ressortir le film dans un plus grand parc de salles, mais toujours selon le même principe des séances de minuit.

LA RESURRECTION

C'est ainsi que la deuxième vie du film démarre. Le bouche à oreille aidant, les exploitants affichent tous au fur et à mesure complet tous les samedi soir. Ceci pour la première étape. Le deuxième temps fort commence quelques mois après la resortie du film, quand un jeune étudiant, Louis Faresse lance une blague pendant la projection du film. Le culte tel qu'on le connait actuellement démarre. Quelques semaines plus tard, une jeune femme du nom de Dori Hartley (devenue chanteuse depuis) vient à la séance déguisée en Frank N'Furter. Dans la salle, les blagues fusent, le riz et l'eau volent pendant les scènes de mariage ou d'orage, les costumes sont de plus en plus nombreux... Le succès est total. Et s'étend au reste du pays et du monde. Des spectateurs se lèvent durant la séance pour jouer devant l'écran leur rôle préféré, s'organisent en cast, crééent des fan-clubs... Tout cela aboutissant à une gigantesque convention pour le dixième anniversaire du film, en 1985, à laquelle participent les acteurs du film et plusieurs centaines de fans en délire. Depuis, le culte va bon train, des conventions sont organisées chaque année, le fan-club compte plus de 40 000 membres, plusieurs milliers de sites sont consacrés au film, et les articles sur le Rhps se négocient contre des fortunes. Le films est projeté dans plus de 200 salles aux Etats Unis, trois salles en Angleterre, en Italie, une salle en France, une dizaine au Japon...

A REBOURS

Alors pourquoi un tel culte, 25 ans plus tard? Pourquoi ce film reste-t-il toujours à l'affiche, renouvellant ses spectateurs chaque année? Pourquoi certains l'ont vu au cinéma plusieurs centaines de fois (le record étant détennu par Sal Piro, entré dans le Guiness Book en 1987 au moment de sa 750ème séance - il a aujourd'hui dépassé les 1500 visions)? A cela plusieurs réponses. La première étant le sexe, la drogue, le rock n'roll... Le film constitue une sorte de révolte contre la bonne morale qui condamne ces trois éléments. Tout comme Tommy de Ken Russel, The Rocky Horror Picture Show montre que les homosexuels étaient à l'époque considérés comme des extraterrestres. Richard O'Brien s'insurge contre la morale de la société anglaise et tente de retrouver l'ambiance woodstockienne de la décennie précédente. Par le biais de chansons et d'images extrêmement osées pour l'époque, le scénariste choque et se pose en parfait successeur des délires de Russ Meyer (par exemple), l'emblème du film, les bas résilles y étant pour beaucoup. La musique a fait beaucoup pour le succès du film. La première chanson du film Science Fiction Double Feature est à elle seule un coup de génie - sur laquelle nous reviendrons. Les autres, bien que moins brillantes, sont tout de même excellentes. Et sont reprises en coeur par les dizaines de fans qui assistent chaque semaine à la projection du film. Et les pas du fameux Time Warp (un saut sur la gauche, quelques pas sur la droite...), la danse du film, encouragent les spectateurs à se lever durant la chanson.

BAD TRIP

Pour qu'un film soit défendu par une poignée d'admirateurs et surtout pas considéré comme un chef-d'oeuvre, il faut qu'il ait ses défauts. Le Rocky Horror n'est pas épargné de ce côté-là. Les puristes diront que "c'est fait exprès". Probablement. Mais ce sont ces défauts qui font que l'on a envie de défendre ce film contre vents et marées: des effets spéciaux calamiteux, de nombreuses fautes de raccord, un scénario quasi incompréhensible... Il est inutile de dire que le film est absolument parfait puisque ses qualités viennent justement de ses défauts. Vous imaginez le Rocky Horror avec des effets numériques à la Matrix? Il est évident que ces défauts ont un sens, une raison. Et cette raison est également celle du phénomène Rocky Horror. Les mauvais effets spéciaux sont là pour parodier les anciens films de science fiction des années 1930 à 1950. Rien que la superbe chanson du générique fait référence à plus de vingt films de série B de science fiction (Flash Gordon, Tarantula, Le Météor de la nuit, Planète interdite...). Le reste du film est du même tonneau. Le film reprend la trame des vieux Frankenstein (sauf que cette fois la créature est un objet de plaisir et non de terreur), et y ajoute des détails repris à Dracula (les occupants du château viennent de la planète Transexuel de la galaxie... Transylavanie), La Nuit du chasseur (les mots "hate" et "love" tatoués sur les mains de Meatloaf), King Kong (la mort de la créature)...

THE SHOW MUST GO ON

En faisant référence à des icônes de la culture cinématographique américaine, en les assimilant à ce point, les créateurs du film ne pouvaient que lancer un objet de culte. Bien que plus réussi, le sublime Phantom of the Paradise de Brian De Palma par exemple ne pouvait récolter le même succès car faisant référence à des oeuvres littéraires et non cinématographiques (il est d'ailleurs amusant de constater que le seul pays où le film de De Palma a eu du succès à l'époque reste la France). Aujourd'hui, The Rocky Horror Picture Show est au top de sa popularité. Les 13 et 14 octobre 2000 a eu lieu une convention en l'honneur des 25 ans du film. Des figurines à l'image des personnages sont également sorties cette année. Nombre de livres sont réédités chaque année, la pièce continue de tourner dans le monde entier (sauf en France où les comédies musicales n'étaient pas les bienvenues il y a peu), les disques tirés du film ou de la pièce se comptent par dizaines... Et le film continue d'être projeté toutes les semaines un peu partout dans le monde (à Paris c'est au Studio Galande dans le 5ème), pour le plus grand plaisir des spectateurs et de Richard O'Brien qui, à 50 ans, reste le plus charmant des hommes - il vient par ailleurs de sortir un album absolument splendide Absolute O'Brien.

par Anthony Sitruk

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