Réincarnations

Réincarnations
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Réincarnations
Dead and Buried
États-Unis, 1981
De Gary Sherman
Scénario : Ronald Shusett, Alex Stern
Avec : Jack Albertson, Melody Anderson, Lisa Blount, Robert Englund, James Farentino
Photo : Steven B. Poster
Musique : Joe Renzetti
Durée : 1h34

Aux Etats-Unis, la petite ville côtière de Potters Bluff devient le théâtre d’une mystérieuse série d’actes de violence. Des gens sont torturés puis immolés. Dan Gillis, le policier chargé de l’enquête, va sombrer dans un pur cauchemar.

Film ayant eu une carrière confidentielle tant aux Etats-Unis qu’en France, Réincarnations mérite une petite réhabilitation. Le scénario est signé Dan O’Bannon, qui avait déjà conçu celui du mythique Alien (Ridley Scott, 1979), tandis que la réalisation échoit à Gary Sherman, qui s’est ensuite rendu coupable du consternant Poltergeist 3 (1988), dans lequel la pauvre Heather O’Rourke était défigurée par la maladie. A l’origine imaginé comme une comédie noire, Réincarnations a subi différents montages afin de l’orienter davantage vers l’horreur pure, et convenir ainsi au distributeur. Au final, un compromis entre les deux tendances a été trouvé habilement. Le long-métrage fait primer l’horreur, tout en la parsemant de touches d’humour sadique. On assiste à un festival de scènes de tortures rendues possibles par le talent du génie des effets spéciaux, Stan Winston, à qui la série des Terminator doit beaucoup.

Après avoir été roué de coups, un photographe se retrouve pris en photo par des inconnus, avant d’être brûlé vif. Transporté à l’hôpital dans un état désespéré, il se retrouve face à l’une de ses tortionnaires, déguisée en infirmière. N’ayant plus de lèvres, il ne peut pas hurler. Il se retrouvera avec une aiguille plantée dans son seul œil valide. A cet effet, Winston a construit un mannequin avec un œil en verre troué, pour faire entrer la seringue. La main de la meurtrière enlevant l’aiguille a été filmée, puis il a suffi de passer la scène à l’envers pour faire croire que l’aiguille se plante dans le globe oculaire. Autres morts spectaculaires, un médecin se voit administrer de l’acide par les narines, tandis qu’une auto-stoppeuse a le visage écrasé par un caillou. Le spectateur a une longueur d’avance sur le policier, car l’identité des tueurs est délibérément montrée dès le premier massacre. Ce qui intrigue, c’est que chaque victime réapparaît ensuite, intacte, pour rejoindre le camp des tueurs sans pitié.

James Farentino incarne à la perfection le shérif Dan Gillis, qui enquête sur les tueries. C’est l’un des rares premiers rôles de cet acteur, dont la filmographie comprend surtout des apparitions de second plan, notamment dans Le Seigneur de la guerre (Franklin Schaffner, 1966), où il jouait un jeune paysan, sur le point de se marier, ne supportant pas que son seigneur (Charlton Heston) exerce un droit de cuissage sur sa promise. Le shérif se voit contraint de supporter la goguenardise de Dobbs, l’entrepreneur de pompes funèbres, interprété par Jack Albertson, un habitué des comédies musicales des années quarante. Pour combler le tout, il s’inquiète de la soudaine passion de sa femme Janet pour les livres sur le vaudou. Cette dernière a les traits de la délicieuse Melody Anderson, dont l’un des seuls titres de gloire est d’avoir joué en 1983 dans la série ultra datée Manimal, aux effets spéciaux d’ailleurs assurés par Winston. Enfin, on apercevra, parmi les habitants de la mystérieuse Potters Bluff, Robert Englund, le futur Freddy Krueger.

Ce qui démarque ce film des autres séries B, c’est la révélation de ce qui se trame à Potters Bluff. A l’instar du personnage joué par Mickey Rourke, qui réalise qu’il n’a été que le jouet du Malin, dans Angel Heart (Alan Parker, 1986), Dan Gillis apprend que tous les habitants de Potters Bluff sont morts et ne sont que les marionnettes du croque-mort Dobbs. Ce dernier s’amuse à rendre visage humain à des cadavres défigurés, et à les ramener à la vie grâce à la magie noire. Dans une scène extrêmement forte, Gillis tire sur Janet qui annone des propos anodins, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle est un zombie, elle le supplie alors de l’enterrer. L’apogée de l’horreur survient lorsque Gillis prend conscience… qu’il est lui aussi un cadavre dont les mains se putréfient! Depuis le début de son enquête il était mort, et en revoyant le long-métrage, on remarque que son personnage se gratte souvent les mains, l’explication abominable de ces démangeaisons arrive après coup.

par Yannick Vély

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Dire un mot de la version française permet de rendre hommage au grand comédien, décédé en 2003, qui double James Farentino avec grande conviction. Marc de Georgi avait prêté sa voix un peu nasillarde à une grande palette d’acteurs américains, dont les plus notables sont David Carradine (Kung Fu), Lee Majors (L’Homme qui tombe à pic), Brian Dennehy (Rambo), Bob Hoskins (Qui veut la peau de Roger Rabbit?). La constante diffusion sur les chaînes des films en version française assurera une part d’immortalité à ce comédien qui insuffle beaucoup de crédit à la déchirante scène finale de Réincarnations.

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