Prestige (Le)

Prestige (Le)
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Prestige (Le)
The Prestige
États-Unis, 2006
De Christopher Nolan
Scénario : Christopher Nolan
Avec : Christian Bale, Michael Caine, Hugh Jackman, Scarlett Johansson, Andy Serkis
Durée : 2h08
Sortie : 15/11/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Londres, au début du siècle dernier. Deux magiciens surdoués rivalisent de virtuosité et s'affrontent jusqu'à ce que mort s'ensuive. Alfred Borden est ainsi accusé du meurtre par préméditation de son ennemi juré Robert Angier.

ENCHANTEMENT ET SORCELLERIE

Il faut réhabiliter Christopher Nolan. Souvent considéré comme un simple faiseur depuis le succès mérité du malin et culte Memento, le cinéaste anglais construit film après film une oeuvre d’une grande richesse thématique. Introspectif et classieux, Le Prestige est non seulement un divertissement de très haute volée mais aussi une passionnante réflexion sur le cinéma et justement les outils utilisés par un metteur en scène pour captiver son audience. Nul besoin d’être fin psychologue pour comprendre ce qui se joue dans le duel à la vie à la mort entre les deux magiciens en quête de gloire et de pouvoir. Le premier, Robert Angier (Hugh Jackman, nettement plus à l’aise que dans Scoop), est prêt à signer un pacte faustien avec le diable scientifique par vanité; le second, Alfred Borden (Christian Bale, intense), à un plus grand sacrifice encore, pour la beauté de l’art. Les deux versants du septième art sont ainsi mis en équation, le cinéma, art forain à l’origine, n’est finalement que la suite logique aux numéros de prestidigitation.

MAGIE NOIRE

Les trois actes des rivaux sont clairement exposés - la promesse, le revirement, le prestige – et peuvent parfaitement s’appliquer aux précédents films de Nolan, dotés de final twists renversants. Cet aspect théorique pourrait être rébarbatif si le réalisateur ne possédait pas un talent de conteur hors pair. Nolan s’amuse ainsi à brouiller les pistes, à multiplier les points de vue comme les strates temporelles. Il évite soigneusement tout manichéisme, n’incite jamais le spectateur à prendre parti pour l’un ou pour l’autre personnage, deux héros véritablement possédés, en proie à des obsessions peu avouables. Tout se duplique à l’infini pour les magiciens, les oiseaux, les femmes et les tours de passe-passe mais les pensées profondes de l’autre ami-ennemi restent un mystère jusqu’au "prestige", la solution du puzzle narratif et la clé de l’énigme, devant nos yeux depuis la première minute mais d’une grande cohérence avec le récit et son sens. L’élégance de la mise en scène et la richesse de la reconstitution sont autant d’atouts déployés par le film. En revanche, les personnages féminins, comme dans ses précédents longs métrages, sont négligés et réduits à de simples accessoires narratifs. Malgré ce manque, Le Prestige offre quelque chose de rare et précieux: un vrai tour de magie.

par Yannick Vély

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