Piscine sans eau

Piscine sans eau
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Piscine sans eau
Mizu no nai puuru
Japon, 1982
De Koji Wakamatsu
Scénario : Eiichi Uchida
Avec : Yûya Uchida
Musique : Katsuo Ohno
Durée : 1h43
  • Piscine sans eau
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Un soir, un poinçonneur effacé intervient pour empêcher un viol. Se liant à la victime, il commence à nourrir des fantasmes en s’introduisant dans des appartements de femmes célibataires avec du chloroforme pour leur faire l’amour, les prendre en photo et devenir leur prince charmant.

SOMMEIL ROSE

En France, ce sont davantage les œuvres réalisées par Koji Wakamatsu dans les années 60 qui sont les plus connues. Pourtant, ce Piscine sans eau, mis en scène en 1982, est une perle qui vaut bien ses joyaux 60's. Dans les années 80, le pinku eiga (ou roman porno) devient à la fois plus reconnu et quasi industriel, loin des idéaux du cinéma de guérilla mené par Wakamatsu. Si Piscine sans eau comporte son lot d'érotisme, de fesses rondes, de petits seins et de rapports floutés, l'intérêt semble définitivement ailleurs, comme souvent chez le cinéaste qui n'aime rien plus que détourner les règles. Piscine sans eau est l'histoire d'un robot qui prend vie, comme une piscine vide qui finirait par être remplie. Robot, le personnage principal (interprété par Yûya Uchida, vu dans Furyo d'Oshima, Black Rain de Ridley Scott ou, plus proche de nous, Izo de Miike) l'est dès les premières scènes, réduit à un clic-clac de poinçonneur, robot aussi dans sa famille où il semble simplement de trop. Le Wakamatsu punk et anar apparaît dans toute sa splendeur avec l'argument de ce Piscine sans eau: la liberté ne se trouve qu'en coupant les liens avec la société, rejetant famille et emploi pour ne devenir rien d'autre qu'un jouisseur.

Sorte de relecture des Belles endormies de Kawabata, Piscine sans eau ne se contente pas d'observer les secrets derrière le mur. La première scène de viol est particulièrement troublante, filmée quasiment en temps réel, dans un silence absolu, démultipliant le poids de chaque geste et l'étrangeté de la scène. Le propos n'est pas de légitimer le viol, plutôt de peindre une dissidence, fantasme de rébellion, et c'est finalement une histoire d'amour, quitte à faire hurler toutes les chiennes de garde du monde, qui nait hors de toute règle. Pas d'idéalisation en tout cas: pour qu'hommes et femmes se retrouvent dans le film, on doit porter un masque, s'endormir, on ne se réveille que quand l'autre n'est déjà plus là. Koji Wakamatsu fait preuve d'un onirisme et d'une poésie saisissants, dans ce film d'une absolue liberté de ton (le plan, inconcevable aujourd'hui, du père observant sa fille nue, sans jamais que le film, qui parle pourtant de viols, ne devienne scabreux).

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Piscine sans eau vient de sortir en dvd chez Blaq out.

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