Mort sur le gril

Mort sur le gril
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
  • Mort sur le gril
  • Mort sur le gril
  • Mort sur le gril
  • Mort sur le gril
  • Mort sur le gril

Sur le point d’être grillé par la chaise électrique pour des crimes qu’il n’a pas commis, Vic, installateur de vidéo surveillance, raconte comment, par une nuit de tempête, il a dû échapper à deux dératiseurs complètement barrés, qui avaient décidé de décimer tous les témoins du meurtre dont ils sont les auteurs, tout en essayant de déclarer sa flamme à la belle Nancy.

IL ETAIT UNE FOIS…

C’était les années 80, c’était après l’âge d’or du nouvel Hollywood, période où de nombreux jeunes talents ont éclos. C’était la période des golden boy du cinéma, où des gens comme Joe Dante remplissaient les salles de quartiers avec des petits films d’horreurs et se retrouvaient aux commandes des films de séries B dans le parcours des films dits "normaux", avec force distribution et promotion. C’était le temps béni des comédies absurdes où la bande Zucker-Abrahams-Zucker régnait en maître et où certains producteurs n’hésitaient pas à donner du crédit pour voir des petits monstres verts attaquer une ville, où un canard d’une autre dimension pouvait se retrouver sur terre, ou un scientifique rocker pouvait passer la huitième dimension. C’était un temps où les films pouvaient avoir des castings de seconds couteaux, ou les acteurs non bankable pouvaient se retrouver en tête d’affiche sans que les décideurs ne sortent le métrage directement dans les vidéos-clubs. C’est dans cette période dorée que le jeune Sam Raimi, encore tout auréolé du succès planétaire de son Evil Dead, s’essaye à la comédie débile et délirante, avec son visuel si particulier et de nombreux emprunts à l’univers du dessin animé. C’est à cette période, dans l’appartement qu’ils partagent avec Sam Raimi, que les frères Coen, dont on connaît l’esprit décalé (Arizona Junior, Big Lebowski, Le Grand Saut) et dont le Sang pour sang avait fait son petit bonhomme de chemin, donnent naissance au scénario de Mort sur le gril.

CA CARTOON

Si, sur le canevas de papier des frères Coen, le film est une parodie des films noirs et gore, il faut attendre que Sam Raimi y pose sa patte de virtuose visuel pour y voir l’image cartoonesque au rythme et aux éléments extravagants proches de Chuck Jones. À grand renfort d’objectifs à courte focale ou grand angle, de mouvements alambiqués, et en y plaçant des effets sonores improbables qui constituent les us et coutumes du genre, Raimi n’en finit pas de s’adonner au dessin animé. Comme avec cette scène de club où le personnage de Renaldo, interprété par Bruce Campbell, fume une cigarette dont la fumée s’anime et devient une danseuse sexy se déhanchant sur une rumba improvisée. Et avec les personnages de Vic, apparemment parent avec Porky, et des deux dératiseurs, voisins hystériques du Coyote et de Sam le pirate, la comparaison continue. D’ailleurs, la scène de course-poursuite finale, où Nancy au volant de sa voiture essaye d’échapper aux deux tarés dans leur van, avec un Vic plus décidé que jamais à tenter l’impossible pour sauver sa belle, rappelle les plus beaux moments de Bip Bip et Coyote, où les méthodes les plus méchantes et gratuites pour gagner la partie sont ici excellemment rendues. Et si l'on peut reprocher à Mort sur le gril de ne pas avoir une intrigue plus épaisse, c’est aussi parce qu’il n’en a pas besoin. Les personnages sont presque des boules de flipper qui rebondissent à la moindre occasion sur une idée pour la rendre encore plus absurde qu’elle ne l’est déjà, pour se retrouver vers une autre idée tout aussi stupide et ainsi faire avancer l’histoire. Et nous, spectateurs de ce non-sens visuel, de se délecter devant cette histoire avec un sourire affiché presque semblable à celui du joyeux bourreau Ultra-Brite officiant dans la chambre des condamnés du film.

par Christophe Chenallet

En savoir plus

Quelques liens :

Partenaires