Mon Voisin Totoro
Tonari no Totoro
Japon, 1987
De Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Musique : Joe Hisaishi
Durée : 1h26
Pendant la convalescence de leur mère, Mei et Satsuki s'installent dans la campagne japonaise avec leur père, à la lisière d'une forêt peuplée d'étranges créatures...
Avant de devenir l'emblème du studio Ghibli, Totoro a connu bien des embûches qui ont failli lui être fatales: difficultés de financement, producteurs effrayés, durée incertaine (Mon Voisin Totoro devait initialement durer une soixantaine de minutes), opération promo quasi désespérée (un ticket pour Le Tombeau des lucioles donnant le droit de voir également Mon Voisin Totoro, le but étant d'attirer les élèves se rendant au film de Takahata avec leur classe...). Au final, Totoro est un très joli succès d'estime qui finira par enfler petit à petit, le "buzz" autour de l'oeuvre féérique de Miyazaki faisant d'elle un film culte (tout aussi culte que les deux chansons que votre serviteur pourrait vous interpréter à l'occasion, aidé dans sa tâche par ses collaborateurs de choc).
Sorte d'antidépresseur à la fois apaisant et euphorisant, Mon Voisin Totoro est un miraculeux mélange de magie, de poésie et de spiritualité. Tapageuse phrase d'accroche se contentant d'aligner paresseusement les superlatifs? Ceux-ci se vérifient pourtant sur pièce durant les 86 minutes du film. Dans un décor bucolique se dispersent des figures sacrées imposant un caractère religieux à l'atmosphère de Totoro. Du Totoro lui-même, figure de déité dans une forêt mystérieuse, aux monuments sacrés parsemés dans le décor ou manifestations de la nature empruntant au boudhisme, aux croyances animistes ou à l'esprit shinto. Tous ces éléments participent à l'atmosphère particulière de quiétude qui émane de Mon Voisin Totoro: une fable sur l'enfance, une ôde à la nature où la magie et les manifestations religieuses prennent pour cadre le quotidien de deux jeunes enfants tout aussi émerveillés que le spectateur lors des apparitions d'un chat-bus, d'un Totoro accueillant ou de noiraudes qui déboulent dans leur maisons...
Reste un sentiment d'émerveillement devant un tel spectacle, délicat et contemplatif, se limitant souvent à un minimalisme assez magique: les dialogues se font parfois très rares, l'intrigue tient finalement sur un confetti (et pourtant le rythme est parfaitement soutenu, l'émerveillement constant)... Voilà une divine réussite, une invitation au voyage et à la rêverie d'une douceur singulière, qui suscite une folle envie de s'endormir sur le ventre d'un Totoro...