Inglourious Basterds

Inglourious Basterds
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Inglourious Basterds
États-Unis, 2009
De Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Avec : Michael Fassbender, Diane Kruger, Mélanie Laurent, Brad Pitt, Eli Roth, Christoph Waltz
Photo : Robert Richardson
Musique : Ennio Morricone
Durée : 2h33
Sortie : 19/08/2009
Note FilmDeCulte : *****-
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France. Seconde Guerre Mondiale. La jeune Shoshanna Dreyfus doit fuir les Nazis qui viennent d'assassiner sauvagement ses parents. En fuite à Paris, elle est recueillie dans un petit cinéma de quartier. Dans le même temps, Aldo Raine, un lieutenant des forces alliés, recrute les membres d'un commando chargé des missions spéciales sur le sol allemand.

LE BÂTARD DE DIEU

Après environ dix ans d’attente, déboule enfin sur les écrans l’arlésienne Inglourious Basterds, au titre bourré de fautes comme pour annoncer qu’il ne serait pas à l’image que les fans s’étaient fait. Lancé comme un pari par Quentin Tarantino, souhaitant voir le film prêt pour le Festival de Cannes 2009 et faire un « chef-d’œuvre avant la fin de la décennie », le projet déconcertait dès sa mise en chantier. En lieu et place du casting d’habitués du réalisateur (Tim Roth et Michael Madsen, longtemps annoncés) ou d’icônes du cinéma d’action (Stallone et Schwarzenegger, jadis évoqués), la distribution se compose presque exclusivement de nouveaux venus et d’inconnus. En réalité, cette surprise initiale devait s’avérer le premier indice d’un changement de direction vis-à-vis de l’entreprise. Après avoir flirté avec le grindhouse en écrivant Une nuit en enfer et lui avoir donné ses lettres de noblesse avec le diptyque Kill Bill, Tarantino signait un Boulevard de la mort un peu récréatif. Là où l’on pouvait craindre une certaine redondance, son nouvel opus n’a rien d’un gag. Transcendant tout aspect gimmick, le nouveau film de l’auteur renoue avec la maturité de Jackie Brown. On y retrouve tout ce qui fait le cinéma de Tarantino tout en remarquant un certain renouvellement de la part du cinéaste. Est-ce cette différence qui a déconcerté le public cannois, refroidi par une œuvre qualifiée de désincarnée, longuette et bavarde ? Serait-il passé à côté de cette lettre d’amour au pouvoir du 7e art ?

ONCE UPON A TIME IN NAZI-OCCUPIED FRANCE

Si Inglourious Basterds n’a rien du délire non-stop ultra-référentiel qu’était Kill Bill, c’est sans doute parce qu’il témoigne d’une plus profonde digestion des influences du bonhomme. Dès le départ, il est clair que l’ouvrage ne se limiterait pas à film de guerre avec un groupe de soldats central, façon Les Douze Salopards. Une fois passé le vieux logo Universal (pas le dernier en date, ni même l’avant-dernier) qui donne tout de suite le ton, et suivant le générique sur une police de western et une partition empruntée à Fort Alamo, le premier plan de la première scène, magnifique vista, renvoie davantage à Il était une fois dans l’Ouest qu’à tout film sur la Seconde Guerre Mondiale. Une fois de plus, le récit se découpera en chapitres, presque tous s’articulant autour d’un dialogue – souvent trilingue – entre une personne dissimulant un secret et une autre risquant à tout instant de le découvrir. Et le premier chapitre annonce la couleur. Lent, prenant son temps, il pose les bases de la tuerie (dans tous les sens du terme) à venir. Qu’il s’agisse du visage « à l’ancienne » de Denis Menochet ou du jeu, très justement récompensé à Cannes, d’un Christoph Waltz en pleine jubilation, en passant par la tension croissante, on se régale de chaque détail. Avec maestria, Tarantino se permet de dilater le temps, jouant constamment sur la longueur, sur un suspense hitchcockien, non dénué d’humour, souvent absurde (le lait, la pipe). Le metteur en scène a conscience de faire un film pour les cinéphiles avertis de ce genre de rouages. Evidemment il y a des Juifs cachés quelque part. Evidemment ils seront découverts. Et malgré ces certitudes, ou plutôt grâce à elles, l’auteur rend la séquence des plus ludiques. Jusqu’à ce qu’elle soit surpassée par l’époustouflante scène de La Louisiane, tour à tour drôle et tendue.

FILM FREAK

Rares sont les metteurs en scène dont les films témoignent d’une telle foi absolue en le pouvoir du cinéma. Quentin Tarantino y croit. Dur comme fer. Nul besoin d’un Schwarzenegger pour faire de son personnage une icône cinématographique. Un carton de série B et un flashback narré par Samuel L. Jackson suffisent à faire d’Hugo Stiglitz (Til Schweiger) un personnage inoubliable. Un surnom et une entrée en scène de gladiateur parviennent à rendre Donny Donowitz (Eli Roth) mémorable. Chez Tarantino, Diane Kruger trouve enfin un rôle dans lequel exceller, interprétant Bridget Von Hammersmark, actrice allemande et agent double. Oui parce qu’ici les héros sont intimement liés au monde du cinéma. Les soldats sont pris sur des missions parce qu’ils étaient critiques avant la guerre (Michael Fassbender, charismatique à souhait) ou deviennent des stars de cinéma en reprenant leur rôle dans des films de propagande (Daniel Bruhl, à des kilomètres de Goodbye Lenin). D’ailleurs, Inglourious Basterds n’est-il pas lui-même un film de propagande ? Vantant la suprématie du 7e art sur celle des Nazis ? Au cœur du film brille Shosanna, rescapée juive et propriétaire d’une salle, qui se servira du cinéma au sens propre, du lieu et de la pellicule, pour assouvir sa vengeance, dans un autodafé cathartique. Et même lorsque l’écran aura disparu, son image continuera d’être projetée, semblablement éternelle… Après tout, les films de Tarantino se déroulent toujours dans un univers de cinéma, et non dans le monde réel. Chez Tarantino, la guerre est mise en musique par Ennio Morricone ou un David Bowie on ne peut plus ‘80s; tout le monde possède un surnom, que ce soit celui que les autres craignent, celui qu'ils se donnent eux-mêmes ou celui qu'ils se collent sur le front, pour jouer. Et l’auteur de jouer avec les icônes, l’Américain est presque un pantin à l'accent comique et les hauts dignitaires nazis sont des hystériques angoissés. Film-somme, et sans doute l’un des films que Tarantino semblent le plus faire pour lui et non pour les autres, Inglourious Basterds n’est pas « son chef-d’œuvre »… mais pas loin.

par Robert Hospyan

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