Guerriers de La nuit (Les)

Guerriers de La nuit (Les)
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Le New York des années 70 est morcelé en territoires que se dispute une multitude de gangs. Cyrus, le leader des Gramercy Riffs, propose aux autres gangs de faire une trêve et d’envoyer neuf émissaires désarmés à une convention nocturne ayant lieu dans le Bronx. Son intention est d’unifier tous les gangs de New York, afin de régner sur les rues. Les Warriors de Coney Island se rendent sur place par le métro. Lors de la convention, Luther, malingre et psychopathe leader des Rogues, abat Cyrus avec une arme à feu. Il s’empresse d’accuser les Warriors.

Le slogan de l’affiche américaine originale a fait parler de lui parce qu’il laissait craindre une menace pour les forces de l’ordre, en affirmant que les armées de la nuit comptaient 100 000 hommes, cinq fois plus que les policiers, qu’elles pourraient dominer New York, que cette nuit, elles étaient à la recherche des Warriors ("These are the armies of the night, they are 100,000 strong. They outnumber the police 5 to 1. They could run New York City. Tonight They’re all out to get the Warriors"). On eut peur que le film incitât les jeunes à se réunir en bandes organisées. La réputation sulfureuse du film a eu pour conséquence son interdiction quelques mois, en France, pour cause d’incitation à la violence. Pourtant, les véritables gangs ne se sont pas unifiés pour faire régner le chaos dans les rues... et le film a été auréolé de ce parfum de scandale. Le film vaut d’ailleurs beaucoup plus que cette étiquette de film incitant à la violence en bande. Il est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs de Walter Hill, qui a co-écrit le sujet d’Alien de Ridley Scott en 1979 (sans être crédité), et qui est surtout connu pour avoir réalisé 48 Heures en 1982, avec le génial Eddie Murphy. Il a sombré dans l’oubli avec Supernova en 2000 et vécu le retour en grâce avec Un seul deviendra invincible en 2002, qui oppose Wesley Snipes et Ving Rhames.

The Warriors est tout d’abord un roman publié en 1965 par l’écrivain Sol Yurick (né en 1925), qui s’est inspiré d’une histoire grecque écrite au 4e siècle avant Jésus Christ par Xenophon. Il s’agissait du voyage de retour, par la mer, de mercenaires grecs dont le chef avait été tué pendant la guerre contre les Perses. Yurick a déclaré avoir été très déçu par le film de Hill, à qui il reprochait d’avoir changé de héros, d’avoir rendu le film sentimental et moins violent que le livre. Pourtant, la violence présente dans le film suffit amplement à le rendre intense. A ce sujet, d’aucuns ont dénoncé ce qu’ils considéraient comme un traitement irresponsable de la violence par Walter Hill; celle-ci est très graphique, esthétique. La musique très seventies fait corps avec les images de bataille pour former une espèce de ballet. Même s’il est vrai que, dans le film de Walter Hill, l’on ne perd pas de dents ou l’on ne se retrouve pas avec le nez cassé lorsque l’on se prend un coup de batte de base-ball... mais cela vaut pour la plupart des film d’action! Et lorsque le film est sorti, après l’interdiction précitée, on n’a pas constaté de recrudescence de phénomène de bande, malgré les critiques contre le film, lui repprochant une soi-disante glorification de la violence. Quant à la soi disant inanité de l’œuvre, quelle importance que le scénario ne brille pas par sa complexité, puisque le film pullule de scènes d’anthologie. Ici, la forme prime sur le fond.

ATTENTION: NE PAS LIRE SI VOUS N'AVEZ PAS VU LE FILM

(et si vous désirez garder la fraîcheur de la découverte de scènes fantastiques)

Tout d’abord, lors du générique de début, au rythme d’une musique rock incroyablement entraînante de Barry De Vorzon, on voit les différents émissaires de chaque bande se rendre à la convention, les Blackjacks, Electric Eliminators, Firetasters, Moonrunners, Saracens, Zodiacs. Tous revêtent un uniforme distinctif, tous sont plus inquiétants les uns que les autres! Ces images sont entrecoupées par des plans où l’on voit les membres des Warriors discuter deux à deux de la convention à venir; l’effet est saisissant, le spectateur attend la réunion de tous les gangs avec appréhension…(ça ne peut pas bien se passer, les personnalités sont trop fortes!).

La convention: Cyrus est aussi charismatique que Marlon Brando jeune dans le film de Joseph L. Mankievicz, Jules César (1953)!

La scène de poursuite avec les Baseball Furies: Quatre Warriors, Swan, Snow, Ajax et Cowboy, se retrouvent à la sortie du métro nez à nez avec neuf Baseball Furies, habillés en joueurs de base-ball, le visage peint en couleur, une batte à la main. Les Warriors s’enfuient, talonnés par les autres. Fin stratège, Swan indique à Snow de se cacher avec lui derrière un arbre, Ajax et Cowboy servant d’appâts. Les Baseball Furies, qui n’ont rien remarqué, continuent à courir. Ils seront ensuite pris en sandwich par les quatre Warriors!

Le territoire des Lizzies: Comme les sirènes attiraient les malheureux marins vers leur perte (référence à la mythologie grecque!), les Lizzies emmènent trois Warriors, Cochise, Vermin et Rembrandt chez elles pour se payer du bon temps. Sur l’air Love is a Fire, interprété par Genya Raven, certaines d’entre elles se mettent à danser lascivement, tandis que d’autres, peu farouches, enlacent Vermin et Cochise, sous l’œil méfiant de Rembrandt. Soudain, les Lizzies sortent leurs armes; qui un couteau, qui une arme à feu, pour punir ceux supposés avoir tué Cyrus! Les 3 garçons arrivent à s’enfuir en réalisant avec horreur que toutes les bandes veulent leur peau!

Les intermèdes de D.J.: Un disc jockey dont on ne voit jamais que la bouche commente l’action (à l’instar du chœur antique!). Elle passe des disques en encourageant, d’une manière codée, les différents gangs à retrouver... et éliminer les Warriors!

La bataille dans les toilettes pour hommes du métro: Elle se déroule entre les six Warriors restants et une bande dont le leader est monté sur des rollers, à grand renfort de couteaux et chaînes de vélo!

La scène finale sur la plage: Alors qu’ enfin rentrés chez eux, les Warriors s’apprêtaient à se battre à mort contre les Rogues, les Gramercy Riffs arrivent pour châtier les véritables coupables du meurtre de Cyrus (un témoin a parlé). Masai, membre des Gramercy Riffs, fait un geste pour que ses troupes laissent passer les Warriors, comme la mer rouge s’est ouverte en deux, les combattants se divisent... avant de se refermer sur les Rogues!

FIN DES REVELATIONS

Les acteurs ayant joué dans ce film mythique ont pratiquement tous sombré dans l’oubli. Celui qui s’en est le mieux sorti reste James Remar (Ajax) qui s’est spécialisé dans les rôles de salauds (48 Heures, Cotton Club, en 1984, de Francis Ford Coppola). Michael Beck (Swan) a dit quelque chose de tristement lucide sur sa carrière avortée: "Les Guerriers de la nuit m’ont ouvert beaucoup de portes dans l’industrie cinématographique... que Xanadu a ensuite fermées". Précisons que Xanadu est un film de Robert Greenwald, avec Olivia Newton John, Gene Kelly et Michael Beck, qui s’est pris une veste monumentale quand il est sorti en 1980! Beck a quand même relevé la tête en jouant dans une série honorable, de 1986 à 1987: Houston Knights (Texas Police en France), série dans laquelle il partageait la vedette avec Michael Paré, lui-même acteur dans un film connu de Walter Hill: Les Rues de feu (1984). Enfin, Mercedes Ruehl, la femme-flic qui signe (bêtement) la perte d’Ajax, s’est illustrée en recevant l’oscar du meilleur second rôle féminin pour le film de Terry Gilliam, Fisher King, en 1991. Le plus remarquable dans tout ça, c’est que le film vieillit bien; plus de vingt ans après, les vêtements des protagonistes ne paraissent pas ringards, et les acteurs restent fascinants. Il vaut mieux cependant opter pour la version originale, surtout parce que l’actrice principale (Deborah Van Valkenburgh) est doublée en vf de manière exécrable par la comédienne qui faisait la voix française de Titi dans le dessins animé Warner Bros Titi et Grosminet.

par Yannick Vély

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