Frankenstein Junior
Young Frankenstein
États-Unis, 1974
De Mel Brooks
Scénario : Mel Brooks, Gene Wilder
Avec : Peter Boyle, Marty Feldman, Gene Hackman, Madeline Kahn, Gene Wilder
Photo : Gerard Hirschfeld
Musique : John Morris
Durée : 1h41
Le docteur Frederik Frankenstein (prononcez Frankenstine), éminent spécialiste de la médecine, hérite d'une demeure en Transylvannie. Il s'y rend et prend connaissance des travaux menés par son ancêtre, le baron Victor Frankenstein.
Frankenstein Junior est le quatrième film de Mel Brooks, aprés Les Producteurs, Le Mystère des douze chaises et Le Sherif est en prison. Avec Frankenstein Junior, qui fit un triomphe au box office, et après sa parodie délirante de western Le Shérif est en prison, Mel Brooks devint le roi du pastiche des genres hollywoodiens, avant de se faire détroner par les ZAZ (Jim Abrahams, David & Jerry Zucker). Le scénario, fidèle à l'original de James Whale, fut écrit par Gene Wilder, qui ensuite présenta le script à Mel Brooks. Ensemble, ils écrivirent la version définitive. Le film, produit par la Fox, disposa d'un budget conséquent et permit à Mel Brooks de laisser libre cours à tous ses délires. Il confia évidemment le rôle principal à Gene Wilder, qui eut pour partenaires Peter Boyle (le monstre), Madeline Kahn, et le génial comique anglais Marty Feldman (Ygor).
Les années 50-60, par le biais de la compagnie de productions anglaise Hammer, avaient vu le retour en force du film d'épouvante. Cela avait également provoqué l'apparition de parodies de films d'horreur, avec notamment Le Bal des vampires, de Polanski. Aprés le film de Mel Brooks, la vague satirique horrifique se poursuivra avec d'autres oeuvres comme The Rocky Horror Picture Show, Du sang pour Dracula, ou en France Dracula père & fils, avec Bernard Menez et Christopher Lee (joli duo). L'oeuvre de Mel Brooks est, de toutes, la plus réussie, car ce n'est pas seulement un pastiche, mais aussi un hommage aux classiques d'horreur de Universal. Mel Brooks a ansi tourné Frankenstein Junior en noir et blanc, malgré le désaccord de la Fox et les difficultés techniques, retrouvant ainsi l'atmosphére particulière de l'original. Les décors s'inspirent de l'expressionisme allemand, et Mel Brooks a même récupéré certains éléments du laboratoire du baron Frankenstein de la version de James Whale. De plus, le script reste assez fidèle au roman de Mary Shelley. Ainsi, le monstre est présenté de manière respectueuse, il est toujours ce personnage maladroit, attachant et terriblement humain.
Mais le film est avant tout une satire hilarante, le chef d'oeuvre humoristique de Mel Brooks. Il utilise ainsi toutes les facettes de la comédie, comme le comique de situation et de répétition (le nom de Frau Blücher provoque les hennissements des chevaux), les jeux de mots, l'humour trash, et la parodie (la scène au bord de la rivière avec la petite fille). Le must du burlesque est atteint par le personnage joué par l'hallucinant Marty Feldman, qui ne cesse de s'amuser de son étrange physique (yeux montés sur roulement à billes, bosse disgracieuse et baladeuse) et rebondit sans cesse sur les attitudes et les répliques de ses partenaires. Marty Feldman et Mel Brooks se retrouvèrent une dernière fois pour La Dernière folie de Mel Brooks, puis ce dernier disparut hélas prématurément en 1982, tandis que Brooks continua dans la veine parodique, avec des films de moins en moins drôles. Plus tard, le réalisateur produira des films fantastiques comme La Mouche, de David Cronenberg, et Elephant Man, de David Lynch, ceci soulignant son amour pour les classiques du cinéma d'horreur.