Fleur secrète
Hana to hebi
Japon, 1974
De Masaru Konuma
Scénario : Yozo Tanaka d'après l'oeuvre de Dan Oniroku
Avec : Hijiri Abe, Hiroko Fuji, Nagatoshi Sakamoto, Naomi Tani
Photo : Shohei Ando
Musique : Riichiro Manabe
Durée : 1h14
Sortie : 30/11/1999
La sublime épouse d'un PDG refuse de se soumettre aux fantasmes de son mari. Frustré, ce dernier demande à l'un de ses employés modèles, dont la mère fut, après la Seconde Guerre Mondiale, une "maîtresse" réputée, de l'initier à des plaisirs interdits.
FLEUR SAUVAGE
Au commencement était le pinku eiga, littéralement le cinéma rose, trouvaille brandie pour tenter d'enrayer la chute de fréquentation des salles japonaises au milieu des années 60. Des films de sexploitation encore soft, où les organes génitaux sont floutés à l'image. Au début des années 70, la Nikkatsu lance le roman porno, appellation qui tient essentiellement du coup de pub puisque le genre est globalement dans la droite lignée du pinku eiga passé. Temps de tournage et montage rikiki, budget de poche, gros rendement, mais le roman porno n'est pas un résidu Z. Tourné en 35mm, il se distingue parfois par de grandes qualités plastiques, notamment chez l'un des maîtres du genre, Masaru Konuma. Konuma, admirateur de Sade et de Tanizaki, est l'une des figures principales de l'ode au SM, un goût qui vient de loin comme l'indique Agnès Giard dans son ouvrage intitulé L'Imaginaire érotique au Japon, évoquant "un art basé sur les quatre méthodes de torture instituées par le gouvernement Tokugawa, lorsqu'il posa en 1742 les fondements de la loi pénale: fouet, pression par les pierres, ligotage par les cordes et suspension par les cordes [...] A l'apogée de la culture Edo, les descriptions de tortures étaient devenues un genre artistique". La tradition ne date pas d'hier, Konuma porte haut son drapeau.
Fleur secrète correspond totalement aux canons classiques du genre. Plus soft qu'Une femme à sacrifier, mais aussi moins élaboré que La Vie secrète de Mme Yoshino, qui intégrait à sa mise en scène des motifs du kabuki, Fleur secrète est une accueillante porte d'entrée pour le néophyte du roman porno. Dans une atmosphère un rien kitsch qui passe sur sa courte durée (les 74 minutes contractuelles), Konuma construit son intrigue essentiellement au rythme de la progression sexuelle - du lavement imposé au voyeurisme au scato au bondage au triolisme à l'exhib - plus que par de purs rebondissements scénaristiques, expédiés avec une totale nonchalance; mais l'intérêt de l'entreprise n'est pas vraiment là. Celui-ci réside plutôt sur les frêles et frémissantes épaules de Naomi Tani, icône parmi les icônes du genre, héroïne culte qui, en Garbo pink, a décidé en 1979 de se retirer de la vie publique pour, dit-elle, "rester dans la mémoire des spectateurs comme une fleur qui ne fanera jamais". Sa seule apparition à l'écran, elle la fera pour Hideo Nakata, ex-assistant de Konuma, et à qui il a consacré un documentaire, intitulé Sadistic and Masochistic.
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Fleur secrète est présenté dans le cadre de la nuit Roman porno japonais au Festival Paris Cinéma!