Fils de l’homme (Les)
Children of Men
États-Unis, 2006
De Alfonso Cuarón
Scénario : Alfonso Cuarón, Timothy J.Sexton
Avec : Michael Caine, Chiwetel Ejiofor, Claire Hope-Ashitay, Charlie Hunnam, Julianne Moore, Clive Owen
Durée : 1h50
Sortie : 18/10/2006
2027, en Grande-Bretagne. L’humanité ne parvient plus à se reproduire, et la dernière naissance remonte à pratiquement 20 ans. Dans un monde plongé dans le chaos et l’anarchie, Theo est chargé de protéger une jeune femme qui pourrait bien être le dernier espoir du genre humain.
CHILDREN OF THE REVOLUTION
Après avoir rhabillé Harry Potter de noir dans son Prisonnier d’Azkaban, le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron voit l’avenir sombre en adaptant l’oeuvre de la romancière P.D. James. L’argument des Fils de l’homme est SF, mais le traitement s’éloigne radicalement des canons esthétiques high-tech. Les pieds sont dans la poussière et la politique fiction se veut aussi réaliste que possible, spectre de totalitarisme, fantôme d’Orwell, immigrés en cage et ressources mondiales en charpie. La première arme de Cuaron, c’est un talent de metteur en scène qui explose dans son usage virtuose du plan séquence, scotchant à l’action comme aux semelles de ses personnages, et permettant au cinéaste d’accoucher d’incroyables morceaux de bravoure (l’assaut contre la voiture). Virtuose, mais au service de ce qu’il raconte: la caméra du surdoué Emmanuel Lubezki (chef opérateur du Nouveau Monde ou de Sleepy Hollow) prend aux tripes et les griffes du thriller ne relâcheront jamais leur emprise.
CAVALE APRES LA VIE
Derrière l’écho visionnaire, Les Fils de l’homme brille par sa reconstitution, lyrique et soufflante. D’un cerf dans l’école désolée à un décor post apocalyptique de cité éventrée, source tarie de la fertilité, Alfonso Cuaron tire une force picturale qui nourrit un crescendo émotionnel jusqu’au dernier acte, totalement hypnotique. Par son atmosphère, son décor british et déprimant, ou son cerveau fortement irrigué, Les Fils de l’homme contourne la litanie hollywoodienne de déjà vu du genre pour une approche moderne et ultra-brillante, où l’anticipation est ingénieusement minimaliste, le reportage pris sur le vif et la mécanique de la cavale hyper efficace. Un succès auquel participe un cast de haut vol: en haut de la pyramide, Clive Owen, ex futur James Bond et véritable antihéros charismatique, bien entouré par Michael Caine et Julianne Moore dans des emplois inhabituels. Doublement récompensé à Venise, Les Fils de l’homme est une bombe qui mérite amplement les hourras qu’il y a récoltés.