Evil Dead

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Evil Dead
The Evil Dead
États-Unis, 1981
De Sam Raimi
Scénario : Sam Raimi
Avec : Betsy Baker, Bruce Campbell, Hal Delrich, Ellen Sandweiss, Sarah York
Photo : Tim Philo
Musique : Joe Lo Duca
Durée : 1h25
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Un groupe d’amis décide de passer un week-end dans une maison isolée au milieu d’un bois. Ils y trouvent un livre étrange, le Livre des Morts, et un magnétophone dont l’enregistrement déchaîne des forces démoniaques. L’un après l’autre, les imprudents se retrouvent zombifiés. Pour les survivants, le seul moyen de se débarrasser des possédés consiste à les démembrer.

Après avoir fait ses premières armes sur des courts métrages en super 8, Sam Raimi décida de réaliser un film d’horreur à petit budget (environ 400 000 $), bien qu’ayant toujours eu peur de ce type de films. Il rassemble des fonds avec ses amis d’enfance Rob Tapert et Bruce Campbell, et part tourner au Tennessee en novembre 1979, dans une baraque au sol couvert de bouses de vaches. Le scénario est improvisé au jour le jour, on remarque tout de même une référence à l’œuvre de l’écrivain Howard Phillips Lovecraft (1890-1937), lorsqu’il est question du Livre des Morts, ou Necronomicon, un livre écrit avec du sang et relié avec de la peau humaine par le dément Abdul Alhazred. A la fin décembre 1979, Sam Raimi ne peut plus payer les acteurs qui décident de partir, excepté Bruce Campbell qui joue le rôle de Ash. Cette défection explique le recours du cinéaste à des doublures, ce qu’il appelle les Fake Shemps, en référence à l’acteur Shemp du groupe comique The Three Stooges. Shemp étant mort avant qu’un film ne soit fini, il avait été remplacé de dos par un autre acteur avec une perruque. The Evil Dead est un curieux patchwork de scènes, voire de plans tournés à des mois d’intervalles, avec des acteurs différents, ou les mêmes acteurs réembauchés après possibilité de paiement. Les faux raccords sont légions, suivant les plans, Ash et Scott ont les cheveux longs puis courts, le zombie Shelly a des chaussettes qui changent de couleur, le zombie Cheryl change de visage, de teinte de cheveux. Pourtant, cela ne nuit pas à la force du film qui peut être regardé comme un film d’horreur sérieux, au premier degré, malgré son côté bricolé.

Parmi les passages les plus impressionnants, on peut citer celui où Linda, la petite amie de Ash, tente de deviner les cartes à jouer que lui cache Shelly, l’amie de Scott. Shelly s’amuse à faire croire à Linda qu’elle est douée, tandis qu’à l’arrière-plan, Cheryl leur tourne le dos en regardant la fenêtre. Soudain, Cheryl se met à identifier les cartes que tient Shelly, avec une voix de plus en plus bizarre et rapide, puis elle se retourne… et l’horreur commence… A l’origine, le nom de Ash devait être Holt, pour faire le jeu de mot Ash Holt (asshole veut dire trouduc), mais l’idée n’a pas été retenue. Le personnage de Ash demeure passif pendant les deux tiers du long-métrage, totalement tétanisé par la transformation de ses amies, c’est surtout Scott qui fait montre d’initiative, puis les événements obligent Ash à sortir de son apathie. Evil Dead II (1987) et Army of Darkness (1992) ne seront pas véritablement des suites, mais plutôt des déclinaisons du même thème et, en accord avec le réalisateur Sam Raimi et l’acteur Bruce Campbell, adopteront un ton plus parodique, éloigné de l’épouvante à l’état pur. Le personnage de Ash évoluera dans le mauvais sens en devenant de plus en plus bête et rustre.

On ne peut pas passer sous silence la médiocrité de la version française de The Evil Dead, même si l’on retrouve, non sans une certaine nostalgie, des voix féminines spécialisées dans le doublage de dessins animés enfantins des années 80. La traduction est approximative, en passant sous silence que Cheryl est la sœur de Ash. Pire, elle est erronée, ce qui rend le film incohérent. Le meilleur exemple est celui où Ash demande à Scott ce qu’ils vont faire de Shelly coupée en morceau. Dans la V.F, Scott déclare: «On va la brûler». La V.O est différente: «We’re gonna bury her», («On va l’enterrer»). La scène suivante montre Ash et Scott en train d’enterrer la fille démembrée, forcément! The Evil Dead doit également beaucoup aux effets spéciaux de Tom Sullivan et Bart Pierce, qui ont réussi à mélanger les maquillages traditionnels et l’animation image par image à la Ray Harryhausen. La scène de décomposition des zombies est spectaculaire et l’on oublie vite son aspect pâte à modeler.

Sam Raimi s’est rendu célèbre pour l’originalité de ses plans et pour l’usage de la caméra subjective, dans certaines scènes, ce qui est filmé représente ce que voit la force malfaisante tapie dans les bois. D’autres réalisateurs s’inspireront à la même époque de ce procédé, comme Michael Wadleigh, dans Wolfen (1981), pour donner le point de vue des loups. N’étant pas un fan de films horrifiques, Raimi montrera par la suite que l’on ne peut le cantonner à ce genre en tournant des films plus graves, comme Un Plan simple (1998), Intuitions (2000) et réussira à réaliser l’une des meilleures adaptations de bande dessinée à ce jour avec Spider-Man (2002). Ce qui est un peu triste, c’est que Bruce Campbell, qui avait la vedette dans la série des Evil Dead, se retrouvera à faire de la figuration dans le dernier film de son ami Sam Raimi. Une dernière précision: ne cherchez pas, dans le film, la scène de l’affiche, où l’on voit une femme tirée dans le sol par une main. Bridget Hoffman, qui ne joue pas dans le film, a juste posé pour des photos promotionnelles dont l’une devint cette affiche si célèbre.

par Yannick Vély

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Evil Dead est ressorti vingt ans après sa première sortie, le 7 mai 2003, dans toute la France.

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