Devdas

Devdas
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Devdas
Inde, 2002
De Sanjay Leela Bhansali
Scénario : Sanjay Leela Bhansali
Avec : Madhuri Dixit, Shah Rukh Khan, Aishwarya Rai, Jackie Shroff
Durée : 3h00
Sortie : 02/04/2003
Note FilmDeCulte : ******

Devdas, fils de bonne famille de retour de Londres après y avoir effectué ses études, retrouve Paro, celle qu’il aime depuis son enfance. Mais, en raison de l’appartenance de la jeune fille à une caste inférieure, leur mariage est rendu impossible.

LE PRINCE, L’ AMOUREUSE ET LA COURTISANE

Devdas, adaptation d’un classique de la littérature bengali, figure le retour aux sources pour le mélo musical bollywoodien. Ces dernières années ont vu le cinéma commercial local se complaire dans de paresseux films d’action musicaux s’éloignant quelque peu des drames flamboyants des 50’s (période de l’Age d’or). Le film de Sanjay Leela Bhansali est un enfant direct de ces histoires, de ces festins tragiques. Tout d’abord, alors que le cinéma indien a surtout misé sur les acteurs ces dernières années, Devdas fait la part belle aux muses en donnant une importance aux rôles féminins: Paro (Rai Aishwarya, Miss Monde), amoureuse éplorée, et Chandramukhi (Madhuri Dixit, superstar locale), charmante courtisane, n’ont ainsi pas de mal à éclipser l’insipide Devdas du titre. Outre ces deux figures féminines, les liens avec les ancêtres sont étroits, entre hommage et citation. Devdas demeure dans cette tradition théâtrale d’art du grotesque, de la gestuelle et de la mimique, une calligraphie du geste qui ne trouve son équivalent que dans le cinéma de Hong Kong. Le film est d’ailleurs à Bollywood ce que Tigre et dragon est au cinéma des arts martiaux: un best of au goût du jour des figures classiques d’un genre. Bollywood, c’est un cinéma de motifs récurrents – et Devdas n’y échappe pas. Tout ce qui participe à l’esthétique de la montée du désir est de sortie: les fontaines (et l’élément aquatique en général), les voiles, les escaliers ou les ventilateurs accompagnent les flambées amoureuses des personnages. Certaines chorégraphies sont des citations de classiques du genre, le kaléidoscope tourbillonnant de Fleurs de papier trouvant ici un équivalent lors d’une danse. Devdas répond donc fidèlement aux canons du genre en forme de roman photo éblouissant.

SEV

Si le statut mammouth du spectacle est renforcé par sa durée (trois heures), c’est également un sens visuel éclatant qui fait de Devdas une jubilation permanente des mirettes. Les numéros musicaux, tous plus enivrants les uns que les autres, s’orchestrent dans un décor aussi rutilant qu’un camion de pompiers, baigné dans des couleurs chaudes entre le rouge et le doré. Parmi ces danses, la plus remarquable, climax euphorisant du film, est le numéro des deux muses chez la courtisane. Le dispositif scénique fait place à la figure de l’absorption et de l’envoûtement par le geste: la conception architecturale de l’espace par l’idée de circularité (le cercle sur le sol, les danseuses tournoyant sur elles-mêmes, la circularité de la "scène", l’homme qui tourne autour de celle-ci), les mouvements de caméra traduisant l’attraction par le geste, toute la suggestion de la scène est celle de l’envoûtement tourbillonnant, de la perte des repères grâce au vertige provoqué par ces éléments conjugués. De cet envoûtement, de ce vertige, Devdas en regorge. Spectacle unique et flamboyant, il accomplit sa tâche de divertissement gargantuesque en réconciliant l’héritage des anciens avec le public d’aujourd’hui. Préparez vous à taper du pied, voire à trépigner pendant la séance.

par Nicolas Bardot

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