The Dead don't die
États-Unis, 2019
De Jim Jarmusch
Scénario : Jim Jarmusch
Avec : Steve Buscemi, Adam Driver, Danny Glover, Selena Gomez, Bill Murray, Iggy Pop, Chloë Sevigny, Tilda Swinton
Photo : Frederick Elmes
Durée : 1h43
Sortie : 15/05/2019
Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l’évènement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : THE DEAD DON’T DIE – les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.
TOMBE RAIDEUR
Ah Jim Jarmush… Ce réalisateur à la filmographie faite de hauts et de bas et dont les récents hauts font débats. Car oui Only lovers left alive et Paterson n’ont pas trouvé que des amis sur leurs routes. Et aujourd’hui encore, le bonhomme derrière Ghost dog et Dead man, risque de susciter bon nombre de discussions tant avec ce The Dead don’t die il arrive les deux pieds dans le plat dans un genre totalement nouveau pour lui, un genre qu’on sait “protégé“ et ou plus d’un auteur s’est cassé les dents. Indécrottables défenseurs intellectuels du cinéaste indé vs gardiens du temple du genre : le combat est ouvert ! Alors oui c’est sûr Jarmush a révisé ses classiques et ne s’est pas aventuré en territoire hostile la bouche en cœur. Oui presqu’évidemment, il cite le grand maitre Romero pour caresser les puristes dans le sens du poil. Oui il revient aux premières versions du mort-vivant en évitant à ses cadavres ambulant d’hurler de rage et de courir à toute berzingue. Mais ces quelques « étapes obligatoires » suffisent-elle au film pour en faire une œuvre pleine et accomplie avec le message nécessaire qu’on est en droit d’attendre avec ce genre de produit ? Non. Car c’est quasiment une comédie que le réalisateur de Coffee and cigarettes est venu nous raconter. Ou plutôt une comédie noire au tempo et à la personnalité unique comme lui seul en a le secret, une incursion comique en territoire zombie ou il convie le best of de ses camarades de jeu. Sauf qu’au-delà de la hype que le projet peut susciter, on a vite fait de constater qu’à part quelques situations ou légères descriptions de personnages (allez, va pour le rôle complètement azimuté de Tilda Swinton), le film se fait vite poussif et paresseux (le zombie Iggy Pop qui réclame du café c’est non !) et que Jarmush semble se reposer uniquement sur son casting cinq étoiles pour faire passer la pilule d’un script qui tourne à vide et qui n’a rien à dire de plus que ce que Romero nous disait déjà dans sa trilogie originale (et La Nuit des morts-vivants c’était il y a 50 ans quand même !) sur la société de consommation, le nationalisme, etc. Alors si en plus il se permet des interventions méta inappropriées et injustifiées qui semblent camoufler un vrai manque de carburant narratif, on a juste l’impression d’assister à un spectacle pour l’intelligentsia critique qui réhabilite depuis peu un certain cinéma de genre, ainsi qu’à un pot-pourri de la “méthode“ Jarmush appliquée sans aucune once d’originalité. Dur. Vous l’aurez donc compris, The Dead don’t die passe à côté de son potentiel, se montrant même assez vaniteux, futile et anodin et termine donc logiquement sa route dans la fosse commune au milieu d’autres œuvres totalement oubliée et anonymes. A bon entendeur…