Crocodile Dundee

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Alors qu’elle effectue un reportage en Australie, la journaliste Sue Charlton rencontre Mick "Crocodile" Dundee, légende locale d’un patelin perdu. Au terme d’un séjour mouvementé dans le bush australien, Sue propose à Mick de découvrir à son tour sa jungle à elle: New York.

ON SE FAIT UN BOUT D’BROUSSE?

Qui aurait pu prédire qu’en cette année 1986, l'un des succès surprise serait un quasi remake comique des aventures de Tarzan à New York avec, devant comme derrière la caméra, uniquement des inconnus. Strictement personne. Mais durant ces années fastes qu’étaient les années 80, l’on pouvait faire des films, juste sur un scénario, sans acteur ni réalisateur connu, sans passer par le circuit indépendant et le tout dans le fun et la bonne humeur. Avec la simple formule de l’aventure, de la comédie et de la romance, dans une ambiance cool où la joie et l’humour du héros sont communicatifs, la sauce prenait encore. En effet, il s’agit exactement du mélange propice à attirer les foules dans les salles. Si le public féminin se focalisera peut être plus sur la romance, le public masculin, lui, regardera peut-être plus le coté "Indiana Jones" du pauvre, et l’on savourera le film de 7 à 77 ans. Et malgré la relativement courte durée du film, le réalisateur Peter Faiman nous assène un rythme trépidant au travers de clichés typiques: l’Australie avec ses patelins bouseux et ses braconniers de kangourous face à un New York crasseux et très "Brett Easton Ellis", propice autant aux soirées "hype" qu’à la coke, aux putes et aux agressions. Et pourtant, malgré ces clichés, c’est dans "chacun sa jungle, chacun ses autochtones" que ce solitaire un peu nihiliste et cette brushing girl aux robes de soirées excentriques finiront par tomber dans les bras l’un de l’autre.

LISTEN TO YOUR HEART

Le bourru sensible contre la midinette trop sûre d’elle, voilà bien un exemple concret de deux personnalités fortes promises aux choses de la vie, malgré cette antinomie présenté au premier abord. Après tout,"Crocodile" Dundee n’est autre que l’un de ces vieux baroudeurs machos qui peuplent la contrée de Walkabout Creek, où le sexe n’existe pas car remplacé par l’amitié virile, les bagarres dans les bars et la bière à volonté. Sue, elle, est du genre femme mondaine, plus habituée aux klaxons des embouteillages qu’aux morsures de serpents. Seulement au contact de l’inconnu, du dépaysement et du danger, les sens sont éveillés et il n’en faut pas plus à nos deux protagonistes pour faire jaillir cette idylle que seuls les films peuvent nous conter. Idylle d’abord naissante autour du "syndrome de la maternelle", où l’on embête toujours celui dont on est amoureux puis, au fur et à mesure de l’avancée du film, se transformant en triangle amoureux. Et Crocodile de se retrouver coincé au milieu d’une espèce de double jeu, car Sue avait bien évidemment oublié de parler de son compagnon arriviste et crâneur, resté en ville et attendant sagement le retour de sa dulcinée au cœur d’artichaut. Mais après tout, comme dans toute bonne love story, les dés sont pipés d’avance et tout finit bien pour ce gentil petit couple à l’alchimie spontanée. Car pour qu’un tel duo et qu’une telle histoire fonctionnent, outre le scénario, il faut aussi compter sur la personnalité et le charisme de chacun des comédiens. Si Linda Kozlowski épouse assez concrètement le rôle de la citadine pleine de succès, le film ne serait pas celui qu’il est sans l’image incroyable que dégage Paul Hogan, mélange d’Indiana Jones en plus mature et de la sympathie naïve et séduisante d’un éternel enfant blagueur.

UN INDIEN DANS LA VILLE

Car finalement, qui est Paul Hogan? Un artiste sorti de nulle part, inconnu du monde entier (si ce n’est en Australie où il anima un show télé durant les années 70), dont toutes les preuves étaient encore à faire. Mais avec le scénario qu’il coécrit, et un rôle taillé sur mesure, l’homme emporte haut la main cette interprétation pas aussi facile qu’elle n'y parait. Arrivant à faire passer tout un panel d’émotions à son personnage à travers un fort accent et un faciès pouvant décliner à la fois la séduction, l’interrogation, le cynisme, l’appréhension et la malice, il rend le personnage des plus sympathiques et favorise même une éventuelle identification. Et Hogan, n’hésitant pas à jouer de l’autodérision, se permet même d’utiliser certains clichés afin de placer comme il veut une autre ironie: celle d’une certaine culture américaine. Avec ce genre de l’aventure comique et sentimentale, certaines images telles que l’Australie, ce pays arriéré, ou New York, cette ville dangereuse, sont clairement utilisées de manière risible, mais possèdent pourtant une efficacité à toute épreuve. Après tout, personne n’a oublié les gags du couteau et du pickpocket ni celui de l’indigène finalement très cultivé. Enfin, le personnage de Dundee doit aussi son salut grâce aux seconds rôles que composent John Meillon, dans le rôle de Walter, le gentil acolyte australien, personnage gaffeur et finalement incapable qui ne serait pas grand-chose sans son icône d’ami qu’il vend aux touristes, ou Reginald VelJohnson, dans le rôle de Gus, le chauffeur qui n’a pas froid aux yeux. Tous ces éléments font qu’au final Crocodile Dundee n’est autre qu’un sympathique et léger film, à l’ambiance bon enfant et qui n’a toujours rien perdu de son charme. Un film qu’il est toujours plaisant de regarder, ne serait-ce que pour se rappeler qu’il fut quand même récompensé du Golden Globe du meilleur acteur pour une comédie, de la meilleure musique aux BMI Film Music Awards ainsi que d’une nomination aux Oscars pour le meilleur scénario, ce qui paraît désormais improbable pour une comédie.

par Christophe Chenallet

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