Crazy Love
Mi tao cheng shu shi
Hong Kong, 1993
De Roman Cheung
Scénario : Roman Cheung, Vincent Kok
Avec : Loletta Lee
Durée : 1h14
Une jeune fille de bonne famille décide de retrouver son petit ami sur l’île de Lantau alors que ses parents la pensent partie pour un séjour linguistique en Angleterre. A son arrivée sur l’île, elle surprend son petit ami au lit avec une autre fille. Folle de rage, elle le quitte et se lance dans des aventures, bien décidée à se livrer à des plaisirs interdits.
PAS SAGE COMME UNE IMAGE
La catégorie 3 est réservée, à Hong Kong, aux films interdits aux moins de 18 ans. Dans la catégorie 3, tout est permis: ultra violence comme sexe le plus débridé. Crazy Love n'a rien de hardcore mais le film est pourtant frappé par cette interdiction, un frein qui ne l'a pas empêché de devenir culte. Il raconte les tribulations érotiques d'une jolie jeune femme libre dans sa tête et surtout dans son corps. Il y en aura pour tous les goûts et toutes les obsessions: voyeurisme (l'héroïne, innocente et épanouie, ne voit pas le mal à se promener tout le temps toute nue), sexe sous contrainte (elle échappe de peu à deux dévoyés mal intentionnés) ou touche-pipi adolescent (une partie d'Action ou Vérité sur le canapé du salon). La première partie de Crazy Love marche comme un menu à la demande de toutes les excitations possibles, et le film ne perd d'ailleurs pas de temps puisqu'il s'ouvre par une scène de douche. Détail important: le réalisateur, Roman Cheung, n'est pas du genre à se contenter d'un gros plan de visage ou même d'un plan taille.
Cette première moitié est ce que Crazy Love propose de mieux. A savoir une absolue fraicheur, roman d'apprentissage et roman picaresque, conte d'été et comédie érotique, mêlés à une surdose kitsch absolument irrésistible. Car dans Crazy Love, on s'aime sur des jingle musicaux dignes d'une émission de télé-achat, et Loletta Lee, l'héroïne de ce sexy zap, un tiers bonbon, un tiers fleur sauvage, un tiers Cocogirl, se retrouve souvent à se dévêtir sur la musique de la Cuisine décorative. Le film offre le bras de fer habituel entre la misogynie d'une mise en scène où la femme n'est qu'un très beau morceau de viande et le girl power d'une écriture où le personnage principal se joue des hommes et n'hésite pas à donner des coups de genou là où ça fait mal. Crazy Love est une petite météorite d'improbable, venue d'un autre monde et d'un autre temps (on peine d'ailleurs à croire que le film ne date que de 1993). Un kif zinzin absolument réjouissant.