Les Crados
Les aventures de quelques gamins dégoûtants sortant du slime d'une poubelle abandonnée.
AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS
Lionel poubelle, Renée morvoné, Karine vermine, Pascal trou-de-balle, Jean-Louis dégueulis ou tout simplement Stéphanie Pipi. Si vous êtes né quelque part dans les années 70 ou 80, vous avez certainement connu cette hantise : à quelle sauce mon prénom a-t-il été assaisonné par Les Crados ? Créées en 1985 par Mark Newgarden et Art Spiegelman (l’auteur, dans un tout autre registre, de la bande dessinée Maus), ces cartes à collectionner sont rapidement devenues cultes (et redoutées) dans les cours de récré. Le principe ? Une illustration de bambin généralement en fâcheuse posture (transformé en cochon, en PQ ou en poteau sur lequel pissent les chiens), un prénom (Vanessa, Nicolas, Baudouin, Suzon, tout le monde y aura droit) et une vanne ou un jeu de mot si possible scabreux/scato. De la pure poésie régressive-débiloïde qui avait, à l’époque, créé la polémique (le Commandant Cousteau, pas le dernier pour se marrer un bon coup, avait poussé un coup de gueule) mais dont le mauvais esprit potache surprend encore aujourd’hui.
Ceux qui imaginent que les projets ciné aussi pourris qu’opportunistes du type adaptation d’Hypoglouton datent d’hier manquent de mémoire. Car Les Crados ont eu droit, eux aussi, à leur adaptation filmique avide de flouze. Aux manettes, un réalisateur qui s’est auparavant illustré avec des films tels que La Clinique en folie et Son of Hitler (sans compter les épisodes de Shérif, fais-moi peur ! qu’il a dirigés) – ce sera son dernier long métrage avant sa mort. Le résultat est une des pires choses jamais créées par la race humaine et qui a sa place sur un coussin doré au top des pires films de tous les temps.
Les Crados raconte le triste sort de quelques gamins nés littéralement d’une poubelle (plus précisément une poubelle de l'espace comme à peu près tout ce qui est issu des années 80), dégoulinant de son vert slime, et qui viennent nous empester pendant 1h30 en poussant occasionnellement la chansonnette – un concept repris depuis tous les ans à la télé par les Enfoirés. Une première version du script envisageait ces Crados comme un pur film d’horreur et c’est encore un peu le cas. Car le malaise provoqué par ces marionnettes atroces et hideuses, sortes de version dégénérée des Minikeums, vaut bien quelques visions horrifiques. La non-histoire sans queue ni tête s’achève dans un défilé de mode où des mannequins se font mettre à moitié à poil par ces poupées morveuses prises de flatulences incontrôlables et dégobillant sur de mauvais bougres – un finale apocalyptique qui serait le rejeton dégueulasse de Freaks et de Benny Hill. Il y a deux ans, des rumeurs de reboot des aventures des Crados ont refait surface. On ne sait pas si on doit l’espérer comme un miracle de Noël ou au contraire le craindre comme la peste…