Avanti!

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Avanti!
États-Unis, 1972
De Billy Wilder
Scénario : Billy Wilder d'après d'après l'oeuvre de Samuel A. Taylor
Avec : Edward Andrews, Franco Angrisano, Gianfranco Barra, Jack Lemmon, Juliet Mills, Clive Revill
Photo : Luigi Kuveiller
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 2h24
Note FilmDeCulte : *****-
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Wendell Ambruster Jr, riche homme d’affaire américain, doit se rendre sur une petite île d’Italie pour rapatrier le corps de son père, décédé dans un accident de voiture. En arrivant à l’hôtel où logeait M. Ambruster Sr., Wendell fait la connaissance d’une certaine Pamela Piggott, qui s’avère être la fille de la maîtresse de son géniteur. Bloqué sur l’île en attendant l’arrivée des cercueils, il va tout faire pour éviter le scandale que pourrait causer une telle révélation.

ITALY IS NOT A COUNTRY. IT’S AN EMOTION.

Cinquième collaboration du trio Jack Lemmon - Billy Wilder - I.A.L. Diamond, Avanti! est souvent considéré comme mineur dans la carrière des trois hommes. Il est vrai que sa structure, issue de la pièce de Samuel A. Taylor, se complait dans le théâtral et se trouve parfois embarrassée de rebondissements superflus; de plus, son atmosphère mélancolique semble peu propice à la comédie. Ainsi, le film fait partie de ces œuvres laissées de côté alors qu'elles regorgent de petits détails succulents et de traits typiques du travail des deux scénaristes. Jack Lemmon monte dans un avion, et, sans aucune explication, sous les yeux ébahis de l’équipage et des passagers, échange ses habits avec un autre homme. Le film débute à peine que la toile de fond est déjà posée. Déguisements et jeu de rôle (un thème récurrent dans la collaboration Wilder – Diamond) vont être développés sous différentes facettes: double vie de Wendell "Willy" Ambruster Sr., usurpation de l’identité de Madame Ambruster par Catherine "Kate" Piggott, reconstruction d’une soirée qu’auraient pu vivre "Willy et Kate", transformation de Pamela en interprète ou manucure pour masquer sa relation avec Wendell, qui se dédouble pour devenir peu à peu l’image de son père. Pour compléter la panoplie, le réalisateur a truffé son film de références cinématographiques et de dialogues toujours aussi cocasses et décalés.

Billy Wilder était également réputé pour être un grand directeur d’acteurs et savoir capter l’essence même de ses personnages. Avanti! ne déroge pas à la règle. Juliet Mills, au départ banale en Pamela "fat ass" Piggott, coincée dans son tailleur gris, devient de plus en plus sexy et attirante sous l’objectif de Wilder, comme s’il représentait l’évolution du regard que Wendell pose sur elle. A ses côtés, un Jack Lemmon en pleine forme qui alterne avec justesse boutades, sautes d’humeur et tendresse. Alors qu’il découpe violemment des photos compromettantes de Pamela et lui allongés nus sur un rocher, il s’arrête tendrement sur un détail, comme happé par la photo. Pour les chaperonner, Clive Revill en maître d’hôtel confident, dont chaque intervention est un point de repère, une sorte de palier servant à faire avancer l’action. A l’image de la séquence de l’identification des corps, transformée en mariage des deux défunts par les "I do" prononcés par Wendel et Pamela, Wilder a su émailler son film de petits détails loufoques. Accompagné d’un sympathique air de mandoline et baigné par le soleil radieux de l’île d’Ischia, Avanti! est une comédie romantique délicate et pleine de nostalgie. Sans jamais faire rire aux éclats, il se traverse en douceur, le sourire aux lèvres.

ALL THE TIME WE THOUGHT HE WAS GETTING CURED HE WAS GETTING LAID INSTEAD?

Avec ce film, Billy Wilder s’amuse une fois de plus à donner un coup de pied dans la morale bien-pensante américaine. Comme dans Irma la Douce ou Certains l’aiment chaud, il se sert des clichés d’un pays ou d’un certain milieu pour se moquer de sa terre d’accueil. Certes, les Italiens sont réputés pour être des magouilleurs et avoir une justice corrompue, mais qu’en est-il de ce pays qui se croit le maître du monde, qui doit recevoir tout à l’instant où il le demande, qui n’hésite pas à nommer consul un homme mort pour qu’il obtienne l’immunité diplomatique et puisse quitter le pays et qui pratique encore la peine de mort? "Let's talk about Sacco and Vanzetti", lance Clive Revill à Jack Lemmon lorsque ce dernier s’offusque de la justice italienne. Wilder va encore plus loin. L’autorité américaine, incarnée par J.J.Blodgett, militaire détaché aux affaires étrangères, est présentée comme vieillissante et impuissante. L’adultère devient un soin, une cure de remise en forme d’un mois pour Wendell Sr., une nouvelle façon d’appréhender la vie pour Junior. Pour couronner le tout, il prend le malin plaisir de faire enterrer à Baltimore sous les yeux de Kissinger une petite frappe de la mafia italienne. Wilder dans toute sa splendeur.

par Julie Anterrieu

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