Arthur et les Minimoys
Arthur and the Invisibles
France, 2006
De Luc Besson
Scénario : Luc Besson, Céline Garcia, Patrice Garcia d'après d'après l'oeuvre de Luc Besson
Avec : Anthony Anderson, Penny Balfour, Jason Bateman, David Bowie, Robert De Niro, Snoop Dogg, Emilio Estevez, Jimmy Fallon, Mia Farrow, Freddie Highmore, Harvey Keitel, Madonna, Chazz Palminteri
Photo : Thierry Arbogast, Dominique Delguste
Musique : Eric Serra
Durée : 1h43
Sortie : 13/12/2006
Le jeune Arthur découvre un jeu de piste laissé par feu son grand-père qui mène au monde souterrain des Minimoys, un peuple minuscule vivant sous son jardin…
DIX DE DER… ?
C’est, soi-disant, son dernier film. Luc Besson a en effet juré de raccrocher après son dixième long métrage. Promesse martelée au cours des années mais qui d’ores et déjà a du plomb dans l’aile quand l’intéressé affirme vouloir réaliser les suites d’Arthur en cas de succès du premier volet. Quoi qu’il en soit, même s’il ne s’agit pas d’un ratage, le film est indigne de la carrière de Besson, que ce soit son dernier ou non. On pourra penser ce que l’on veut de son CV de producteur, trop souvent voué au succès facile à tout va, la plupart du temps au détriment de la qualité. Mais Besson le réalisateur a toujours veillé à choisir ses films soigneusement. Même les plus décriés gardent une aura, une classe. Le Cinquième Elément réussissait à instaurer un véritable univers de B.D.; Jeanne d’Arc, malgré ses limites, osait un regard décalé sur la sainte. Même Angel-A était porteur d’une véritable sincérité, certes naïve, mais qu’on ne retrouve dans aucune des productions Europa. C’est en ce sens principalement qu’Arthur et les Minimoys déçoit. Le film n’est pas une catastrophe, mais il est bien trop quelconque et anonyme pour séduire.
SORTIE DE ROUTE
Jamais Besson n’aura autant semblé suivre des modes. D’un côté la grande vague de l’animation 3D. De l’autre, les films de fantaisie. Pourtant, son film ne manque pas d’ambition, puisqu’il s’est entouré des ses collaborateurs traditionnels, des habitués de l’image live, pour donner une cohérence bessonienne à la mise en scène virtuelle (on remarquera d’ailleurs, dans la partie chez les Minimoys, quelques plans typiques du réalisateur). Le choix de mélanger prises de vues réelles et plans numériques aurait pu apporter un petit plus au film. Malheureusement, les deux ne réussissent jamais à fusionner. L’animation des Minimoys, signée du studio BUF, est jolie, mais le design tout à fait artificiel des personnages empêche la sauce de prendre. Quant à l’univers des Minimoys, il n’est jamais réellement exploité, que ce soit dans leur culture ou même dans leur rapport au monde miniature, laissant ainsi l’impression amère d’une toile de fond totalement vaine à base d’oreilles pointues. On l’a dit, Besson a toujours réalisé des films qui, par leurs défauts ou leurs qualités, avaient le mérite d’être marquants. C’est ça le plus grave: manquant de l’onctuosité narrative d’un Harry Potter, de la poésie des Orphelins Baudelaire ou même de la grandiloquence boursouflée d’un Narnia, Arthur et les Minimoys se laisse regarder avec le plaisir tiède de l’indifférence.