Mia Farrow en 10 films cultes
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Qui a besoin d'un Oscar quand on a la carrière de Mia Farrow ? Muse de Woody Allen ou figure culte du cinéma d'horreur, cette Mia n'est pas de pacotille. Même si elle n'a jamais, durant sa carrière, été nommée pour la moindre statuette dorée. A l'occasion de la sortie de l'hommage qu'elle va recevoir cette semaine au Festival de Locarno, retour sur la carrière d'une actrice pas comme les autres en dix films cultes.
Rosemary's Baby, Roman Polanski (1968)
Une ritournelle chuchotée par Claudine Longet, une coupe de cheveux recopiée par toutes les jeunes filles de l'époque, et surtout un poupon bien flippant. Voici quelques uns des ingrédients de Rosemary's Baby, perle d'horreur paranoïaque absolument cultissime qui a starifié la toute jeune Mia Farrow, alors surtout connue comme l'épouse de Frank Sinatra. Sa fragilité diaphane, son jeu à fleur de peau en font une victime idéale pour réalisateurs sadiques. Après Polanski, d'autres s'amuseront à torturer Mia, mais personne aussi bien que lui.
Terreur aveugle, Richard Fleischer (1971)
Une famille est sauvagement assassinée dans sa maison. Seule rescapée, une jeune femme interprétée par Mia. Pas de chance, son personnage est aveugle, ce qui ne facilitera pas les choses... Pépite méconnue signée Richard Fleischer, Terreur aveugle est à la fois un suspens horrifique extrêmement efficace au premier degré et un réjouissant spectacle pervers au second, avec une Mia se cognant, dans son malheur, contre tous les meubles, le tout culminant lors d'une roulade dans la boue aussi horrible que jubilatoire. Encore une fois, pas de pitié pour Mia.
Le Cercle infernal, Richard Loncraine (1977)
Le Cercle infernal porte bien son nom. Car le film d'horreur de Richard Loncraine poursuit la courbe entamée par Rosemary's Baby, plongeant une nouvelle fois Farrow dans les affres de la maternité traumatique. Farrow incarne une mère détruite par la perte de sa fille. L’hypersensibilité de son jeu entraperçue dans ses premiers longs métrages, devenue une force, lui permet littéralement, cette fois, de ressentir l’au-delà.
Un mariage, Robert Altman (1978)
Féroce et zinzin, Un mariage est un peu le film-choral type qui a valu à Robert Altman sa réputation de misanthrope. Mais la méchanceté d’Un mariage est aussi une façon de regarder ses personnages en face. Deux héroïnes atypiques sont en retrait de ce panier de crabes. Celle interprétée par Lillian Gish, qui renonce et préfère mourir dès le début du film. Et celle de Mia, à la fois absente (une réplique en 2h) et omniprésente dans le cadre (son hymen est au cœur des débats), fumant ses clopes avec assurance et détachement. Loin des filles embarrassées de ses premiers films.
Supergirl, Jeannot Swarcz (1984)
La guigne côté maternité se confirme pour Mia Farrow : elle est cette fois la mère de la super-héroïne la plus imbécile de la galaxie (après la Catwoman d’Halle Berry). Probablement morte de honte, Farrow s’éclipse rapidement et laisse tout le sale boulot à Faye Dunaway en mode déchéance 80’s. A n’en pas douter, Mia devait envier ce rôle de sorcière-marâtre que Dunaway joue avec la passion qu’on lui connait.
La Rose pourpre du Caire, Woody Allen (1985)
Après toutes ces frustrations filmiques, La Rose pourpre du Caire est enfin le film des rêves les plus fous de Mia, où son amour de celluloïd transperce directement l’écran pour venir dans notre monde. Mais le conte de fées de Woody Allen est plus amer qu'il n'y paraît. Et a l’honneur de figurer dans la très courte liste de films dont Allen dit être fier, parmi ceux qu’il a réalisés.
Hannah et ses sœurs, Woody Allen (1986)
L’un des sommets de sa collaboration avec Woody Allen. Farrow est Hannah dans ce qui constitue l’une des meilleures comédies dramatiques de son auteur. Hannah et ses sœurs restera le plus gros succès de Woody Allen jusqu’à Match Point, et fera sa route jusqu’aux Oscars, remportant trois statuettes. Mais rien pour Mia.
September, Woody Allen (1987)
Tourné puis retourné (la légende dit que Woody aurait même voulu tourner le film une troisième fois) avant d’être un flop total en salles, September n’aura pas la chance d’Hannah et ses sœurs. Pourtant, ce film sous l’influence de Tchekhov, délivrant une mélancolie automnale, fait partie des grandes réussites de son auteur.
Une autre femme, Woody Allen (1988)
Le gros du gâteau de Une autre femme est pour Gena Rowlands. Mia Farrow (qui joue une nouvelle fois une femme enceinte et perturbée) incarne un personnage en creux qui révèle celui de Rowlands. Personnage-clef donc, dans ce film plutôt méconnu d’Allen. Miniature de 80 minutes, il s’agit pourtant d’un de ses plus beaux, et peut-être de son plus émouvant.
Alice, Woody Allen (1990)
Une date pas comme les autres dans la filmographie de Mia Farrow. Alice présage l'émancipation de Mia hors de la carrière de Woody Allen (ils ne tourneront plus que deux films ensemble). A l’écran, son personnage passe de gentille femme docile-toutou à une independent woman et maman héroïne. Son secret: l’herbe à rigoler. Depuis, si sa carrière au cinéma témoigne toujours d’un goût pour les univers curieux, de Gondry à Solondz, sa vie semble ailleurs. Ambassadrice de l’Unicef, elle est extrêmement impliquée sur la question du Darfour. Elle a personnellement convaincu Spielberg de renoncer à son rôle de conseiller artistique du gouvernement chinois pour les émissions télévisées des jeux olympiques de 2008. La même année, Time Magazine la désigne comme une des personnes les plus influentes au monde. En 2011, elle est l’une des « femmes qui changent le monde ». La jeune fille de cinéma, terrorisée dans Rosemary’s Baby, semble appartenir à une autre vie.
