Spike Lee
États-Unis
Né en 1957 à Brooklyn, Spike Lee étudie au Morehouse College, puis à la Tisch School of the Arts de l’université de New York, dont il sort diplômé en production cinéma. C’est à cette époque qu’il met en scène ses premiers courts-métrages, The Answer et Sarah. Il reçoit le prix du meilleur film d’étudiant en 1983 pour Joe’s Bes-Stuy Barbershop: We Cut Heads, qui est par ailleurs salué aux festivals de Montréal, Rotterdam, Los Angeles et San Francisco, et sera même diffusé à la télévision américaine. Spike Lee avouera plus tard avoir pris tout de suite la grosse tête, attendant près de son téléphone que la Fox, la Warner Bros ou même Spielberg l’appellent avec l’intention de lui proposer du travail. A force de trop attendre en se tournant les pouces, il n’eut pas assez pour payer ses factures et la ligne de téléphone fut coupée… Ce jour là il comprit qu’il devrait œuvrer dans le cinéma indépendant pour survivre
Obligé de renoncer à un premier projet pour des raisons financières, il parvient à mettre en scène son premier long-métrage en 1987, Nola Darling n’en fait qu’à sa tête. Il a écrit le scénario de cette comédie de mœurs, dont il est aussi l’interprète principal, le producteur et le monteur, et qu’il réalise en deux semaines. Il y met en scène la bourgeoisie noire de Brooklyn. Ce film sera récompensé à plusieurs reprises et remportera le Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes. Les critiques américains le surnomment à l’époque le Woody Allen noir. Très vite, il profite du succès pour fonder sa maison de production, 40 Acres and a Mule, qui sera présente au générique de tous ses films sans exception jusqu’à aujourd’hui. En 1988, Spike Lee écrit, réalise et interprète School Daze, une comédie musicale satirique sur les fraternités universitaires afro-américaines. Avec Do the Right Thing, dont il est à nouveau le scénariste, le réalisateur et l’interprète, il aborde le drame et traite du racisme. S’il soulève des controverses, le film est également considéré comme une vision des plus pertinente des relations raciales aux Etats-Unis. Spike Lee obtient une citation à l’Oscar du meilleur scénario original pour ce chef d’œuvre, et Danny Aiello est cité pour celui du meilleur second rôle. Lee remporte le prix du meilleur film et celui du meilleur réalisateur décernés par la Los Angeles Films Critics Association. Do the Right Thing est tout de suite un film culte, sur les traces du Mean Streets de Martin Scorsese.
En 1990, il réalise Mo’Better Blues, autre comédie de mœurs dont il est à nouveau l’interprète aux côtés des prometteurs jeunes comédiens Denzel Washington et Wesley Snipes. Il retrouvera d’ailleurs ce dernier pour Jungle Fever l’année suivante. Il signe ensuite un biopic avec Malcom X, dont il est coproducteur, réalisateur, scénariste et comédien. Denzel Washington, qui incarne le militant de la cause noire, y fait une remarquable interprétation, citée à l’Oscar, et le film s’impose aussitôt comme une référence et un classique. Deuxième chef d’œuvre pour le réalisateur le plus afro-américain des Etats-Unis. Avec Crooklyn, Spike Lee revient à l’univers de Brooklyn au début des années 70 et signe un film plus personnel. Il en co-écrit le scénario avec son frère Cinque Lee et sa sœur Joie Susannah Lee. Clockers, son huitième film réalisé en 1995, d’après le best-seller de Richard Price, est produit par Martin Scorsese. Harvey Keitel, John Turturo et le jeune Mekhi Phifer tiennent les têtes d’affiche. Il enchaîne ensuite sur Girl 6, avec Theresa Randle dans le rôle principal. Le film se déroule dans le milieu méconnu des opératrices de téléphone rose. Avec Get on the Bus, il filme à la manière d’un documentaire l’histoire d’un groupe d’hommes se rendant à la Million Man March. Il développe ensuite sa passion du basket dans He Got Game, l’histoire d’un jeune espoir de la NBA, avec le véritable joueur Ray Allen et Denzel Washington. Il revient en 1999 avec Summer of Sam, qui se déroule durant l’été 1977 à New York, avec le césarisé Adrian Brody, mais aussi John Leguizamo et Mira Sorvino. Le film démontre que Lee n’a rien perdu de sa maestria, aussi bien dans l’écriture que dans la mise en scène. Troisième chef d’œuvre du réalisateur, plus controversé celui-là, car mal vendu. The Very Black Show, dont il est aussi le scénariste, représente pour Lee un retour à la satire humoristique et à ses débuts de réalisateur, avec un film entièrement tourné avec des caméras numériques, dans un style comparable à ses premières réalisations en Super 8 dans les rues de Brooklyn. Le film est interprété par Damon Wayans et Jada Pinkett-Smith.
Depuis, Spike Lee a réalisé les documentaires Jim Brown: All-American pour la chaîne HBO et The Original Kings of Comedy pour MTV. Il est aujourd’hui d’actualité avec La 25e Heure, son quatrième chef d’œuvre. Outre son activité cinématographique, Spike Lee a aussi produit et réalisé des clips pour Tracy Chapman, Chaka Khan, Anita Baker, Public Enemy, Miles Davis et Michael Jackson. Enfin, il a également été nommé à l’Oscar pour son documentaire intitulé 4 Little Girls, et a obtenu un Emmy Award pour son film sur John Thompson pour HBO. Il a tout récemment reçu, à Paris, un César d’honneur pour sa courte mais déjà prolifique carrière.