Berlinale: Chi-Raq

Berlinale: Chi-Raq
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Chi-Raq
États-Unis, 2015
De Spike Lee
Avec : Angela Bassett, Nick Cannon, Samuel L. Jackson, Teyonah Parris, Wesley Snipes
Durée : 2h07
Note FilmDeCulte : *****-
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Après le meurtre d'un enfant par une balle perdue, un groupe de femmes dirigé par Lysistrata s'organise contre la violence en implosion dans le sud de Chicago.

LA GUERRE EST DÉCLARÉE

Dissipons un potentiel malentendu : Chi-Raq n'est hélas pas le biopic tant attendu sur votre Bernadette préférée. D'ailleurs le titre se prononce à l'américaine Chaïrak, comme une combinaison de Chicago et Irak. Le film s'ouvre sur des statistiques glaçantes: dans le même laps de temps, la guerre des gangs de Chicago a tué plus de citoyens américains que la guerre en Irak. « C'est une urgence nationale ! », martèle le générique en lettre rouges géantes, tandis qu'un puzzle de flingues se transforme... en carte des États-Unis. De toute évidence, Spike Lee n'est pas là pour rigoler. Et pourtant si, justement. Chi-Raq est un drôle d’électrochoc qui n'a pas peur de grand chose, et surtout pas du ridicule. Tant mieux.

Le nouveau Spike Lee n'est pas un drame brutal et pontifiant. C'est une comédie satirique à l’énergie incroyable, parfois dansée et chantée, qui passe par l'artifice outrancier pour faire passer son message. Le scénario est une transposition dans la communauté noire des banlieues violentes de Chicago d'un texte du poète comique grec: Aristophane. Et on ne peut pas dire que le film se repose sur ce seul décalage. Avec un sacré appétit, Spike Lee règle ses comptes à à peu près tout le monde, mais en emballant sa colère dans un paquet cadeau coloré qui explose joyeusement à la figure.

Lysistrata (Teyonah Parris, repérée dans Dear White People) rassemble les femmes de sa communauté, et ensemble elles imposent la paix en privant leurs maris et amants de parties de jambes en l'air. Déjà adapté par d'autres cinéastes (mais aussi déjà arrivé pour de vrai), le fait divers est un peu convenu. Le discours politique anti-armes et anti-machisme qui en découle n'est pas des plus subtils, mais ceux qui feront le plus la fine bouche sont sans doute ceux qui se sentiront le moins concernés par ces problèmes bien réels. Spike Lee se fiche visiblement de faire un film politique bien propre, et là encore tant mieux. Chi-Raq tombe parfois du mauvais côté du bon goût (un enterrement sur des violons sirupeux dignes d'un téléfilm), mais le plus souvent retombe sur ses pattes avec férocité. Le temps d'un plan tellement gonflé qu'il paraîtrait impossible à accepter sur le papier, un membre de gang et un flic blanc s'associent pour tirer... vers la caméra. L'un comme l'autre sont des ennemis, et leur victime c'est nous.

Spike Lee est réputé pour ne pas forcément tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler, et cela se confirme ici. Mais malgré ses lourdeurs, Chi-Raq bombe le torse avec fierté comme ses héroïnes rebelles qui n'ont que faire d'être des épouses parfaites. Et ce casting all-star (Samuel L.Jackson en Monsieur Loyal, Angela Bassett en voix de la sagesse, Jennifer Hudson qui hérite encore de scènes à Oscar, et même le revenant Wesley Snipes) participe grandement à l'impression que le film déborde d'amour pour sa communauté. Un amour contagieux, sous forme d'un film pop et malin.

par Gregory Coutaut

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