Nuri Bilge Ceylan

Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan est un habitué du festival de Cannes qu’il retrouve pour la quatrième fois avec son nouveau film Les Trois singes. En 1995 il était en compétition pour son court métrage Koza et déjà les thèmes qui lui sont chers, tels la famille, l’impossibilité de communiquer et l’isolation, étaient au rendez-vous. L’histoire de ce vieux couple dont les deux protagonistes sont enfermés dans leur cocon respectif et qui n’échangent pas un mot pendant le métrage n’est pas sans rappeler Les Climats (Prix Fipresci en 2006) qui thématise une rupture au fil des saisons. Son premier long-métrage Kasaba en 1998 utilisait déjà les saisons pour rythmer la vie d’une famille dans une petite ville turque à travers les yeux d’un enfant. Ce film forme une sorte de trilogie autobiographique avec Nuages de Mai (2000) et Uzak (2003) pour lesquels le réalisateur a fait appel à des amis, des membres de sa famille et a utilisé des lieux familiers comme coulisses. Ce dernier film lui ayant permis de décrocher le prix du jury à Cannes en 2003 et celui de la meilleure interprétation pour ses deux acteurs principaux. Nuri Bilge Ceylan est un réalisateur accompli car il a également écrit tous ses films, il en était le caméraman et les a co-montés avec Ayhan Ergürsel. Pour Les Trois Singes il laisse pour la première fois sa place derrière la caméra et a co-écrit le scénario avec son épouse Ebru Ceylan, actrice dans Les Climats et Uzak, et Ercan Kesal, qui joue le rôle de Servet dans ce nouveau film. Les œuvres de Nuri Bilge Ceylan sont caractérisés par l’extrême beauté des cadres et après l’expérience des Climats tourné avec une caméra haute définition, permettant non seulement un grain d’une grande finesse mais également une impressionnante profondeur de champs, il retrouve ce format pour Trois Singes ; raison supplémentaire de retrouver le cinéma de ce talentueux réalisateur.