John Travolta

La Fièvre du samedi soir, Grease, Carrie, Blow Out ou encore Pulp Fiction. La carrière de John Travolta est un gigantesque grand huit entre Palme d'or et navets cosmiques, et l'homme n'a jamais reçu de tonnes de lauriers en tant qu'acteur. Pourtant, combien de comédiens hollywoodiens de sa génération peuvent compter autant d'oeuvres cultes dans leur filmographie? Retour sur la carrière du deuxième scientologue le plus connu au monde après Tom.

LA FIEVRE DANS LE SANG

De sang italien et irlandais, John Joseph Travolta naît le 18 février 1954 dans le New Jersey. Après une école d’art dramatique où il apprend notamment à danser, John s’embarque pour Hollywood et tourne quelques spots de pub. Il intègre ensuite le casting d’une comédie musicale racontant sur scène à Broadway des amourettes durant les 60’s: Grease. A 21 ans, Travolta tourne son premier long métrage. Il décroche un petit rôle dans The Devil’s Rain, film d’horreur qui compte Ernest Borgnine, William Shatner et Ida Lupino comme stars. Son premier carton sur grand écran arrivera un an plus tard. Il est Billy, ado qui se plaît, comme ses camarades, à torturer une étrange camarade de classe nommée Carrie. Il ne lui faudra pas moins de neuf mois pour préparer son rôle suivant, neuf mois où le jeune homme danse du matin au soir afin d’être crédible dans La Fièvre du samedi soir. Sorti en pleine furie disco, le film devient instantanément culte, et Travolta se voit starifié immédiatement. Un statut encore renforcé lorsqu’il tourne dans l’adaptation ciné de Grease, où son couple formé avec Olivia Newton John devient immortel.

GRANDEUR ET DECADENCE

Au même moment, Terrence Malick tourne Les Moissons du ciel, dont Travolta a dû refuser le rôle principal. Curieuse anecdote, Travolta devenant un peu l’homme responsable de la carrière de Richard Gere. Ainsi, après Les Moissons du ciel, finalement revenu à Gere, Travolta refuse American Gigolo et Officier et gentleman. Des années plus tard, John décline le rôle de l’avocat chantant Billy Flynn dans Chicago, rôle récupéré par… qui l’on sait. A l’aube des années 80, Travolta est roi du monde et peut bien refuser ce qu’il veut. Lorsqu’il retrouve Brian de Palma, c’est pour tenir cette fois le rôle principal de Blow Out en 1981. Débute ensuite une décennie de choix désastreux (Staying Alive, suite fumeuse de La Fièvre…, ou Perfect et ses séances d’aérobic 80’s) et de films qui sentent le placard (la trilogie Allo maman…). Car si le premier Allo maman… cartonne, la recette reste alimentaire et les dollars rapportés par les épisodes suivants vont decrescendo.

STAYING ALIVE

Puis vient l’impensable résurrection: sous la houlette de Tarantino, et pour 140.000 dollars (il touchera 20 millions par rôle trois ans plus tard), Travolta retrouve l’aura culte de ses jeunes années avec Pulp Fiction, film culte par excellence et inattendue Palme d’or à Cannes. L’acteur n’a plus quitté la liste A depuis, malgré quelques choix assez malheureux qui jalonnent une carrière façon montagnes russes. Pour un grand John Woo (Volte/Face), il tourne un navet avec le même réalisateur (Broken Arrow). Contre une apparition dans La Ligne rouge où il se décide, cette fois-ci, à ne pas louper Terrence Malick, Travolta dévore l’affiche du nanar scientologue Terre champ de bataille. C’est ainsi, et si Travolta n’a probablement pas les qualités d’un immense comédien, il capitalise sur un certain charisme et une faculté à sentir le succès là où personne ne le voit, voire le carton américain de l’improbable Bande de sauvages. Lorsqu’on lui propose le rôle d’Edna dans Hairspray, John est amusé: "Ça alors, 32 ans que je tiens le rôle principal masculin… et qu’est-ce qui peut vous faire penser que je serai la femme parfaite?". Il l’est pourtant, de ses mimiques de clown joufflu à ses pas de danse comme à ses premiers jours, retrouvant avec succès le genre qui a fait sa gloire. Et la fait encore.

par Nicolas Bardot