Jan Kounen

Jan Kounen
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Réalisateur, Scénario, Acteur, Musique

Jan Kounen est un réalisateur qui aime à se promener hors des sentiers battus du paysage cinématographique français. Son cinéma, c’est autant d’images que de sensations. L’aplomb, l’audace et la jubilation sont les mots qui le caractérisent le plus. Avec à son actif quatre courts-métrages, trois longs-métrages, deux documentaires ainsi que de nombreux clips et pubs, Kounen s’est construit une réputation de virtuose de la caméra, avec un goût prononcé pour les images fortes et une volonté affichée de s’amuser tout en faisant ressentir.

BIENVENUE DANS L’AGE INGRAT

Cinéaste d’origines corse et hollandaise (un côté explosif coule déjà dans ses veines), Jan Kounen est né le 2 mai 1964 à Utrecht (Pays-Bas).Voulant être à l’origine dessinateur de BD, il choisit pour ses études l’ E.P.I.A.R, l’Ecole des Arts Décoratifs de Nice. Kounen voulait juste raconter des histoires à la manière de Métal Hurlant (magazine de chevet de nombreuses personnes), "puis, aux arts déco, on m’a forcé, dans le cadre d’un exercice, à faire un petit film. Je me suis tout de suite rendu compte que c’était pour moi! J’étais à l’aise avec le découpage, les acteurs. Tout à coup, ça m’excitait plus que la BD". Alors, il tourne ses premiers courts-métrages en super 8 (Soft) et 16 mm (La Mort jauneThe Broadword) et réalise aussi des films d'animation pour la télévision hollandaise. Il s’exerce aussi avec le dessin animé, puis passe à la pixillation (technique d’animation image par image) et sort de l’école en 1988 avec le Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique sous le bras. Il devient ensuite assistant opérateur, réalisateur de documentaires et caméraman reporter. En 1989, il met en scène Gisèle Kérosène, qui obtient le Grand Prix du court métrage au Festival d'Avoriaz et, un an plus tard, signe L'Age de plastic (sorte de clip / court métrage) pour le groupe Elmer Food Beat. En 1990, il dirige le clip vidéo de Pauline Ester Le Monde est fou, retourne pour Elmer Food Beat le clip de la chanson culte Daniella. Il enchaîne aussi avec les groupes Chihuahas et Erasure (Voulez-vous, Lay All Your Love On Me). Avec tout ces projets et entre ses courts métrages, il lorgne aussi du coté de la publicité avec de nombreux spots tournés aussi bien en France qu’en Allemagne ou en Grande-Bretagne pour différents produits dont Peugeot, Gordon's Gin, Adidas, Foster,…

BIENVENUE DANS LE CHAOS

Avec toutes ces expériences Jan Kounen n’en finit pas d’expérimenter et d’atteindre son style si particulier. Et l’école du court métrage est parfaite pour cela. En 1989, il écrit et réalise donc son premier court (Gisèle Kérosène), un délire complètement baroque mais néanmoins assumé. Cette course-poursuite de sorcière travestie à la quête d’un fétiche au beau milieu du quartier de la Défense à Paris est une expérimentation à part entière. Tourné comme un film d’animation, on assiste presque à une expérience image par image, avec ce visuel saccadé et rectiligne. Un an plus tard, il tourne Capitaine X. Dans un univers post-apocalyptique, une bande de mercenaires a fait prisonnier "un soldat" du camp adverse et s’apprête à l’exécuter. Filmé entièrement en caméra subjective, ce film inachevé (selon les dires de Kounen lui-même) témoigne de l’incroyable direction d’acteur et de la facilité à créer une ambiance en studio dont il est capable, le tout dans un univers pas si lointain de Delicatessen de Caro et Jeunet. Puis c’est l’aventure Vibroboy. Projet écrit en 1991 avec Carlo de Boutiny, qu'il tourne en 1993, ce court métrage halluciné et hallucinant narre la métamorphose de Léon, un zonard plutôt limite, en super héros stupide, armé d’un godemiché planté au bout d’un marteau piqueur, qui menace de pénétrer jusqu'à la mort sa femme et son travesti de voisin. À grands coups de caméra folle, de steadycam délirant, de travellings sous tension, le tout dans un format scope magnifique Vibroboy est l’expérience ultime. Tout y est poussé à l’outrance, aussi bien les personnages que la mise en scène. La décoration que le scénario. Et encore une fois, le pari se révèle payant puisque le film reçoit le prix de la recherche au festival de Clermont-Ferrand. Enfin vient Le Dernier Chaperon rouge, une comédie musicale fantastico-naïve proche de l’expérimental, avec Emmanuelle Béart, chorégraphiée par Philippe Decouflé et photographiée par Tetsuo Nagata, qui opérera son retour auprès de Kounen dans Blueberry. Là encore, même s'il prend pour origine le conte de Perrault, Kounen réinvente tout un univers pour mieux se l’approprier. La grande mère devient donc l’ennemi, le loup tombe amoureux du petit chaperon rouge et tout ce petit monde cherche à se l’approprier à des fins assez funestes.

BIENVENUE DANS L’AUTRE MONDE

Jan réalise son premier long-métrage, Dobermann, en 1997. Très controversé mais très remarqué, il porte enfin au format long tous ses délires visuels et ses goûts pour l’extrême avec ce western urbain. Attaqué dès sa sortie sur son non-conformisme et sur ses propos (pourtant à l’exact opposé de ce qu’on veut lui faire dire), Kounen se retrouve vite au milieu d’un procès d’intention qui prend son film comme étendard du mauvais goût et de la perdition d’un cinéma trop bien gardé. Mais quelques 800 000 entrées France plus tard, de nombreuses ventes à l’étranger dont le fameux million de dollars donné par Miramax pour l’exploitation du film aux Etats-Unis, le métrage est devenu pour beaucoup ce film culte qu’on aime à ressortir pour agrémenter les conversations portées sur les extrêmes, avec autant de défenseurs que de détracteurs. Sept ans plus tard, Kounen nous revient avec son western chamaniste: Blueberry. Sept ans de réflexion pourrait-on dire? Sept ans, c’est aussi l’âge de raison. Kounen se serait-il assagi? Aurait-il accepté les propos des ses "ennemis"? Pas du tout! Une fois encore, il prend à contre-pied tout ceux qui l’attendaient au tournant et d’autres encore. Parce que Blueberry vu par Kounen, c’est aussi la libre adaptation de la BD éponyme de Charlier et Giraud. Fort de ses expériences personnelles depuis son absence, il traduit à l’image un anti-western "classique" et ose le pari d’emmener le Marshall Blueberry vers les territoires enfouis de l’âme. Et c’est avec l’accord de Moebius, l’autre visage de Giraud, qu’il nous emmène faire ce voyage initiatique. D’ailleurs, le générique de fin commence sur "a Jan Kounen session", qui traduit bien le fait que, plus qu’un film, il s’agit d’une séance à laquelle on vient d'assister. Autant une séance de cinéma qu’une séance d’analyse de l’âme. Serions-nous en présence d’un nouveau 2001? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. Mais comme le film fait toujours parler de lui malgré son échec financier, tout est encore possible en ce qui concerne un éventuel et futur adoubement de la part de personnes trop bien pensantes. Aujourd'hui Kounen nous revient toujours aussi excité de la gâchette et transpose l'œuvre majeure de l'écrivain Beigbeder en un film destructeur qui risque de faire saigner quelques rétines trop accoutumées au plan-plan d'une production hexagonale frileuse. Quand on vous dit que "faire réagir" c'est son trip…

par Christophe Chenallet

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2007 8 2007 99F 2005 Darshan - l'étreinte 2004 D'autres mondes 2004 Blueberry 1997 Dobermann 1996 Le Dernier chaperon rouge 1994 Vibroboy 1989 Gisele Kerosene

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