99 F

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99 F
France, 2007
De Jan Kounen
Scénario : Nicolas Charlet, Jan Kounen, Bruno Lavaine d'après d'après l'oeuvre de Frédéric Beigbeder
Avec : Antoine Basler, Dominique Bettenfeld, Jean Dujardin, Vahina Giocante, Patrick Mille, Jocelyn Quivrin, Elisa Tovati
Photo : David Ungaro
Musique : Jean-Jacques Hertz, François Roy
Durée : 1h40
Sortie : 26/09/2007
Note FilmDeCulte : ****--
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Octave, jeune concepteur-rédacteur dans une agence de pub parisienne, fortement blasé par les coulisses peu recommandables de son métier, va tout mettre en oeuvre pour se faire licencier.

FRENCH PSYCHO

99 Francs, c'est avant tout l'œuvre maîtresse d'un auteur que l'on aime détester, et qui nous le rend bien. Devenu culte dès sa sortie, et pour cause, il a autant été adoré que conspué, le livre de Frédéric Beigbeder a tellement fait parler de lui que peu de personnes n'ont su rester indifférentes face à ce phénomène. Mais par phénomène, il ne faut pas comprendre succès incompréhensible et immesuré à la Da Vinci Code, mais plutôt merveille de nombrilisme qui a fait éclater à la face de chacun le pseudo réalisme du monde consumériste dans lequel nous nous pavanons. Il n'en fallait alors pas moins à Jan Kounen (même si le projet est passé entre les mains d'Antoine De Caunes, sans succès), autre personne du genre à vouloir faire réagir ses contemporains et ancien fils de pub, pour s'approprier l'univers de Beigbeder et lui donner ce côté visuel exacerbé et halluciné. En découle alors une description du monde de la publicité (à défaut d'être cette satire énorme que le film aimerait être) plutôt divertissante où chaque personnage (personnage?) est plus détestable que son voisin. Découpée en plusieurs parties (à l'image du roman), l'histoire ne raconte pas grand-chose que l'on ne sait déjà mais dresse un portrait dégénéré, haut en couleurs et en hallucinogènes, d'un homme décalé qui régurgite autant qu’il se rejette lui même. Et si la première partie manque peut-être de mordant et d'émotion, elle sait se faire essentielle pour attendre la seconde moitié où l'auteur arrive enfin au paroxysme de ses ambitions et de ses idées pour qu'enfin l'homogénéité entre le livre, la mise en scène et le jeu d'acteur éclate au plus fort dans un final assez joli, presque poétique, même si la plupart du temps on se fait vomir dessus par une sorte de Bret Easton Ellis qui aurait pris les commandes de la caméra. Et le pire c’est qu’on en redemande tant Kounen nous met les yeux en face des trous.

FIGHT CLUB

Si Dobermann jouait la carte d’une certaine provoc' et Blueberry celle d’un lyrisme lancinant et addictif, 99 F choisit plutôt celle de son sujet: la pub. Non que Kounen fasse de son film un long spot barré et osé, mais plutôt une description forcée à grand coup de packshots et d’effets de style (scènes 3D, dessin animé, etc.) à la limite du punk pour nous assener cette comédie acerbe aidée de subtiles nuances où se côtoient aussi le posé et le sobre dans un ensemble toujours classe et audacieux. À ce titre, la double fin est une idée plus que vaillante pour ne pas dire suicidaire. Mais, à ce niveau, une telle audace ne peut qu’être saluée. Et au jeu des réussites, rajoutons également un Jean Dujardin en parfait mimétisme exagéré de son modèle, en subtile bombe à retardement, rempli de nihilisme auto-satisfait et de volubilité incisive car criante de vérité, au même titre qu’une voix-off brillante (elle en devient un personnage à part entière) qui nous ramène en pleine gueule l’image de notre propre condition de soumis aux illustrations et autres propagandes à la limite du flippant. Entouré de seconds rôles écrits et joués aux petits oignons, Dujardin n’a alors plus qu’à parader dans ce monde de sex, drug & easy money qui lui colle à la peau comme la poudre blanche colle aux narines. Au travers de cette visualisation de l’oeuvre éponyme de Beigbeder, Kounen et Dujardin nous secouent bien comme il faut avec un film profusément corrosif qui, à défaut de faire réfléchir, envoie tout de même en pleine figure et tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Si c’est le prix à payer, il ne faut pas hésiter.

par Christophe Chenallet

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