James Cameron

James Cameron
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Réalisateur, Scénario, Acteur
Canada

"Jim n’est pas toujours facile, et Dieu sait qu’il a provoqué des réunions extrêmement difficiles et violentes, mais il ne s’est jamais laissé avoir par des conneries. Il n’a jamais d’exigences concernant la taille de son nom sur l’affiche ou sur son contrat contre celui d’un autre. Pour lui, ce n’est que le film qui compte". Ces bonnes paroles sont de Bill Mechanic, ancien président de la Fox et collaborateur de James Cameron sur Titanic. Star parmi les réalisateurs, Cameron jouit d’une image mi-chèvre, mi-chou. Tyran mégalomane, génie obsédé, control freak imbu de sa personne… on a tout entendu sur son compte. Et son quasi silence depuis son "I’m the king of the world" n’a fait qu’aggraver le malentendu.

IRON JIM

Le surnom ci-dessus dénote bien la volonté de fer de James Cameron. D’abord jeune geek canadien passionné de plongée sous-marine et d’expérimentation scientifique, Jim mute peu à peu en étudiant en sciences cinéphile et débrouillard. Obsédé par 2001 et Star Wars, il veut tout faire pour percer dans le cinéma. A la fin des années 70, il emprunte 25.000 dollars à un consortium de dentistes pour réaliser un court-métrage de SF, Xenogenesis, aux effets spéciaux impressionnants. Il se fait remarquer par Roger Corman et intègre son écurie en qualité de maquettiste et décorateur. Déjà son énergie fait sa réputation: il gravit les échelons à grandes enjambées. Corman: "Certaines personnes marchent pour aller chercher quelque chose. Jim court". L’essentiel est déjà résumé. Cameron n’est que dévouement à son métier, avec passion et inventivité. C’est lorsqu’il réalise un plan de seconde équipe sur le navet Galaxy of Terror que le producteur italien Ovidio Assonitis le remarque et lui confie la réalisation de Piranha 2. Cameron découvre bien vite qu’il n’est qu’un homme de paille destiné à remplir le quota d’américains sur le plateau du nanar aquatique. Il est vite débarqué par Assonitis, mais s’introduit clandestinement dans la salle de montage pour remonter le film. Flop critique et public. James a décidé de ne plus se laisser faire.

INDEPENDENCE DAY

Dès lors, son indépendance comptera plus que tout. Chez Corman, il rencontre la jeune Gale Anne Hurd et, ensemble, ils tentent de vendre le script Terminator aux différents studios. Le scénario plaît, mais pas la perspective de voir l’auteur de Piranha 2 aux manettes. Bon gré, mal gré, Cameron se fait financer par la société Hemdale et veille à garder un contrôle créatif total sur la série B à petit budget. Il dessine, conçoit les effets spéciaux, contourne les problèmes, et crée au final la merveille que l’on sait. Sur Aliens, il impose un design pour la reine extra-terrestre qui inclut un bassin de sept centimètres de diamètre. Stan Winston, le concepteur des effets spéciaux, doit y faire passer cinquante câbles et demande à Jim de changer son dessin. Cameron ne veut rien entendre: sa reine sera comme il la veut, et Winston réussira à la concrétiser. Sur ses tournages, la légende veut que Cameron soit capable de faire leur boulot mieux que chacun des chefs de poste. Le film est tout ce qui compte et tous les moyens sont bons pour parvenir au meilleur résultat possible. Il le dit lui-même, en toute simplicité: "Pour moi, le désir de faire le meilleur film possible passe avant tout".

MIJ

Et c’est là qu’intervient le côté obscur de Jim, surnommé "Mij" par les techniciens. Son alter ego tordu et obsessionnel, prompt à la colère et à l’emportement, est exigeant au point d’en devenir invivable. Les fameux t-shirts qui fleurissent à la fin de chaque tournage ont achevé de créer cette image de Cameron (Terminator 3: sans moi!, The Abyss: The Abuse…). Pourtant le Mr Hyde qui vit dans le sympathique Cameron n’est que le reflet d’un homme qui demande le meilleur de ses collaborateurs et qui s’inflige plus à lui-même qu’à n’importe qui d’autre. Sur Abyss, il passe des heures sous l’eau chaque jour pour tourner et regarde les rushes la tête en bas dans un caisson de décompression. Sur Titanic, il risque sa vie sur l’épave du paquebot pour recueillir de précieuses images. Les dépassements de budget sont fréquents: Terminator 2, True Lies et Titanic ont tous les trois en leur temps été les films les plus chers jamais réalisés. Lors du tournage de la scène de Titanic où le petit enfant russe se fait balayer par les flots, la première tentative ne donne rien. "L’eau n’allait jamais au-dessus d’un mètre. Moi, je voulais une FAÇADE d’eau!", dit Cameron. Il demande de construire un réservoir trois fois plus grand. Le studio suit chacun de ses pas, les producteurs arrondissent les angles de partout et Cameron a le culot d’aller retourner la scène!

WORK OF ART

Pour Cameron, l’art et l’outil ne font qu’un. Chacun doit se nourrir l’un de l’autre pour atteindre le meilleur résultat possible. Jim, qui a fait des études de physique avant de se lancer dans le cinéma, a toujours veillé à rester à la pointe de la technologie. Il se rend compte très tôt du réel potentiel de l’imagerie numérique et, dès Abyss, il cherche à l’exploiter au maximum. Le fameux pseudopode qui prend la forme du visage d’Ed Harris fera date dans l’histoire des SFX (Lire le gros plan). Deux ans plus tard, Terminator 2 fait un bond en avant en créant le T-1000 de métal liquide, prouesse invraisemblable qui fait encore illusion aujourd’hui et ouvre la voix aux dinosaures de Jurassic Park. Longtemps Cameron a voulu pousser le bouchon jusqu’à son paroxysme avec le premier film intégralement en images de synthèse photo réalistes. Ce sera l’avorté Avatar. Pour Titanic, il fait construire par son frère Mike un caisson spécial pour aller filmer l’épave et mobilise une équipe entière de scientifiques russes. Aujourd’hui, Iron Jim se lance dans l’Imax 3D avec ses Fantômes du Titanic, procédé qu’il avait expérimenté sur l’attraction T2-3D et qu’il aimerait réutiliser pour un documentaire sur la future exploration de Mars.

DEMAIN

Parmi ses autres projets figurent l’adaptation du manga Battle Angel Alita et, dans un avenir plus proche, un film sur l’histoire vraie du plongeur Francisco Ferreras et son épouse et muse Audrey Mestre. Une fois encore, Cameron plonge dans les grands fond pour ce Grand Bleu en couple qui se veut un récit de leur relation fusionnelle jusque dans la mort. Le choix est étonnant et inattendu, et paraît décevant en regard du sujet choisi et du potentiel de Cameron. Mais sait-on jamais. Aucun titre ni date de sortie n’ont été révélés, mais Jim devrait commencer certaines prises de vue en octobre. Thématiquement, le pitch évoque l’amour fou d’un Titanic et la fascination aquatique d’Abyss. Concrètement, Cameron ne s’est jamais mieux exprimé que via le cinéma de genre et ses figures emblématiques. Il fait partie de ses auteurs hollywoodiens pour qui les limites et les codes conventionnels sont autant de tremplins pour toucher à la vérité et à l’émotion. Ses films, que ce soit Aliens et sa très belle relation mère-fille, Abyss et sa déclaration d’amour sous-marine, les deux Terminator et leurs scènes de sacrifice, ou encore Titanic et la maturité naissante de la jeune Rose sur fond de fin du monde, sont tous de très beaux portraits de femmes où les personnages se révèlent face à l’action. Comment James se sortira-t-il de ce nouveau projet? Time will tell...

par Yannick Vély

En savoir plus

2003 Ghosts of the Abyss 1997 Titanic 1994 True Lies 1991 Terminator 2: le jugement dernier 1989 Abyss 1986 Aliens, le retour 1984 Terminator 1982 Piranha 2

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