Titanic

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Titanic
États-Unis, 1997
De James Cameron
Scénario : James Cameron
Avec : Kathy Bates, Leonardo DiCaprio, Victor Garber, Gloria Stuart, Kate Winslet, Billy Zane
Photo : Russell Carpenter
Musique : James Horner
Durée : 3h14
Sortie : 04/04/2012
Note FilmDeCulte : ******
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1996. Rose se souvient. Elle avait 17 ans et embarquait sur le Titanic…

« LE PLUS BEAU MÉLODRAME DU MONDE »

Oublions la 3D. Très bien faite, très jolie, elle offre surtout la possibilité de redécouvrir Titanic sur grand écran dans une copie numérique resplendissante. Car revoir le film quatorze ans après, loin des polémiques et des idées pré-conçues, c’est d’abord être frappé par son incroyable simplicité, son incroyable pureté. Loin des modes, James Cameron est allé pondre un authentique mélodrame dans sa forme la plus classique et la plus éloquente. Ce qui frappe, c’est la totale absence de cynisme qui parcourt le film, mais aussi sa lucidité vis à vis de son parti-pris. Titanic est un pur film de croyance dans le cinéma; il ne pouvait de toute façon pas en être autrement : comment aborder un sujet aussi clairement éculé, aussi cliché et attendu, si ce n’est en y croyant soi-même de tout son être. C’est tout le pari du chef-d’œuvre de James Cameron : joindre intimement le spectaculaire et le secret. Certes, Titanic est parfois légèrement grossier dans ses dialogues ou ses caractérisations mais, malgré tout, n’ayons pas peur des lieux communs : l’histoire d’amour entre Rose et Jack, et la manière dont Cameron nous la montre, est d’une grâce, d’une beauté et d’une sensibilité effarantes. Et autour de ce canevas simple traité avec humilité (sans second degré, sans ironie, sans distanciation), Cameron brode un Titanic aux plusieurs niveaux de lecture : exploration presque caricaturale des thèmes qui l’obsèdent; leçon de mise en scène et d’intelligence; et surtout film incroyablement sensitif.

DIEU EN PERSONNE…

Titanic, c’est avant tout le film cameronien par excellence. Si le cinéaste quitte de manière assez abrupte son univers de prédilection à base de robots et d’extraterrestres, c’est pour mieux en explorer l’essence. Car tous les films de Cameron parlent de la même chose : l’homme face à son ambition démesurée d’apprenti-sorcier, l’homme face à la machine et l’usage qu’il choisit d’en faire, et l’homme face à sa condition sociale et les moyens de s’en libérer. Titanic est, thématiquement, l’équivalent de Terminator 2 ou d'Abyss. La confiance aveugle en la technologie, que ce soit celle de 1912 ou de 2029, ne peut que mener l’homme à sa perte : le Titanic est insubmersible, qu’y a-t-il donc à craindre ? Au milieu de cette société arrogante qui, sans le savoir, vit ses dernières heures, voici Rose, étouffée par sa condition sociale, et qui va trouver en Jack un catalyseur, un révélateur qui va lui permettre de naître à elle-même, exactement comme Kyle le faisait pour Sarah Connor. Telle la fleur qui lui donne son nom, Rose va éclore. Toute l’œuvre de Cameron est dans Titanic. La sensibilité et la force avec laquelle il met en scène la naissance à soi de Kate Winslet rend le dernier acte du film inoubliable.

TROIS DIMENSIONS

Titanic n’est pas un film roublard, ni même un film particulièrement malin. Au contraire, ce qui frappe serait plutôt la simplicité de l’ensemble. Dans sa réalisation, Cameron va au bout de la mise en scène « invisible ». Contrairement à un Spielberg ou un Zemeckis, Cameron a presque toujours refusé le plan impossible ou les partis-pris de mise en scène trop voyants. À aucun moment il ne laisse la caméra faire savoir qu’elle est là. Ce choix s’insère dans la démarche premier degré de Cameron : tout est spectaculaire, tout est beau à voir, mais rien n’est là pour être vu, comme l’écrivait Le Monde à la sortie du film. Mais qui dit simple ne dit pas con, et tout est résumé dans l’idée géniale de montrer le naufrage dès les premières minutes du film; certes pas dans sa version « réelle » avec force effets, mais justement sous la forme d’une prévisualisation numérique sommaire qui explique brièvement les raisons de la catastrophe. Tout de suite, Cameron assume le fait qu’il nous donne à voir un film à effets spéciaux. Et en accentuant volontairement le côté cru et désincarné de cette première vision du naufrage, clou du film !, Cameron le désamorce. Vous vouliez le naufrage ? Eh bien le voilà. Tout le reste du métrage sera désormais consacré à redonner vie, à redonner chair, et donc à redonner un sens à ce qui n’est dans l’esprit des gens qu’une statistique.

LA VÉRITÉ SANS LOGIQUE

Car c’est de chair qu’il est question dans Titanic, comme toujours chez Cameron. Titanic, tout au long de ses 3h14, s’avère un film hollywoodien incroyablement sensitif. Comme l’écrivait Alexandre Tylski dans son remarquable essai Le corps dans Titanic, le film est entièrement parcouru de liens cachés, sensibles, entre des figures, des motifs, même des textures. C’est l’aspect sans doute le moins visible au premier abord, mais c’est bien lui qui confère au film sa force tactile et émotive. Dans Titanic, le passé devient présent, le mort devient vivant lorsque Rose naît à elle-même, l’avancée dans le temps se fait en descendant dans les profondeurs; l’eau qui tue est aussi celle qui va donner vie au portrait de Rose ou aux tableaux de Monet qui semblent s’animer lorsque la mer les engloutit. Tout n’est finalement que correspondances. C’est dans ces moments-là, lorsque de simples idées visuelles se répondent discrètement ou que Cameron choisit de nous surprendre en tissant un lien subtil et inattendu, que le tintamarre du film-catastrophe attendu cède la place à un murmure. Et Rose peut alors s’endormir et retrouver, dans un autre monde, Jack, l’homme qui l'a fait devenir elle-même.

par Liam Engle

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