Nymphomaniac Volume 1

Nymphomaniac Volume 1
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Nymphomaniac Volume 1
De von Trier Lars
Éditeur : Potemkine
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h57
Sortie : 06/05/2014
Note du film : ****--

L’histoire poétique, drôle et tragique d’une nymphomane d’aujourd’hui, de sa naissance jusqu’à 50 ans. Blessée, battue, Joe est recueillie par le vieux Seligman et lui raconte son parcours mouvementé tout au long de la nuit…

LOVE IS BLINDNESS

Le film commence opportunément par un rappel. Il existera deux versions de Nymphomaniac. La première, de quatre heures, a été montée avec l'approbation de Lars von Trier mais sans son intervention. C'est la première partie de cette version tronquée et censurée qui a été montrée à la presse et qui sortira le premier janvier prochain. La seconde, de 5h30, non censurée, elle, est celle souhaitée par le démiurge danois. Elle sera exploitée commercialement dans un deuxième temps, après un passage espéré dans un grand festival (Berlin, Cannes ?) courant 2014. Cette mise au point est nécessaire: le film dans sa version courte et censurée a des qualités et des défauts que la version longue n'aura peut-être pas. Le spectateur fan de l’œuvre de Lars von Trier est ainsi prévenu. L'auteur de ses lignes attendra désormais la deuxième partie du Director's Cut pour connaitre la fin de l'histoire de Joe.

LE JEU DE LA SÉDUCTION

L'ouverture est magistrale. Dans une ruelle sombre où la caméra glisse sur les murs suintants, une jeune femme gît, le visage tuméfié. Elle est recueillie par un homme d'âge mûr qui lui sert un thé au lait accompagné d'une part de gâteau traditionnel juif. Un délicieux jeu pervers débute. Joe raconte sa vie sexuelle de A jusqu'à Z au gentil monsieur érudit. Double évident du cinéaste quand il manie le fameux humour danois pour régler quelques comptes, il semble éprouver une sincère tendresse pour la jeune femme. La connaissait-il auparavant ? Est-ce là un jeu entre deux amants pour mieux manipuler les témoins que nous sommes ? Le film lance de nombreuses pistes et s'avère plus ludique qu'érotique - c'est peut-être là sa principale limite, surtout que le marketing a beaucoup insisté sur l'aspect sulfureux du projet. Appelons un chat un chat, une bite une bite. La première partie de Nymphomaniac version censurée parle plus de sexualité qu'il en montre réellement. Une fellation, une pénétration non simulée, le corps dénudé de la sublime Stacy Martin et c'est tout. Le cinéma plus fort que You Porn? On attendra la version non censurée pour juger...

POST COITUM ANIMAL TRISTE

Depuis Antichrist et le prix de la misogynie décerné à Cannes par Radu Mihaileanu, la cause est entendue pour les détracteurs et les critiques hipsters. Lars von Trier n'aimerait ni les femmes ni les actrices et qu'importe si film après film il leur offre les plus beaux rôles du cinéma contemporain... Nymphomaniac n'est pas le journal d'une salope que certains ne manqueront pas de fantasmer, mais le récit d'une femme qui a décidé de faire de son corps une arme de séduction massive. Le réalisateur de Dogville ne prend jamais son héroïne de haut. Il ne traite jamais son appétit sexuel comme une pathologie, bien au contraire. Les hommes sont (presque) tous orgueilleux, lâches, arrogants, stupides. Les femmes règnent, astres solitaires plongées dans une profonde mélancolie. Le meilleur de Nymphomaniac tient d'ailleurs dans les scènes dépourvues d'enjeux sexuels - quand un père apprend à sa fille l'histoire des arbres, ou que l'on entre dans une curieuse secte anti-amour.

Lars von Trier reste un metteur en scène d'exception. Chaque chapitre comporte au moins une scène ou un plan qui nous laisse pantois d'admiration, comme le sidérant split-screen final sur du Jean-Sébastien Bach, ou le plan d'une larme de mouille qui coule sur une cuisse. Pourquoi affleure alors ce sentiment de frustration? Le montage proposé nous a paru trop rapide et démonstratif. Loin de provoquer l'excitation, la scène du train du premier chapitre manquait, par exemple, en l'état, de puissance et d'exaltation, comme si on dégustait un grand plat non assaisonné, comme s'il manquait ce qui fait la substance même du cinéma de l'auteur des Idiots, ce sentiment d'inéluctabilité de cette trajectoire doloriste du personnage principal. Imaginez le meurtre de Psychose sans la scène de l'arrivée au motel, la scène de l'attaque du tyrannosaure dans Jurassic Park sans la présentation du parc. Le doigt ainsi appuyé sur la touche accéléré, le film perd de sa force, le propos de son mordant. Mais le diable est toujours là, prêt à sortir de sa boîte...

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par Yannick Vély

Bonus

Une femme, un homme. Deux personnages, deux visions du film.

Entretien d’une dizaine de minutes tout d’abord avec la belle Stacy Martin qui joue le rôle de Joe. Des questions assez attendues et plus ou moins intéressantes voire parfois répétitives telles que Comment décririez-vous le personnage de Joe? Quand est-ce que Joe découvre qu’elle est accro au sexe? Pourriez-vous décrire la façon de diriger de Lars? Comment c’était de voir des scènes de sexe? Etc… On sent la jeune femme assez gênée lorsqu’elle répond aux questions portant sur le sexe de manière générale. On apprend donc que oui toutes les scènes de sexe sont doublées par des professionnels, que tout cela n’est que du montage, que Stacy n’aime pas le porno, mais que jouer avec Lars est un réel bonheur et honneur.

Vient le tour de notre cher Shia LaBeouf dont l’interview dure une minute de moins que sa partenaire de film, à qui il manque une dent du bas, petit détail qui peut être perturbant par instants. En ce qui concerne ses questions, elles sont essentiellement centrées sur le projet du film, ce qu’il attendait de sa collaboration avec Lars, comment a t-il eu le rôle, mais aussi sur son admiration pour Lars Von Trier, ce qu’il pensait de lui avant de faire le film et sa vision du personnage de Jérôme qu’il juge de “type vraiment puant comme Alec Baldwin dans Glengarry”… comparaison plutôt pas mal trouvée.

Bref, deux bonus n’apportant pas grand-chose au film.

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