Ni pour ni contre (bien au contraire)
De Klapisch Cédric
Éditeur : Opening
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 01/01/2003
Caty, une jeune fille ordinaire et introvertie, va faire la rencontre d’une bande de braqueurs parisiens. A leurs côtés, elle va progressivement s’émanciper, pour finalement accepter de leur prêter main forte au cours d’un braquage périlleux.
TU SAIS CE QU'IL DIT BARRY WHITE?
L’équipe Klapisch, c’est avant tout un gang bien rodé, spécialisé dans la comédie. Lorsqu’elle tente un braquage au box-office, ça peut rapporter très gros (L’Auberge espagnole, Un Air de famille). Pour préparer les coups dès le scénario, Klapisch, quand il n’opère pas tout seul (Chacun cherche son chat), s’entoure de ses fidèles lieutenants Santiago Amigorena et Alexis Galmot (Le Péril jeune, Peut-être et celui-ci). Pour une organisation aussi bien structurée, deux épées de Damoclès menacent constamment de frapper: la répétition tout d'abord, le risque de calquer les prochains films sur les réussites précédentes et par conséquent d'affaiblir le résultat, et le changement de style, de technique, qui pourrait les faire se disperser. Avec l’échec de Peut-être, son essai anti-conformiste sur la science-fiction (et malgré le caractère hautement sympathique de l’œuvre), Klapisch a compris son erreur, et a découvert du même coup son statut - qu’il n’espère pas indélébile - de réalisateur de comédie. Ni pour ni contre démontre donc une nouvelle tentative de réaliser un film de genre, à l’exception cette fois que Klapisch respecte les codes et conventions au lieu de les détourner. Après la science-fiction, il choisit donc le policier, s’appuyant sur un prestigieux patrimoine français et américain, hérité de Melville, Verneuil, Lautner, Becker, Huston et plus récemment Scorsese. En un sens, le film est une réussite. Klapisch a réussi à digérer toutes ces références, à tirer les bonnes leçons cinématographiques de ses pairs, et en même temps, à conserver son originalité. Au cœur d’un cinéma français actuel riche en tentatives de films de genre, mais bien pauvre en réussites, il est légitime d’avouer qu’il a réussi à se démarquer.
Mais le film en lui-même, malheureusement, n'est pas irréprochable. Déchiré en deux parties bien distinctes, une de comédie et une autre de polar, Ni pour ni contre procure le sentiment d’une amère déception. Dans un premier temps, Klapisch s’applique avec efficacité, et un certain humour, à présenter ses personnages. De manière certes appuyée, mais tout à fait satisfaisante, il dresse un portrait mi-sympathique mi-dangereux de la bande de gangsters parisiens, qui n’est ni plus ni moins qu’une joyeuse bande de copains bien décidés à aller chercher l’argent où il se trouve, avec l’arme au poing et la réplique cinglante, si besoin est. Un traitement nourri de clichés inévitables, qui se veut réaliste mais qui tombe très vite dans l’exagéré, parfois même à la limite du sordide. La bande à Elbaz balance sans cesse entre le professionnalisme appliqué et l’amateurisme le plus complet, entre l’humour burlesque et le sérieux grotesque, procurant une sensation d’incohérence et de caractérisation négligée. La deuxième partie reste la plus décevante, remplie d’éléments déjà vus et mal intégrés, le tout encadré d’une technique à l’aspect discutable, comme une lumière exagérément colorée de vert et de jaune, une partition redondante et des choix de montage pour le moins curieux (notamment un montage alterné d'assez mauvais goût). Klapisch réalisateur s’en sort très bien, à l'instar du Klapisch directeur d’acteurs, toujours aussi excellent, à l’image des très convaincantes interprétations de Zinedine Soualem, Marie Gillain, Vincent Elbaz, et surtout Simon Abkarian. En somme, Ni pour ni contre n’est ni bon ni mauvais, et restera une belle tentative dans un genre plus que jamais à l'abandon. Pas le grand polar que l'on attendait, mais une sympathique comédie dramatique. Ce qui n’entache en rien le talent de son réalisateur, que l’on souhaite pour ses prochains films encore un peu plus audacieux.
Bonus
La classe... Les menus de cette édition collector (2 DVD) accueillent en musique et impressionnent d’entrée par leur beauté visuelle (et leur maestria technique). Interactivité superbe, musique envoûtante, animation réussie, chapitrage ingénieux, et Mr Klapisch en personne qui vous reçoit, sourire aux lèvres, dans une petite présentation introductive d’un peu moins de 4 minutes (non imposée). Il y développe rapidement ses ambitions, ses thématiques et ses premières impressions à chaud. Le film compte visiblement beaucoup pour lui, aussi bien formellement que sur le fond (essai de film de genre), et il le considère d’ores et déjà comme étant son plus abouti visuellement. Le DVD contient une piste 5.1 et une autre en DTS, par contre les malentendants sont une fois de plus oubliés, puisque aucun sous-titrage français n’est présent (il faut que cela devienne un automatisme!). Niveau image, là rien à dire, le film jouit d’un transfert somptueux.
Après avoir vu le film, et tout en installant la deuxième galette dans le lecteur DVD, vous pourrez feuilleter la très sympathique surprise offerte avec le coffret: un livret contenant une trentaine de photos des 6 films précédents du réalisateur. Les photos sont déjà de beaux souvenirs (même si ce sont des images tirées du film et non des photos de plateau, ce qui aurait été plus appréciable), mais le tout est égayé de l’écriture manuscrite de Klapisch lui-même, qui a tenu à annoter chacune d’entre elles d’une petite pensée ou anecdote sur le film en question. Une charmante attention marketing, originale et bien sentie, qui s’inscrit parfaitement dans la terminologie "collector" bien trop souvent galvaudée.
Comme on commence à en prendre l’habitude avec le cinéaste, les éditions DVD du bonhomme sont de plus en plus soignées (Peut-être et L’Auberge espagnole). Klapisch propose un lot de scènes coupées (6 au total, contenant pour certaines d’excellentes répliques passées sous silence), toutes abondamment commentées. Un intéressant making of d’une bonne vingtaine de minutes (non promotionnel) et une superbe galerie photo (signée Jérôme Plon, le photographe de plateau attitré de Klapisch) viennent s’ajouter aux bonus. Ce dernier supplément, sorte de diaporama aiguisé de 7 minutes (qui passent trop vite, sur la très belle musique du film), est un véritable récit chronologique de l’histoire (certains clichés sont magnifiques) à voir absolument défiler au moins une fois. Joignons ici et là quelques bandes-annonces et des filmographies complètes, et nous obtenons une très belle édition, respectueuse du film autant que de ses fans. Un sans faute.
Peter Dourountzis
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Interactivité :
La classe... Les menus de cette édition collector (2 DVD) accueillent en musique et impressionnent d’entrée par leur beauté visuelle (et leur maestria technique). Interactivité superbe, musique envoûtante, animation réussie, chapitrage ingénieux, et Mr Klapisch en personne qui vous reçoit, sourire aux lèvres, dans une petite présentation introductive d’un peu moins de 4 minutes (non imposée). Il y développe rapidement ses ambitions, ses thématiques et ses premières impressions à chaud. Le film compte visiblement beaucoup pour lui, aussi bien formellement que sur le fond (essai de film de genre), et il le considère d’ores et déjà comme étant son plus abouti visuellement. Le DVD contient une piste 5.1 et une autre en DTS, par contre les malentendants sont une fois de plus oubliés, puisque aucun sous-titrage français n’est présent (il faut que cela devienne un automatisme!). Niveau image, là rien à dire, le film jouit d’un transfert somptueux.
Après avoir vu le film, et tout en installant la deuxième galette dans le lecteur DVD, vous pourrez feuilleter la très sympathique surprise offerte avec le coffret: un livret contenant une trentaine de photos des 6 films précédents du réalisateur. Les photos sont déjà de beaux souvenirs (même si ce sont des images tirées du film et non des photos de plateau, ce qui aurait été plus appréciable), mais le tout est égayé de l’écriture manuscrite de Klapisch lui-même, qui a tenu à annoter chacune d’entre elles d’une petite pensée ou anecdote sur le film en question. Une charmante attention marketing, originale et bien sentie, qui s’inscrit parfaitement dans la terminologie "collector" bien trop souvent galvaudée.
Comme on commence à en prendre l’habitude avec le cinéaste, les éditions DVD du bonhomme sont de plus en plus soignées (Peut-être et L’Auberge espagnole). Klapisch propose un lot de scènes coupées (6 au total, contenant pour certaines d’excellentes répliques passées sous silence), toutes abondamment commentées. Un intéressant making of d’une bonne vingtaine de minutes (non promotionnel) et une superbe galerie photo (signée Jérôme Plon, le photographe de plateau attitré de Klapisch) viennent s’ajouter aux bonus. Ce dernier supplément, sorte de diaporama aiguisé de 7 minutes (qui passent trop vite, sur la très belle musique du film), est un véritable récit chronologique de l’histoire (certains clichés sont magnifiques) à voir absolument défiler au moins une fois. Joignons ici et là quelques bandes-annonces et des filmographies complètes, et nous obtenons une très belle édition, respectueuse du film autant que de ses fans. Un sans faute.
Peter Dourountzis