Cédric Klapisch

Cédric Klapisch
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Réalisateur, Scénario

Cédric Klapisch est né le 4 septembre 1961, à Neuilly sur Seine. Il est donc de la génération juste avant 68. Il prend rapidement conscience d’avoir manqué les événements, les révoltes estudiantines et les amourettes légères, et développe un cynisme et un humour noir sur le sujet, mêlés d’une sincère mélancolie (que l’on retrouve aussi bien dans Le Péril jeune que dans L’Auberge espagnole).

Après avoir passé son bac, ce n'est pas dans le cinéma mais dans la philosophie qu'il tente sa chance. Hypokhâgne, khâgne, avant de renoncer finalement, au profit de sa grande passion. Il s'essaie au concours d'entrée de l'IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques, aujourd’hui devenu la FEMIS), où il n'est pas reçu. Légèrement refroidi, il s’inscrit à l’université de Paris III pour y poursuivre un nouveau cursus. Il en ressortira avec une maîtrise de cinéma. Persévérant, il retente le concours d'entrée à l'IDHEC, mais échoue une nouvelle fois. Tout comme Luc Besson, autre rejeté de la prestigieuse école, on lui reproche un goût trop prononcé pour le cinéma américain. Qu'à cela ne tienne, il part donc aux Etats-Unis s’abreuver de connaissances, et étudie le cinéma à l'Université de New York. Klapisch se souvient: "Les mecs de l’Idhec n'ont pas voulu de moi, et je les en remercie encore, parce que j'ai découvert autre chose. A New York, tout a été enrichissant pour moi, autant l'école que l'expérience en elle-même. J'ai appris la technique, la direction d'acteurs, l'esthétisme... Et j'ai compris que la technique pouvait amener la poésie, qu'il n'y avait pas d'opposition entre les deux". Sur les talons de Jim Jarmush et de Spike Lee, encore de sombres inconnus à l’époque, et eux aussi élèves de l’université, Klapisch poursuit ses rêves de cinéma. C'est là-bas qu'il sera chef opérateur sur plusieurs courts métrages, avant de réaliser les siens. Premier essai en 1984 avec Glamour toujours, puis il tournera la même année Un, deux, trois, mambo et Jack le menteur.

Mais c'est en 1989 que Klapisch fait parler de lui avec un nouveau court-métrage de vingt-deux minutes, Ce qui me meut, qui recevra plusieurs prix dans différents festivals. L’histoire est originale: grâce à un mystérieux Cédric Klapisch qui aurait retrouvé les images d'archives qui constituent le film, on sait enfin tout sur la vie et l’œuvre de Jules-Etienne Marey, inventeur du chronophotographe et précurseur du cinématographe. Un faux documentaire sur le mode des premières actualités Pathé, joyeux mélange d'inventions pures et de détails véridiques. Tout comme Peter Jackson bien des années plus tard avec son Forgotten Silver, Klapisch s’amuse avec la technique et témoigne d’un côté de sa personnalité, à la fois irrévérencieux et merveilleux-amer. "Ce qui me meut" deviendra plus tard le nom de sa maison de production, en collaboration avec Bruno Lévy. En 1992, Cédric Klapisch passe au long-métrage, avec Riens du tout, une comédie sur les déboires d'un patron d'entreprise, où l’on peut redécouvrir un certain Fabrice Luchini. Le film fait un peu parler de lui, et la presse est relativement élogieuse.

L'année d'après, Arte lui passe une commande de long-métrage pour une série de téléfilms sur la jeunesse (thème qui, plus tard, apparaîtra comme récurrent dans ses films). Il accepte. Le Péril jeune est tourné en budget réduit avec de jeunes comédiens inconnus, parmi lesquels feront carrière Romain Duris et Vincent Elbaz. Deux ans après la diffusion télé, le film bénéficie d'une sortie en salles, et rencontre un joli succès, tant critique que public. Avant d’enchaîner sur le tournage d'un troisième long-métrage, Cédric Klapisch fait une pause en période "parlons du SIDA", et réalise trois court-métrages en 1994. Les deux premiers, La Chambre et Le Poisson rouge, sont pour la série 3 000 scénarios contre un virus, et abordent aussi bien le tabou du préservatif que les détails concrets de son application sur le pénis. Le troisième court-métrage, un porno de huit minutes pour Canal +, lui a valu les foudres de quelques personnages bien pensants. Pourtant, Le Ramoneur des lilas se révèle tout aussi didactique que les deux courts précédents, si ce n’est même plus, sur l’éternel problème de la pose du préservatif. On y voit Zinedine Soualem apprendre beaucoup des mains expertes de la star brésilienne Olivia del Rio…

C'est en 1996 qu'il repasse au long-métrage, avec Chacun cherche son chat, comédie sur le quartier de la Bastille, à Paris. Le film marche assez bien, et attire l'attention d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Après avoir assisté à une représentation de leur pièce de théâtre intitulée Un air de famille, Cédric Klapisch rencontre Bacri & Jaoui qui lui proposent de mettre en scène le film adapté de la pièce. Enchanté, Cédric Klapisch accepte. La même année sort donc Un air de famille le film, tourné rapidement, avec comme interprètes le couple de scénaristes, mais également les excellents Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin et Wladimir Yordanoff. Le film connaît un énorme succès, et reçoit le César du meilleur scénario. Si ses quatre premiers films ont permis à Cédric Klapisch de se faire connaître dans le monde du cinéma, il n’en est pas pour autant libre de réaliser ce qu’il désire. Son projet de science-fiction intitulé Peut être traîne les pieds. Le scénario et le coût du film font peur aux producteurs. C'est donc aux Etats-Unis qu'il cherche et trouve le financement de son film d'anticipation! En effet, il réussit à faire produire un film français à la Warner Bros… Jean-Paul Belmondo, Romain Duris, Emmanuelle Devos, Géraldine Pailhas et Vincent Elbaz, un très beau casting pourtant boudé par le public. Les critiques sont sévères, ne supportant que très peu l’audace du projet et le changement de ton du cinéaste.

Alors qu'il écrit son nouveau film, un policier, Cédric Klapisch décide de réaliser L'Auberge espagnole, comédie sur les déboires d'un jeune Français qui part finir ses études en Espagne, inspirée de ses souvenirs personnels en faculté de New York. Pour incarner Xavier, il rappelle Romain Duris, son alter ego, son Robert De Niro à lui, avec lequel il a déjà travaillé quatre fois. D’ailleurs Klapisch est très fidèle dans le travail, outre sa collaboration avec ses sincères et dévoués scénaristes (et amis de lycée) et techniciens de plateau, il reste le premier fan assidu et indécrottable des comédiens Soualem, Abkarian, Elbaz et Duris, qu'il convie aussi bien pour des premiers rôles que pour de petits apparitions. Féru de technologie, Klapisch transforme L’Auberge espagnole en première mondiale: le tournage s’effectue en caméra HD numérique, innovation simultanée avec le Star Wars Episode II de George Lucas… A la clé, un énorme succès, si évident qu’on en oublierait presque qu’il était imprévisible. Le film sans prétention peut encore faire recette.Après un passage au cinéma de genre pas totalement abouti, Ni pour, ni contre... bien au contraire, Klapisch est revenu à la comédie de moeurs pour la suite des aventures de Xavier. Un héros généreux à son image, tour à tour sympathique, divertissant, sentimental et observateur. Un regard essentiel qu’il porte constamment sur notre société, sautant de génération en génération, dans le seul but de divertir.

par Yannick Vély

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2002 Ni pour, ni contre (bien au contraire) 2001 L'Auberge espagnole 1999 Peut-être 1996 Un Air de famille 1995 Chacun cherche son chat 1994 Le Péril jeune 1992 Riens du tout

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