Lovely Bones
De Jackson Peter
Éditeur : Warner Home Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h50
Sortie : 10/06/2010
Susie Salmon est une jeune fille de 14 ans vivant dans une petite ville tranquille de Pennsylvanie. Sa vie semble heureuse et normale jusqu'au jour où un homme du voisinage la viole et la tue. Du haut de son paradis, elle regarde les conséquences de son meurtre auprès de sa famille.
LES OS SOUS LA PEAU
Après s'être jeté dans l'épique et le grandiose avec la trilogie du Seigneur des anneaux et King Kong, Peter Jackson rêvait de revenir a un genre plus posé, moins complexe à mettre en œuvre. En acquérant les droits de The Lovely Bones, il tenait là l'occasion rêvée pour créer un drame à la fois plus simple, mais toujours teinté du surnaturel qui accompagne l'ensemble de sa filmographie. L'histoire d'une jeune fille de 14 ans violée et assassinée observant ses proches et son meurtrier depuis son au-delà baroque avait d'évidentes réminiscences de Créatures célestes. Continuité dans la rupture, à la fois violemment jacksonien mais indéniablement nouveau, The Lovely Bones respire la volonté de se réinventer en douceur après un marathon de près de dix ans à tourner quatre immenses blockbusters exténuants. Les motifs du film paraissent familiers, mais semblent également nouveaux, comme éclairés sous un jour différent. Symboliquement, afin de sceller cette métamorphose dans le monde réel, le réalisateur a décidé d'être infidèle pour la première fois à sa Nouvelle-Zélande natale, en tournant en partie son film aux États-Unis. Car cette fois, Peter Jackson veut s'essayer à quelque chose qu'il n'avait jamais vraiment fait avant. Après le gore, le drame ou le fantastique pur, il s'attaque au thriller mixé avec des bouts de ses œuvres précédentes, cherchant à construire ses personnages autrement, petit à petit, torturés par le chagrin, le doute ou la culpabilité. On le voit donc s'essayant à réinventer son art de la narration en s'inspirant librement du roman original, l'utilisant comme un vague guide afin de se rapproprier l'histoire.
THE LORD OF THE BONES
Du roman d'Alice Sebold, parfaitement anti-spectaculaire et sans climax, Peter Jackson et ses deux compères scénaristes sont parvenus à tirer une histoire tendue, carrée, recentrant l'intrigue sur la cellule familiale et le meurtrier, se débarrassant de la plupart des personnages périphériques. Et sur ce canevas, le réalisateur néo-zélandais promène une caméra libérée, sûre d'elle, propice à de nombreuses expérimentations comme autant d'opportunités pour chercher de nouvelles voies narratives. Même les scènes du paradis de Susie, malheureusement le gros point faible du film - alors qu'il s'agit de l'axe principal de l'originalité du roman - parviennent à offrir des images fortes et originales, à l'instar de la séquence des bateaux dans leurs bouteilles, brisées par un père submergé de chagrin, s'échouant et se brisant sur le rivage de l'univers post-mortem de Susie. Malheureusement, ces séquences oniriques souffrent d'un excès de kitsch qui, s'il peut être en partie expliqué – le paradis est le reflet de celui qui y habite, ici une fillette de 14 ans fascinée par ce qui brille – ne semble pas être tout le temps assumé, virant par moment vers le cliché de la pub pour parfum dans les champs de blé avec soleil aveuglant et musique éthérée. Mais Jackson se rattrape sans problème avec les scènes de pur thriller, se faisant visiblement plaisir à filmer le jeu du prédateur dans l'ombre, obsédé par ses victimes et campé par un Stanley Tucci métamorphosé. Il ne fait aucun doute que The Lovely Bones divisera. Certains seront rebutés par le kitsch et les bons sentiments en abondance alors que d'autres se jetteront avec délice dans l'expérimentation débridée mêlant intelligemment fantastique, thriller et drame. Œuvre à part et pourtant parfaitement cohérente dans la filmographie de Peter Jackson, The Lovely Bones mérite d'être découvert en prenant quelques petites précautions.