Direktor (Le)
De von Trier Lars
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h40
Sortie : 10/10/2007
Le propriétaire d’une société d’informatique décide de vendre son entreprise. Mais il y a un petit problème. A l’époque ou il a créé sa société, il s’est inventé un directeur fictif derrière qui s’abriter pour prendre les décisions impopulaires. Comme les acheteurs potentiels insistent pour conclure le deal avec le directeur en personne, le propriétaire décide d’embaucher un acteur au chômage pour jouer le rôle de directeur. L’acteur va découvrir qu’il est un pion dans une histoire qui va mettre son (manque de) sens moral à rude épreuve.
C’EST LUNDI, C’EST GAMBINI
Juste une parenthèse. Après les deux premiers volets de sa trilogie consacrée à l’Amérique - Dogville et Manderlay-, le génial cinéaste danois Lars von Trier s’offre une petite récréation créative avec Le Direktor, farce absurde sur le monde de l’entreprise. Le point de départ est malin et affreusement contemporain. Pour éviter d’incarner le monstre capitaliste qu’est un directeur d’entreprise, Ravn choisit de payer un acteur pour que celui-ci prenne les risques physiques à sa place. Le directeur de tout (vous pouvez remplacer le terme par fonds de pension américain si vous voulez coller à l’actualité) devient rapidement l’objet du ressentiment des employés de la start-up. Et l’automne social sera lourd en Scandinavie… Féru d’expérimentation radicale, Lars von Trier a confié le choix des cadres et des lumières à un logiciel informatique, l’Automavision, à moins que ce soit un nouveau coup de bluff du créateur du Dogme. Même si Le Direktor peut paraître anecdotique dans sa riche filmographie, son humour à froid fait toujours mouche. Après s’être payé les Suédois dans L’Hôpital et ses fantômes, LVT s’offre ses voisins islandais avec une férocité hilarante et permet à son vieux compère comédien Jens Albinus d’interpréter un nouveau personnage haut en couleurs huit ans après Les Idiots.
Bonus
Petite récréation dans l’œuvre du danois Lars Von Trier, Le Direktor bénéficie d’une édition quatre étoiles ! Bien que réduite (les bonus mis bout à bout d’excèdent pas une heure), l’interactivité propose plusieurs modules absolument passionnants, accessibles via des menus aussi ludiques que jolis. Les interviews proposées sont pleines d’humour, notamment celles des acteurs : entrecoupés d’images du film, les entretiens sont réalisés par un journaliste vite dépassé par les réponses de ses acteurs. Ceux-ci s’engueulent devant lui, le charrient, ironisent sur leur rôle (les dialogues avec le singe), ou sur leur personnalité. Pas forcément essentiel, ce module permet d’imaginer l’ambiance qui régnait sur le plateau.
L’interview qui suit est consacrée au metteur en scène. Celui-ci livre quelques détails sur le choix des ses films, mais aussi et surtout sur la technique qu’il adopte pour diriger les acteurs, alternant la méchanceté et la gentillesse, à regret. Les anecdotes racontées sont savoureuses, notamment celle où il explique qu’il souhaitait inventer un personnage de producteur salaud, afin de lui mettre tout sur le dos et de passer auprès des acteurs pour le type bien !
Ces interviews sont suivies d’un court documentaire sur la technique de l’automavision (système informatique qui laisse à l’ordinateur le soin de choisir aléatoirement les angles de caméra), dans lequel le cinéaste explique son choix. Les acteurs reviennent sur leurs difficultés à s’adapter à ce nouveau système (la caméra peut tout à fait couper les visages, ou laisser les acteurs hors champs), et le directeur de la photo ajoute des informations techniques sur ce procédé.
En un mot, une édition légère mais absolument passionnante !