Angel
De Ozon Francois
Éditeur : Wild Side Video
Zone 2
Nombre de disques : 2
Durée : 2h07
Sortie : 27/11/2007
En Angleterre, au début du XXe siècle, l’ascension fulgurante de la jeune Angel Deverell, écrivain prodige à qui tout sourit… jusqu’à présent.
LA VIE REVEE D’ANGEL
Sarah Morton, au bord de sa Swimming Pool azurée, méditait en polar, lecture estivale et un rien vulgaire où s’entrelaçaient dangereuse séduction, énigme dans le placard et fatal transfert. Angel Everett, écrivaine elle aussi, semble sans cesse hésiter entre "la vie vécue et la vie rêvée", glissement identique des réalités qui fait de son quotidien un embellissement permanent, de la récitation au collège faisant un palais d’une épicerie, aux morts embarrassantes maquillées en flamboyants trépas. Angel est d’abord raconté comme son héroïne conçoit la littérature: une succession d’envolées transies, une boursouflure Harlequin gorgée de plumes de paon, de cartes postales Lilicub aux quatre coins de la Méditerranée, et ce dès l’apparition du titre du film dans une typographie rose Barbie Cartland. Des Gouttes d’eau… à 8 femmes, on sait Ozon joueur impénitent. Angel est un nouveau terrain ouvert à toutes les libertés, où l’eau de rose pleinement assumée permet de tomber à la renverse lors d’un baiser en robe vermeille, suivi d’un pano ornant glorieusement le cadre d’un arc-en-ciel aussi exalté qu’effronté.
LA FASCINATION DU PIRE
L’ange a pourtant deux visages. Refrain maussade dans l’œuvre d’Ozon: "il n’y a pas d’amour heureux". La réussite insolente d’Angel, qui conjugue sa gloire artistique, sa vie de château et sa passion amoureuse, se doit d’être giflée par les montagnes russes d’un rise and fall classique, où l’on goûte innocemment à l’ambroisie avant de mordre la poussière sans le moindre ménagement. Dans l’œil du cyclone, Angel rappelle un peu de Romain, héros pas si aimable du Temps qui reste, mais surtout Scarlett O’Hara, délicieux choléra en froufrous virevoltants, interprétée par la nouvelle venue Romola Garai, dont l’abattage s’avère tantôt charmant, tantôt fatigant face à une Lucy Russell irréprochable. Les amours chiennes d’Ozon s’expriment davantage au premier degré dans une seconde partie qui embrasse sans honte un romanesque de robes de poupée technicolor et de temps de guerre, donnant chair au jeu et attachement à la figure ambiguë d’Angel, princesse cristal ou épouvantail d’un autre temps impitoyablement dénudé après une existence de représentation constante. Malgré d’évidents problèmes d’huile et de tempo, l’ange d’Ozon emmène ailleurs le cinéaste et ses obsessions, dans les illusions d’un jardin anglais fait de roses et de mauvaises herbes.
Bonus
D’une tonalité très sage et très classique, les bonus de Wild Side déroulent les traditionnels making-of : un document d’1h19, sans commentaire, qui suit la chronologie du film et revient sur les temps forts du tournage (d’une durée de 11 semaines), le travail des techniciens et des acteurs. On y découvre un François Ozon très directif, et une équipe attentive et studieuse. Rien de très mordant. Le making-of (26 min) reprend la trame du précédent bonus, en y insérant les témoignages d’Ozon et des interprètes principaux (Romola Garai, Sam Neill, Lucy Russell, Michael Fassbender et Charlotte Rampling). Touché par le roman original et sa réflexion sur l’art, Ozon a voulu rendre hommage à l’Angleterre victorienne et aux fresques des années 30-40. D’où le choix de tourner en anglais, avec une actrice anglaise qui se pare de la coquetterie d’une Scarlett O’Hara. Outre la galerie photos et les projets d’affiche, les bonus proposent 7 scènes coupées anecdotiques ("Tante Lottie", "Rencontre avec Esmé", "Voiture Gilbright", "Jalousie", "Poèmes de Nora", "Le retour d’Esmé", "La fin d’Angel"). La partie la plus croustillante et la plus instructive reste le commentaire audio de François Ozon.