Palmarès Gérardmer: les tops et les flops du festival

Palmarès Gérardmer: les tops et les flops du festival

Lorsque le Festival de Gérardmer naît en 1994, l'ombre du Festival d'Avoriaz auquel il a succédé plane encore. Pas facile de prendre le relais d'un festival qui a régulièrement attiré les plus grands noms du genre (cf le palmarès où l'on retrouve des films aussi marquants que Carrie, Blue Velvet, Terminator, Elephant Man, Le Cercle infernal ou Phantom of the Paradise). D'autant que les temps ont changé: les films de genre ont désormais trouvé leur place dans les "grands" festival, notamment à Cannes. Face à cette concurrence, le Festival de Gérardmer a eu ses belles, très belles, et parfois moins belles années (sans parler des terribles fautes de goût de certains jurys bien farfelus). A l'aube de la 25e édition du festival qui sera à nouveau à suivre en direct sur FilmDeCulte, retour en deux tops sur le meilleur et le pire du palmarès gérômois...

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LES FLOPS

5. The Door - Anno Saul (2010)
Après une belle série de gagnants, le Festival de Gérardmer connait un coup de mou avec ce qui restera probablement comme son vainqueur le moins remarqué, et qui va d'ailleurs passer directement par le case DTV (une première depuis Jiang Hu de Ronnie Yu, mais les raisons sont un peu différentes). L'argument fantastique est d'ailleurs presque anecdotique dans ce film dont le moteur est surtout celui du drame familial avec quelques gouttes de thriller à l'intérieur. Une espèce de fourre-tout pas affreux mais tiédasse à l'arrivée, aussitôt vu aussitôt oublié. Dommage, dans la même compétition, Moon de Duncan Jones aurait fait un gagnant de bien plus haut standing...

4. Le Loup-garou de Paris - Anthony Waller (1998)
Thierry Lhermitte avalé par une bouche d'égout. Julie Delpy qui fait, malgré elle, du saut à l'élastique sur la Tour Eiffel. Le loup-garou rôde dans la capitale, reconstituée au Luxembourg. "Cela a été la pire erreur de ma vie" commente, tout simplement, la comédienne française. Le jury, composé entre autres de Vanessa Demouy, Jan Kounen ou Bernard Werber n'est pas du tout, mais du tout d'accord puisqu'il a décidé de remettre le Grand Prix à cette fausse suite du film culte de John Landis (Le Loup-garou de Londres). La concurrence? Oh, bien peu de choses, on se souvient par exemple que Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol était également en compétition, mais celui-ci n'était probablement pas à la hauteur de ce nanar dont les effets paraissent déjà moisis à l'époque...

3. Thomas est amoureux - Pierre-Paul Renders (2001)
Qui se souvient de Cléo, l'animatrice virtuelle de Canal+, qui passe aujourd'hui pour une antiquité quelque part entre le wap et Betty White, une sorte de version sexy d'Hugo (le farfadet délirant aux côtés de Karen Cheryl) ? Le Belge Pierre-Paul Renders, en tout cas, n'a pas oublié, et livre Thomas est amoureux, qui explore les mondes virtuels et leurs mystères avec autant de trouvailles que dans un court métrage de 4 minutes. Sauf que Thomas... en compte 97. Ça n'a pas empêché le jury d'accorder le Grand Prix à ce film déjà ringardisé entre le jour du palmarès et sa sortie, cinq mois plus tard. A leur décharge, l'année était avare en concurrents: on ne voit guère que Intuitions de Sam Raimi pour faire un Grand Prix convenable.

2. Trouble - Harry Cleven (2005)
Un grand moment de trouble, effectivement, et un grand spectacle de sourcils extravaganza par un Benoît Magimel à son pire. De son thème du double maléfique, Harry Cleven (recasé depuis à la télé) ne tire qu'une nanarderie de première à la caractérisation anti-subtile jusqu'au risible, culminant lors d'une baston finale qui laisse pantois. Pantois, mais pas autant que devant le palmarès, qui accorde un Grand prix à ce trouble en carton pour n'attribuer que le prix du jury à Calvaire et à Saw. Le film, lui, est depuis retombé dans le trou noir de l'oubli.

1. Fausto 5.0 - Isidro Ortiz, Carlos Padrissa et Alex Olle (2002)
Comment, crénom de bon sang de bonsoir, une telle horreur a pu arriver? Comment Fausto 5.0, cette espèce d'adaptation ciné d'un mix entre des clips de Capella et d'Enigma, abruti par sa makina déjà périmée au bout de 3 Dance Machine, comment ce film drapé d'un verdâtre permanent digne d'un téléfilm RTL9, avec ses plans de pisse, sa déca-décadence mylène farmerienne, comment donc ce Fausto 5.0 a t-il pu remporter le Grand Prix à Gérardmer? Comment, la même année, voir des films comme Donnie Darko, L'Echine du diable, Jeepers Creepers, et se dire que cette chose mérite une récompense, suprême qui plus est? Le jury 2002, composé entre autres d'Emma de Caunes, Patrick Braoudé, Bernard Farcy, Benoît Magimel ou encore Georges Wolinski, a probablement décidé du palmarès au pierre-papier-ciseaux. On préfère ne pas envisager d'autre explication.

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LES TOPS

5. Miss Zombie - Sabu (2014)
Lors d'une édition riche en très beaux Grand Prix potentiels (de Mister Babadook à The Sacrament en passant par Dark Touch), le président Jan Kounen a fait le choix de l'audace avec cette fable féministe visuellement splendide, un conte politique qui fait une utilisation sublime du noir et blanc. Il couronne également ce qui est l'une des missions primordiales d'un festival : faire découvrir, bousculer, et ne pas proposer que les recettes du marché. On applaudit ce jury-là très fort et des deux mains.

4. Bedevilled/Blood Island - Jang Cheol-Soo (2011)
Il fallait le panache du président Dario Argento pour récompenser cet excellent challenger lors d'une des meilleures éditions récentes du festival. Bedevilled (retitré Blood Island pour son exploitation française) est un film d'horreur déroutant, là encore une fable féministe jubilatoire qui, comme dans une bonne partie du cinéma coréen, ne s'impose guère de limite. Le résultat est un exutoire jouissif et tapageur, puissant et irrévérencieux, tranchant comme une serpe.

3. Créatures célestes - Peter Jackson (1995)
1993. Le Festival d'Avoriaz baisse son rideau sur un dernier beau gagnant: Braindead de Peter Jackson. Avant qu'il ne soit starifié et oscarisé pour ses amples aventures en terre Hobbit, Jackson a accouché d'un ovni en 1995, Créatures célestes. L'amitié fusionnelle de deux jeunes filles qui s'enferment dans un monde imaginaire, jusqu'au drame. Tiré d'un fait divers, le film révèle notamment le talent de Kate Winslet, alors encore inconnue. Créatures célestes, puissant et original, est peut-être le chef d'œuvre de son auteur. Le jury présidé par John Carpenter n'a, en tout cas, pas manqué l'occasion de lui remettre un beau Grand Prix.

2. Dark Water - Hideo Nakata (2003)
En pleine mode du fantôme japonais, le jury présidé par William Friedkin récompense l'un de ses fleurons avec Dark Water, d'Hideo Nakata. Juste reconnaissance pour celui qui a initié une vague devenue mondiale, juste reconnaissance également car le film, au-delà des modes, et une perle d'horreur psychologique, réussite du fantastique comme réussite du mélodrame. Dark Water, depuis, est devenu culte, et prépare le terrain pour le gagnant de l'année suivante, 2 soeurs. Alors que Michael York, président de l'édition 2000, avait lui manqué le coche en préférant le sympathie Hypnose au chef d’œuvre Ring...

1. Scream - Wes Craven (1997)
Peut-être le plus gros coup du festival? Après des films marquants mais réalisés lors des deux précédentes décennies, Wes Craven a fait un retour surprise sur le devant de la scène avec ce slasher qui signe la résurrection d'un genre qu'on disait moribond. Gérardmer ne loupe pas le coche, sélectionne le film et celui-ci repart avec un Grand Prix largement mérité. Encore aujourd'hui, le film marche autant au second degré, grâce à un regard à la fois ironique et amoureux du genre, qu'au premier: son efficacité est restée parfaitement intacte. Il a été élu Grand Prix des Grand Prix par les internautes et festivaliers, et sera rediffusé lors de cette 25e édition anniversaire...

par Nicolas Bardot

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